Mécène a écrit :
Narduccio, j'entends mais je précise que mon sujet traite des ambiguïtés de l'article 8 et non de la lettre de démission en elle-même.
Justement. Avez-vous lu le lien d'où vient cette anecdote ? Non, vous auriez du, il y a la réponse. Le premier Premier Ministre du général voulait interpréter la Constitution dans un sens parlementarisme. Le Premier Ministre, bien que subordonné au Président menant la politique Le Premier Ministre présentant son programme aux parlement et donc étant responsable devant lui. En exigeant une lettre de démission non-datée, Charles de Gaulle a clairement montré qu'il ne l'entendait pas ainsi : le seul, le vrai patron, c'est le Président. C'est lui qui est nommé par la Nation et qui endosse la responsabilité politique de tous les actes du gouvernement. Je parle bien de responsabilité politique, pas judiciaire ou morale.
Pompidou, lorsqu'il fut Président, prétendait que le rôle du Premier Ministre était d'être un "coordinateur de la politique parlementaire". Donc, dans cette vision, le Président gouverne et le Premier ministre s'arrange pour que les parlementaires votent les lois qui sont nécessaires à la bonne gouvernance du pays. Mais, le Président n'a pas tout à fait un choix libre et illimité de son Premier Ministre. Si celui-ci ne convient pas au parlements et surtout aux partis majoritaires, les lois ne seraient pas votées et n'importe quel députés pourrait déposer des mentions de censures qui obligeraient le Président à faire un choix entre changer de gouvernement (et sûrement de Premier Ministre) ou dissoudre le parlement et convoquer de nouvelles élections législatives. Et si jamais ces élections se retournent contre lui, soit démissionner, soit accepter un Premier Ministre qui représente cette nouvelle Assemblée. Et c'est ce qui s'est passé lors des cohabitations. Ce qui était encore plus contraire à l'esprit de la Constitution voulue par de Gaule. En fait, dans sa logique, le Président aurait du démissionner et se représenter aux élections s'il désirait être toujours Président. Or, en 86, Mitterand savait qu'il perdrait, mais il était possible que le Premier Ministre issu de l'opposition soit usé par l'exercice du pouvoir. Il a fait ce pari, et il a été réélu en 88, comme on le sait.
Mais la Constitution, si elle place le Premier Ministre sous la dépendance du Président qui a la primauté, ne prend en compte que quelques cas pour son remplacement. En fait, il n'y a que 2 cas : s'il ne peut plus exercer suite à un empêchement quelconque (mort, maladie, accident, ...) ou s'il démissionne. Il n'est pas prévu par la Constitution que le Président puisse révoquer le Premier Ministre qu'il à nommé.
L'ambigüité a-t-elle été voulue par de Gaulle (et pour quelle raison,k elle ne colle pas avec sa vision de la fonction présidentielle). Michel Debré qui est l'un des rédacteurs de la constitution a-t-il manœuvré pour limiter les pouvoirs du Président. Ou bien est-ce une façon de montrer qu'on allait pas instaurer une espèce de coup d'État, mais rien n'empêche un président de nommer un premier ministre "homme de paille" ou bien sans envergure.