L'excès de confiance théorique la décennie suivante fera également des dégâts.
Vézère a écrit :
La Banque Centrale Européenne a copié ses statuts sur ceux de la Bundesbank, c'est à dire que son objet est la limitation de l'inflation. (...)
L’inflation fait peur aux rentiers, aux propriétaires et aux créanciers. Il y a des gouvernements qui craignent de s'aliéner cette population, d'autres au contraire qui s'en moquent.
Exactement. Pour expliquer la chute de l'inflation, il faut aussi expliquer que cela résulte d'un choix politique. Entre l'inflation et le chômage, on a préféré choisir le chômage.
L'effet mécanique de la relation inverse entre inflation et chômage est connu depuis la courbe de Philips.
SI la BCE a copié ses statuts sur la banque allemande, la Banque de France avait aussi réglé son pas dans le pas de la Bundesbank dans les années 80 au moment de l'intensification de la construction européenne.
Pouzet a écrit :
cette connaissance de ce lien entre masse monétaire et inflation a été perdue de vue durant une bonne partie du 20° siècle en particulier sous l'influence de JM Keynes qui voyait dans la cause de l'inflation une augmentation excessive de la demande, d'ou les tentatives désastreuses en 1974 de casser la demande et la croissance par l'administration Giscard en France, ce qui n'a en rien ralentit l'inflation et a créer des bataillons de chômeurs....
A partir du milieu des années 80, ce ne fut guère mieux: la masse monétaire sous contrôle après deux dévaluations du Franc et la réévaluation du Mark, la France s'est orientée vers une politique monétaire de rigueur par les taux directeurs de plus en plus élevés, ce qui paracheva de casser la croissance. En 1985, le taux directeur passe au-dessus de l'inflation.
Dans un modèle économique désormais basé sur le crédit, la hausse ou la baisse des taux devient le véritable régulateur du prix du crédit, avec des impacts qui vont se transmettre à l'économie. Le but unique de la politique monétaire, le dogme, devient la prévention de l'inflation par les taux directeurs de la Banque de France.
Dès le milieu des années 80, cela devient le credo pour les quinze années suivantes: des taux directeurs élevés. Au prix d'une croissance faible, d'un taux de chômage grandissant, d'une dette publique gonflée et une marche forcée au pas de la Bundesbank. Il faut attendre la fin des années 90 pour avoir à nouveau des taux bas inférieurs à l'inflation et favorables à la croissance.
Cela représente un choix de priorités. Les économistes comme J.P. Fitoussi ont bien décrit cette politique monétaire excessivement rigoureuse qui a directement contribué à produire du chômage de masse.
cf:
https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2016-1-page-35.htm