Pouzet a écrit :
Merci cher Cyril de ce message extraordinaire.
J'imagine que, comme beaucoup de militaires, De Gaulle a du s'inspirer des préceptes napoléoniens pour conduire la guerre, voire pour gérer la France....
Quelques réflexions sur l'art de la guerre napoléonien :
« Les chefs militaires de la Révolution, puis ceux de l’Empire, que ces idées avaient imprégnés, trouvèrent dans leur mépris du dogmatisme une bonne préparation aux succès. Il ne fut jamais question d’un corps de doctrines dans la Grande Armée. Saisir les circonstances, s’y adapter, les exploiter, telles fut la base des conceptions de Napoléon. On chercheraient en vain dans ses plans et dans ses ordres l’ombre même d’une théorie du procédé : à Austerlitz, se repliant d’abord sur un terrain choisi d’avance, s’y défendant ensuite, attaquant en fin de journée ; à Iéna, prenant l’offensive de front et l’entretenant jusqu’à ce que fut obtenue la déroute des Prussiens ; à Eylau, fixant les Russes, tandis qu’il s’efforçait de déborder leur flanc ; à Laon, à Arcis-sur-Aube, rompant le combat mal engagé ; mais excellant à adapter toujours ses conceptions aux circonstances qu’il étudiait passionnément : l’ennemi, le terrain, les distances, la personnalité de ses lieutenants, la valeur et l’état de ses troupes. »
(Le fil de l’épée)
« Faire naître l'événement, s'en ménager les moyens, en discerner le moment opportun et la forme convenable, c'est à quoi excelle le génie de Napoléon. Il y consacre les troupes d'infanterie réservées, qu'il fait appuyer par la réserve générale d'artillerie, et suivre par la grosse cavalerie dont le choc achèvera le succès.
[…]
L'Empereur, du reste, intervient en personne pour que cet effort suprême soit aussi vigoureux que possible. Il monte à cheval et paraît sur le terrain choisi, regardant passer les colonnes qui se massent pour l'attaque longeant la ligne d'artillerie, interpellant les généraux et les chefs de corps. Les grognards, en le voyant, comprennent que le grand moment est venu. Il prend place en un point d'où il puisse suivre l'opération sans délai ni intermédiaire, souvent sous le feu, tout près des batteries. Dès que les événements le lui permettent, il gagne vers l'ennemi et le fait dire. D'un bout à l'autre du champ de bataille, on répète que l'Empereur s'est porté en avant. Les courages s'exaltent, juste à point pour animer l'offensive générale, prescrite au moment même, et la fin du combat prend une tournure ardente qui favorise l'exploitation. Si le génie de l'Empereur excelle à tirer des prodiges de l'instrument dont il dispose, il se garde, jusqu'à Tilsit, de poursuivre une tâche qui excède ses moyens.
[…]
Si ses projets politiques dépassent toute mesure, il ne perd jamais, dans l'exécution militaire, le sentiment du réel. »
(La France et son armée)
Du point de vue politique, de Gaulle s‘est moins exprimé :
« Napoléon apporte un génie égal à l'art militaire et au gouvernement. Il faut convenir que cette disposition conféra maintes fois à l'effort guerrier une vigueur singulière. Mais elle eut des revers cruels. On lui doit Waterloo après Austerlitz. »
(Le fil de l’épée)