Txomin a écrit :
C'est le "contribuable-actionnaire" qui profite de bas couts d'EDF avec une valorisation boursière qui intègre ce avantage. Ce n'est effectivement plus le consommateur.
Totalement faux.
Qui a profité et qui profite encore de la politique tarifaire d'eDF ?
Qui a profité :
- L'Etat en tant qu'actionnaire et aussi pour diriger la politique économique du pays. Pour maintenir certaines industries en France, on leur a vendu l'électricité à prix coûtant. En fait, au prix du combustible, investissements exclus. Donc, 4 centimes le kWh à un moment ou le français moyen payait 1 franc le même kilowatt-heure.
- Les industriels concernés et leurs ouvriers qui n'ont pas été victimes de délocalisations vers le Canada ou l'Argentine.
- Les consommateurs qui tout en râlant ont bénéficié et bénéficient encore d'une des électricités les moins chères d'Europe.
- Les industriels du complexe électronucléaire. eDF ayant eu ordre de sous-traîter l'entretien de ses centrales. L'entretien annuel de 4 réacteurs nucléaires générant les mêmes profits annuels que la construction d'un réacteur. Cela a permit le maintien en France de compétences technologiques qui ont permit l'élaboration du programme EPR que l'on compte vendre un peu partout dans le monde. A certaines périodes, c'étaient d'ailleurs ces industriels qui définissaient le prix de leur prestation puisqu'ils avaient l'oreille des ministres concernés.
Maintenant, l'Europe a imposé une certaine transparence.
Il y a donc obligation de vendre l'électricité au prix du marché. Et comme par hasard, les délocalisations dont on nous menaçait n'ont pas eu lieu. Quelques rares industriels ont eu l'intuition de ne pas quitter le marché subventionné. Entre 2000 et 2003, ils ont payé leur électricité plus chère que leurs concurrents qui étaient allé sur le marché libre. Maintenant, c'est l'inverse.
Il y a obligation de respecter des règles de transparence pour l'attribution des marchés d'entretien. Après un moment ou la direction a essayé de faire fonctionner la concurrence, au vu des résultats et pour garantir la sûreté, elle préfère signer des contrats long-terme avec des acteurs qui garantissent que la formation de leurs personnels correspondra aux exigences du nucléaire. Quand je vois le boulot qu'ont fait certaines entreprises spécialisées dans l'entretien de la chimie ou de grandes industries, j'avoue me demander pourquoi qu'il n'y a pas plus souvent des accidents type AZF ...
L'Europe aimerait que le prix de vente de l'électricité soit fixé par le marché. Mais, lorsque les USA, le Canada ou l'Angleterre avaient suivi cette voie, on avait noté quelques tendances qui ont entrainé des incidents sur le réseau, dont des black-out. Le problème est simple: ce qui est rare est cher. Quand l'électricité est abondante, elle rapporte peu. Or, la politique énergétique des divers pays était de rechercher la sécurité de l'approvisionnement de leur marché intérieur. Il y avait une sur-production qui permettait de réaliser cela. Lors de l'ouverture du marché libre, cette surproduction a entrainé une baisse des tarifs. C'était le moyen de production le moins cher qui imposait son prix et c'était le nucléaire. Donc, très peu de profits pour les autres producteurs qui ont été tous rachetés par des groupes dont une bonne part de leur production était d'origine nucléaire. Mais depuis 2003, le marché s'est inversé, du fait du manque d'investissements réels réalisés (lorsque certains groupes ont réalisés des investissements entre 1999 et 2004, il s'agissait surtout de rachats de petits producteurs) le prix de vente de l'électricité augmente. Mais, pire, on va vers un système fortement sous-producteurs garantissant des prix élevés et des bénéfices juteux pour les actionnaires. Donc, oui actuellement, le contribuable-actionnaire et l'actionnaire "tout court" y gagnent, mais les autres consommateurs (gros industriels compris) commencent à sentir le poids de la facture et certains commencent à faire des investissements qui vont leur permettre de consommer moins.
Les consommateurs qui sont restés et qui resteront sur le marché "régulés" y gagnent aussi. Mais, les "Européens" cherchent des moyens pour faire rentrer tout le monde dans le rang.
L'État a perdu un outil de régulation de la politique économique et industrielle. Des politiciens de divers pays s'en plaignent parce que ce problème est identique dans chacun des pays européens, sauf l'Espagne qui du fait de son isolement relatif est un marché à part. Mais l'Europe veut que l'on tire les lignes nécessaire à faire cesser cette particularité. Plusieurs petits pays prennent peur parce que leur marché de l'électricité est contrôlé par de grands groupes étrangers. Ainsi, la France pourrait très bien décider d'utiliser la dépendance des Belges pour imposer des choix politiques dans la controverse entre les Flamands et les Wallons (le prix politique que paierait la France si elle utilisait une telle "arme" serait catastrophique pour celle-ci, mais cela n'empêche pas certains belges d'avoir peur qu'on utilise cette "arme").
Les observateurs du marché électrique européens tirent de plus et en plus de sonnettes d'alarmes et l'on se rend compte que les "cassandres" de 1990-1995 pourraient très bien avoir raison. L'électricité a atteint 150 €/MWh la semaine dernière. C'est un prix très exceptionnel a rapprocher aux 25€ de moyenne de 2002. Les bénéfices des producteurs seront juteux, d'ailleurs cela a permit à eDF d'inventer l'avance sur bénéfices pour aider l'État à boucler son budget.
Cela montre aussi une constante des 20 ou 30 dernières années. Les USA "guident" la politique mondiale, ils mettent en place des mécanismes 10 ou 15 ans avant nous. Il se trouve que la mise en place de ces mécanismes entraine des conséquences positives ou négatives. Le temps que l'on décide d'appliquer les mêmes mesures que les USA, on pourrait en profiter pour étudier comment ils ont fait, les difficultés rencontrées et les solutions apportées éventuellement pour restreindre certains dysfonctionnement.
Or, il n'en est rien. Par exemple: tandis que nous européens nous décidions de libérer le marché de l'électricité, plusieurs états américains "renationalisaient" de fait le leur. Cela aurait du mettre la puce à l'oreille de nos décideurs...