Narduccio a écrit :
Tout parti, tout syndicat devient antidémocratique quand il devient unique et prétend représenter l'ensemble des membres d'un groupe.
Et pourquoi donc ne citez-vous que les partis et les syndicats ? Que pensez-vous des entreprises, par exemple ? Lorsqu'elles prétendent parler au nom des consommateurs, voire de la société dans son ensemble, alors qu'au fond, elles ne servent que les intérêts de leurs actionnaires et, indirectement, ceux de leurs salariés, est-ce que cela ne vous semble pas un peu antidémocratique, également ?
Narduccio a écrit :
Une association de défense d'un quartier dans lequel on veut installer tel ou tel grand équipement fait du lobbying quand elle fait du porte-à-porte chez les élus, quand elle leur envoi des dossiers avec leur analyse de la situation, quand elle montre qu'elle représente une part non négligeable de l'électorat d'une circonscription. C'est cela le lobbying !
Hé bien voila un bel exemple d'amalgame. Il y a une grande différence entre une association de quartier et un lobby industriel : Lorsque des citoyens se constituent en association et demandent à participer aux discussions visant à l'établissement d'un équipement public ou privé dans leur environnement immédiat, ils demandent à être associés aux décisions dont ils auront
eux-mêmes à supporter les conséquences par la suite -positives
et négatives.
Lorsque les représentants de groupes industriels présentent aux pouvoirs publics des dossiers vantant les mérites de leurs produits, le bénéfice consommateur, la création d'emplois, et j'en passe, ils cherchent à influencer des décisions dont
ils n'auront pas à supporter les conséquences négatives. D'ailleurs, rien ne les oblige à les signaler, ces conséquences négatives. Hé ! la communication, ça ne consiste pas à se tirer une balle dans le pied. N'est-ce pas ?
Cuchlainn a écrit :
Je pense que les Français associent au lobbying la part non publique de la chose, où, semble-t-il, tous les coups sont permis et notamment ce que Narduccio appelle corruption, et que c'est la raison pour laquelle ils rejettent la pratique.
Bien sûr ! Et ils ont de bonnes raisons de s'inquiéter ! Ne serait-ce que parce que cet aspect des politiques publiques est particulièrement opaque. D'ailleurs, la Commission Européenne, consciente du problème et en quête de légitimité, s'est lancée dans un grand programme de transparence qui, concrètement, devrait consister en la mise en ligne des comptes-rendus des travaux des experts. L'administration Obama a annoncé un plan du même genre de son côté.
Mais cela ne change rien au problème de fond. Pourquoi le lobbying est-il un problème pour la démocratie ? Parce qu'il correspond à une nouvelle extension des principes du marché à la sphère publique. Les politiques publiques sont alors conçues comme le résultat d'une négociation entre des intérêts divergents. Seulement, comme le veut le modèle du marché, tous les intérêts n'ont pas le même poids ni les mêmes moyens, évidemment !