Plantin-Moretus a écrit :
Au lieu de quoi, à Longwy, le dernier haut-fourneau a été dynamité alors qu’une association s’était créée pour sa sauvegarde et sa mise en valeur (il est encore là, couché et rouillé, car personne n’ose plus y toucher, tant le sujet est sensible), il ne reste du crassier de 120 m que des réductions en chocolat dans les pâtisseries de la ville, et l’on parle à la place de ces vestiges perdus de l’aménagement d’un improbable golf (!).
Quand j'étais môme, j'avais de la famille à Longwy et cette image du crassier est restée très nette dans ma mémoire. Sans doute en raison du sigle "SOS" qui avait été placé à son sommet ! A chaque fois, je demandais à mes parents ce que cela signifiait mais j'étais trop jeune pour comprendre.
Il me semble qu'un aspect de la liquidation de la sidérurgie lorraine est rarement abordé. En effet, cette activité ayant fait vivre des générations de Lorrains, toute une sociabilité, toute une culture s'étaient créées autour : par exemple les clubs de football ou les sociétés de musique. Il n'est pas rare que je prenne ma voiture pour m'offrir une petite balade nostalgique dans le bassin sidérurgique. Certains trouveront le sujet quelque peu anecdotique mais une image m'a toujours frappé : celle de ces bistrots aux rideaux métalliques désespérément clos dans ces rues devenues grises et tristes. Je pense au grouillement que j'aurais pu y observer, il y a quelques décennies...
Sinon, vous faites bien d'évoquer les "entreprises-voyous". Le cas Daewoo a effectivement été douloureusement ressenti. Qu'une entreprise mette la clef sous la porte faute de rentabilité, ça se comprend (et encore faudrait-il s'entendre sur ce que signifie "rentabilité" : faire un bénéfice honnête ou engraisser les actionnaires ?). En revanche, s'implanter à court terme en sachant par avance qu'on va mettre les voiles et fuir comme un voleur une fois que les exemptions fiscales arrivent à terme, comme vous dites, ça porte un nom : la razzia. Quoique là, il s'agit sans doute d'un nouveau concept encore plus vicieux : la razzia "légale" !
On voit bien les limites de la "reconversion". Ce terme m'a d'ailleurs toujours paru surprenant. En effet, pourquoi le préfixe "re" ? OK, avant la sidérurgie, il y avait l'agriculture, mais bon... Remarquez, après quelques cas comme Daewoo, on pourra vraiment parler de REconversion !
Citer :
Plus récemment, changement de cap et encouragement au tertiaire : cinéma multiplex, centre commercial géant (mais mort du petit commerce de ville), et bientôt nouvelle zone commerciale.
Je suppose que vous parlez de la région de Longwy. Car ça ressemble furieusement à ce qu'il se passe dans le sillon mosellan, entre Metz et Thionville. Etablissement d'une grosse ZAC avec comme épicentre un hypermarché dont l'enseigne est le fleuron d'une célèbre famille "nordiste" ayant, jadis, fait fortune dans le textile ; parc d'attraction saisonnier sur le thème des Schtroumpfs mais depuis racheté par le groupe Walibi ; mise en place d'un complexe de loisirs qui n'en finit pas d'enfler (salle de spectacle, multiplex, casino, piste de ski artificielle, zoo, loisirs aquatiques, etc.). Je remarque au passage que le secteur des loisirs et la grande distribution semblent s'entendre comme deux larrons en foire. Mais est-ce surprenant ? La sortie du dimanche en famille est désormais remplacée par la "sortie courses" du samedi avec, ô luxe ! le déjeuner à la cafèt' de l'hyper ! Cette situation me semble quelque peu paradoxale dans une région qui n'est pas particulièrement réputée pour être un vivier d'emplois...
PJ