Dupleix a écrit :
- un dirigeant qui écrit lui-même une œuvre philosophique sur des sujets ne concernant pas le pouvoir. Par exemple, Marc-Aurèle.
Je n'ai lu que des fragments concernant M-Aurèle.
Sont-ce des "
pensées" jetées sur papier fruits de réflexions personnelles évidement le tout non destiné à la publication ?
Etait-ce des réflexions destinées à son fils pour un rapport autre au pouvoir, pour des choix de vie (on décline) ?
Le peu que j'ai en tête montre tout de même une grande "
distanciation" (écrivons le ainsi...) entre la réflexion et les actes. Ce que nous retrouvons chez nombre de philosophes.
Citer :
Par exemple, Frédéric II (l’anti-Machiavel)...,
Un Frédéric II (quel que soit celui que vous choisissez...) : j'ai un peu de mal à le considérer comme "anti-Machiavel".
Pour le Staufen, c'est bien avant Machiavel me direz-vous mais certaines options sont -pour l'époque- déjà de la
Realpolitik ; quant au Hohenzollern, plus Machiavel, c'est difficile (je songe au conflit lors de la Succession d'Autriche, il fallait tout de même oser... N'oublions pas que le jeune roi était aux portes de la mort quant on vient lui annoncer le décès de son empereur et à la barre de la Prusse depuis trois mois - à la louche -
), à ses recherches d'alliances (on décline). Il me semble que le côté "
philosophe" ait été simplement pour les moments de détente. Idem pour Catherine II.
J'irais même jusqu'à penser qu'avoir un "
philosophe" à la Cour était une sorte de mode chez certains. Je cherche encore le côté "
éclairé" d'une M-Thérèse Ière.
A contrario, les choix de son époux comme ESERG sont éclairants sur l'humanisme dont la personne est teintée.
Citer :
Frédéric II ou Catherine II. Je ne sais pas si c’était (explicitement) le cas pour Napoléon ou Alexandre Ier par exemple.
J'ignore de quel "
philosophe" Frédéric II s'inspirait. Etait-ce dans sa politique ? Hors sa politique ? Dans son cercle intime ? Les invités étaient-ils vus comme philosophes à ce moment ? Etait-ce plutôt des conversations
au coin du feu avec des esprits un peu
transgressifs pour l'époque ; de ceux que l'on apprécie chez soi dans la mesure où ils sont vus comme
problème chez le voisin ?
Catherine II songera au servage. L'abolir, vu le contexte et la manière dont elle est parvenue au pouvoir ne pouvait que la fragiliser et aurait été totalement incompris sans compter les problèmes économiques étroitement liés mais ce sujet -alors que la souveraine appuiera une politique plus dure- a créé un sas de réflexions.
Pour l'éducation d'Alexandre et de Constantin, on peut noter des choix d'options très
éveillés pour l'époque ; bien plus avancés et réfléchis que les choix d'une M-Thérèse d'Autriche considérée comme proche de ses enfants (là encore, je suis assez étonnée de ce crédit).
Si Constantin ne sera nullement impacté par les conversations, les échanges etc. avec ses précepteurs ; c'est tout autre chose pour Alexandre. Mais entre les désirs d'un jeune tsarevich et brutalement, le pouvoir en main, le débit à ceux qui le lui ont
offert, l'effet dévastateur, le poids des responsabilités - à commencer par familiales : trois alliances à négocier -Marie, Catherine (épisode Napoléon et option George d'Oldenbourg) et Anne (épisode Napoléon) - ; des conflits ; une absence de postérité, aucun espoir d'en posséder (ce qui biaise bcp le rapport au pouvoir) etc. Les oppositions au sein de la famille - ce que ne connaitront pas un souverain prussien ou autrichien - et qui impactent énormément l'empereur ; les oppositions dans l'aristocratie, la défection d'amis proches, l'obligation de se défaire - sous la pression de la Cour - de proches conseillers ...
Ajoutons à ceci une politique intérieure tout de même bien présente. Tout ceci éteindra quelque peu le goût pour les vastes réflexions concernant un Empire ou considérer l'immensité et l'intégrer tient déjà d'une réflexion intense, de même que le rapport au religieux.
Citer :
A cet effet, on peut noter qu’il est plus pratique d’écrire après avoir exercé le pouvoir, faute de quoi on apparaît comme un cynique de la pire espèce (comme Frédéric II) ...
Je pense que les écrits ne visaient pas à être lu au-delà du cercle familial (il n'en existe pas pour Frédéric II). Je n'ai jamais lu d'écrits politiques de Frédéric II. Je ne le considère pas comme un
cynique mais comme une personne chargée d'une besogne qui est faire du mieux pour ses intérêts qui sont aussi ceux de son royaume. Rien de très spectaculaire : c'est ce que l'on attend d'un monarque.
Je pense -je dois me tromper- que c'est aussi l'éducation et des siècles de pouvoir au sein d'une même famille qui inscrivent chez une personne cette vision du pouvoir : ne pas se priver d'une opportunité quelle qu'elle soit ; quant au peuple, il doit suivre. Le souverain étant le père de ses sujets (un adulte), ses réflexions et ses choix (aidés, soutenus par des personnes choisies) sont obligatoirement
bons. Sans doute est-ce cet vision, cette foi, qui créait -chez le(s) peuple(s) une
résilience dans les après-conflits et les efforts demandés.
La foi offre un appui non négligeable à tous les niveaux (pour ceux qui la possède, pour ceux qui l'empruntent à valider tel ou tel discours).
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