Jerôme a écrit :
Les patrons se versaient des gros salaires et faisaient prendre leurs frais de vie quotidienne (voiture, essence, restaurants, chasse ...) par leur société (pas d'abus de biens sociaux en pratique). Etaient perdant les actionnaires - d'où un manque d'intérêt pour la bourse.
Là je pense que vous faites une confusion : par définition un patron non actionnaire ne peut pas faire d'abus de bien sociaux. Salaire, primes, avantages et frais, tout lui est versé par son entreprise et rentre dans son compte d'exploitation. (En revanche ils peuvent frauder le fisc en ne les déclarant pas, c'était encore courant dans les années 60, mais l'informatisation a mis fin à cette possibilité, sauf peut-être les déclarations excessives de frais, en y rajoutant des frais sans rapport avec leur activité professionnelle. Mais c'est au risque d'une dénonciation anonyme par le comptable de la boite, qui voit passer et rembourse les notes de frais : l'entretien de la maison et de la piscine, ça se voit...)
En revanche, les abus de biens sociaux étaient courants dans les entreprises familiales, lorsque les patrons-actionnaires confondaient volontiers le compte de la société avec leur propre compte en banque.
Il y a une histoire emblématique avec la collection de voitures anciennes des frères Schlumpf, qui utilisaient l'argent de leur filature pour racheter et remettre à neuf des voitures anciennes. C'est lorsque la conjoncture s'est retournée, que les ouvriers occupant l'usine sont allés voir en quoi consistait réellement cette activité, implantée dans un des bâtiments de l'usine où on ne pénétrait pas. Et ils sont tombés sur un truc fou, plusieurs centaines de voitures anciennes, dont des Bugatti retapées avec les conseils d'anciens mécanos de la marque, et sur une surface de plus d'un hectare, éclairée par des répliques des lanternes du pont Alexandre III. La caverne d'Ali Baba.
Heureuse époque où le fisc gardait un bandeau sur les yeux ! Le vieux Schlumpf n'a jamais compris pourquoi on lui avait confisqué (à titre de redressement fiscal) ce qu'il avait fait avec SON argent. Réfugié en Suisse, il a tenté et perdu une action en justice pour garder SON musée. En réalité, le bien de l'entreprise, mais ces deux patrons de droit divin ne faisaient pas la distinction.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cit%C3%A9_de_l%27automobileJe vous conseille la visite, d'autant que Mulhouse abrite aussi le musée du Chemin de Fer (une initiative de la SNCF, légale, celle-ci) pour qui aimes les voitures anciennes c'est magnifique.
Devenu "cité de l'automobile", musée publique, j'ai trouvé lors de ma dernière visite, dans les années 90, que l'Etat se montrait parcimonieux dans les nouvelles acquisitions - une F1 Renault offerte par le constructeur, quelques voitures emblématiques ayant gagné des rallyes, mais rien d'aussi remarquable que les voitures plus anciennes déjà présentes là. Il est vrai que l'état avait moins de moyens que des patrons-actionnaires prospères et tapant dans la caisse.
Qu'un abus de biens sociaux aussi colossal soit passé inaperçu en dit long sur les moeurs de l'époque...