Vaste question !
L'idée du droit des gens apparaît au XVIe siècle. C'est un droit "international" (le mot n'a pas de sens à l'époque moderne, mais bon, vous verrez mieux l'idée), qui serait sensé s'appliquer aux relations entre les sociétés. Ce n'est pas un corpus bien défini, mais plutôt un ensemble de traités, de conventions, de coutumes qui régissent les relations diplomatiques ou commerciales entre les Etats. Rien à voir avec un code tel qu'on le conçoit aujourd'hui. Établir un traité de paix, déclarer la guerre, envoyer des plénipotentiaires en ambassade, accueillir un diplomate, reconnaître une frontière, passer un accord commercial, tout ça fait partie de ce droit des gens.
Philosophes et hommes de lettres ont beaucoup écrit sur les droit des gens. La grande question, qui courut tout au long de l'époque moderne, c'était d'en définir l'assise : était-ce un droit positif, s'appuyant sur des traités et des conventions, ou était-ce un droit naturel ? Comment pouvait-on le définir ? Pouvait-il être formalisé ?
On peut citer Montesquieu, De l'esprit des lois :
"Considérés comme habitants d’une si grande planète, qu’il est nécessaire qu’il y ait différents peuples, ils ont des lois dans le rapport que ces peuples ont entre eux ; et c’est le Droit des Gens. … Le Droit des gens est naturellement fondé sur ce principe, que les nations doivent se faire dans la paix le plus de bien et dans la guerre le moins de mal qu’il est possible, sans nuire à leurs véritables intérêts. Toutes les nations ont un droit des gens ; et les Iroquois même, qui mangent leurs prisonniers, en ont un. Ils envoient et reçoivent des ambassades ; ils connaissent des droits de la guerre et de la paix : le mal est que ce droit des gens n’est pas fondé sur les vrais principes [...]."
Ce sera un des grands thèmes des premières années de la Révolution française. Par exemple, Volney, en 1789 : "Que ces mêmes règles de justice que vous avez reconnues dans les particuliers existent aussi dans les nations : que dans la grande société du genre humain, les peuples ne sont que des individus qui, doués des mêmes facultés et investis des mêmes droits, doivent être soumis à des lois semblables".
Certains révolutionnaires (dont Grégoire) militèrent, sans succès, pour une déclaration formelle du droit des gens, qui serait venue compléter celle des droits de l'homme. Dommage. Ça l'aurait bien fait, pourtant.
_________________ "Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans"
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