Barbetorte a écrit :
Je suis incapable de répondre à la question que vous posiez sur le décret impérial du 17 janvier 1806. Je voulais simplement réagir à la remarque de Brisbout, à mon avis caricaturale, sur la place de la femme dans la société du dix-neuvième siècle.
Mon précédent message visait à montrer brièvement justement que le poids des préjugés et des représentations sociales de la femme par les hommes du XIXe siècle ont conduits à l'exclusion politique des femmes. Il ne s'agissait en aucun cas de considérations personnelles que je me garderais bien d'exposer sur cet espace. Je fais par ailleurs une nette distinction entre droits civils dont vous avez fournis nombre d'exemples incontestables et droits politiques dont les femmes sont exclues. D'où ma réserve sur le fait que les femmes héritaient du "pouvoir politique" de leur mari lorsqu'elles se retrouvaient veuves, notamment au regard du
code civil de 1804.
Citer :
Le père de famille décédé, la veuve devenait chef de famille. Si elle disposait de la fortune requise pour être électeur, se posait alors le problème des droits civiques. En tant que propriétaire pleinement capable de gérer sa fortune, elle devait logiquement pouvoir voter. Mais en tant que femme écartée des responsabilités publiques, ce n'était tout de même pas possible. La contradiction fut résolue par la délégation du droit de vote à un de ses fils. Encore fallait-il que celui-ci fût majeur.
Dans ma réponse j'ai tenté de rester au plus près du texte de 1806 sans dépasser le cadre de la question qui était le droit de vote des femme dans un système censitaire, donc qui ne dépassait pas 1848. Mais vous avez finalement répondu à la question mieux que je ne l'aurais fais. Je regrette simplement d'être passé pour un affreux misogyne...
Par ailleurs je souhaitais rester au plus près des représentations mentales des penseurs de cette époque. Cette question des représentations sociales de la femme me paraît centrale pour aborder cette question des droits politiques accordés aux femmes. Sinon comment expliquer qu'un siècle sépare la reconnaissance du suffrage universel masculin (1848) de celle du suffrage féminin (1944)?
Dans la première moitié du XIXe siècle, le vote de la femme était perçu comme un péril pour la paix des ménages, et si la famille, le mariage tenaient une place si centrale dans cette société du XIXe siècle, ce n'est, à mon sens, pas seulement pour des raisons morales et traditionnelles, mais aussi pour mieux effacer l'individualité de la femme et ainsi l'exclure de la sphère politique. Au sein de la famille sa volonté est supplantée et censée se trouver incarnée par celle de son mari. Le suffrage n'est donc pas seulement censitaire, mais aussi familiale où finalement seul l'homme peut s'exprimer dans son individualité.
Je vous invite à jeter un oeil au Dictionnaire politique de Garnier-Pagès (particulièrement la section mariage) qui donne un bel aperçu de la pensée républicaine des années 1840.