Pédro a écrit :
Ce sont des constatations hors sol, si on veut comprendre un phénomène il faut étudier de quel manière il se met en place. Postuler l'insularité pour expliquer un phénomène impose d'établir les liens de cause à effet. Pour l'heure on a "les anglais vivent sur une île et ils ont une vieille tradition de parlementarisme". Vous voyez un lien objectif ? Moi pas. Il faut faire attention à ce genre de logique, j'aime assez la critique qui en a été faite de manière humoristique de ces réflexions par association qui n'etablissaient pas suffisamment les liens objectifs : sur une carte ils comparaient le vote FN et l'extension de la gastro-entérite pour une année X. Ça correspondait à peu près géographiquement parlant. Pour autant, au delà de la galéjade, en tirer un enseignement est un peu déplacé.
Pour autant je ne nie pas que le milieu, le contexte social ou religieux a une grande importance en Histoire. Par exemple l'effondrement économique de la méditerranée au VI et VIIe siècle sous les coups de la peste provoque un décollage économique et commercial dans le nord de l'Europe dont les effets se poursuivent encore de nos jours. Mais là le lien de cause a effet est bien établi.
+1 pour l'ensemble de votre intervention.
@ Jérôme : Quand on compare les différentes royautés médiévales, et on peut élargir les propos aussi bien à l'Espagne et ces différents royaumes, qu'aux autres pays où il y a une royauté, on voit tout au long de l'époque médiévale une lutte pour le pouvoir entre les différents groupes sociaux... Et on a déjà eu le débat dans d'autres discussions. Souvent, cette lutte est encore visible de nos jours grâce à l'architecture ... Puisque chacun des pouvoirs essayaient d'avoir la plus haute tour ou le plus grand monument pour montrer sa puissance. Globalement, on a 3 pouvoirs qui se mettent en place :
- le roi, mais il est souvent le représentant d'une administration qui tente de centraliser les leviers du pouvoir;
- la classe nobiliaire, qui peut parfois s'allier avec le pouvoir royal, ou s'y opposer;
- l’Église, et on voir aussi bien dans le SERG, qu'en Angleterre ou en France la tentative du pouvoir central de mettre la main sur la nomination des évêques, ce qui conduira à des crises avec la Papauté. De là naitront souvent des Églises nationales plus ou moins réformées, sauf en Espagne et en France;
- la bourgeoisie des communes.
Je ne note aucune spécificité insulaire dans le Royaume-Uni par rapport aux autres royautés sur ces points. Le roi gagne plus ou moins la partie en France et en Espagne, il l'a perd en Angleterre et dans le SERG. On pourrait y ajouter les exemples, hollandais, suédois, polonais, ...
Dans ce contexte, la spécificité de la France et de l'Angleterre, pour l'époque considérée, est bien que la lutte des pouvoirs trouve un équilibre différent. En Angleterre, c'est le parlementarisme qui dans un premier temps donne le pouvoir aux nobles de la chambre des Lords, puis aux bourgeois de la chambre des Communes. En France, c'est le pouvoir royal qui s'affermit. Mais, plusieurs "petites" royautés continentales suivent un chemin très proche de l'exemple anglais, et pourtant, elles sont continentales et pas insulaires.