Vézère a écrit :
Petitfils est historien, sans aucun doute, et sa période de compétence est le XVII-XVIIIe, donc pas de problème.
Vous avez raison, peut-être suis-je trop catégorique et que la question de la
mauresse de Moret n'est pas aussi claire que je veux bien le croire.
Pour ne pas polluer le sujet,
continuons donc sur l'existant;
Mea culpa, je n'avais pas vu l'autre sujet. Ok pour Petitfils. Je prolonge sur l'autre fil alors.
Citer :
C'est très curieux cette focalisation récente sur la couleur de peau.
Né en 47, il aura fallu que j'arrive à 73 ans pour voir les noirs qui m'entourent, je ne les avais pas vu avant, quel est ce nouveau besoin soudain de trier, de marquer les différences ?
Chacun doit-il choisir son camp ? pourquoi dois-je voir les noirs ? pourquoi ?
Prochaine étape, les juifs seront à dissocier des blancs. En cherchant bien, ils sont toujours responsables quelque part.
Pour avoir les tendances il suffit d'écouter les paroles du rap, elles annoncent les évolutions, on peut se limiter à l'an 2000. Il y a un très grand malaise.
Qu'en pensent les historiens psychosociologues ?
Voir dans quel sens? Voir dans le sens où vous n'avez pas l'habitude d'en voir (province?) ou qu'ils étaient mêlés (confondus avec la population) ?
Pour le reste, la réponse est plurielle. Il ne faut pas oublier l'influence grandissante des Etats-Unis avant tout chez les "jeunes" (chez les étudiants dans des facs "engagées" c'est bien visible... Retour de terrain de l'université de Nanterre me concernant), la persistance de deux discriminations insoutenables, celles liées au logement et à la profession pour toute une partie de la population.
Enfin, de manière plus diffuse, il y a eu un vrai tournant avec la French theory, les Post-colonial studies et autre Histoire connectée. D'ailleurs, c'est aussi ce qu'on reproche à M.Foucault c'est-à-dire avoir fait venir des problématiques de campus américains en France. Les dignes héritiers (revendiqués à vrai dire ils étaient trop jeunes à l'époque) du philosophe sont Didier Fassin, Mathieu Potte-Bonneville, Didier Eribon (et d'autres) et pour le champ historique je ne compte plus les historiens qui, de P.Boucheron aux nouveaux doctorants se réclament du philosophe.
On pourrait aussi ajouter des revues "urbaines" et toute une "urban-culture" (hip-hop, séries, films, célébrités, mode...) elles aussi fortement influencées par les Etats-Unis.
Bref, si je devais résumer, une expression revient régulièrement, la
Politique du minoritaire.
Parlant régulièrement à des personnes engagées là-dedans, il y a un refus de continuer à être
invisibilisé et refus de la
discrétion (faire du bruit, se montrer... Quitte à mettre le voile pour "nous embêter")... répondant à votre question sur le regard mais ne répondant pas nécessairement à la République, une et indivisible.
Quant à votre allusions aux Juifs, personnellement je l'évite, tant tout est cela est récupéré par les médias et les politiques comme outil de disqualification systématique. Je ne vois pas non plus le rapport pour être franc car cela ne renvoie pas à une couleur de peau ni à des discriminations au logement et à l'emploi (à priori)... Ou alors il faut évoquer aussi la mise en communauté de cette population, par exemple à Sarcelles (et aujourd'hui davantage les villes autours), la forte endogamie ainsi que des pratiques maritales / familiales contraires, peut-être, elles aussi à la République une et indivisible.
Sur le rap, oui il y a un malaise. Malgré tout, il y a des coups marketing évidents. Insulter la France dans une chanson c'est se faire connaître médiatiquement et gonfler ses ventes. Il ne faut pas oublier aussi tous les rappeurs qui ne sont pas du tout là-dedans.
L'avenir que je me dessine mentalement est plutôt pessimiste. Néanmoins ce fil rappelle combien la République française a été précoce dans la prise en compte des minorités, au moins politiquement. C'est d'abord cela qu'il faut retenir, dire, expliquer... Tout en oubliant pas de dénoncer les discriminations récurrentes au logement et à l'emploi dont sont victimes des millions de personnes
françaises.Je prépare déjà l'avertissement de débordement chronologique. Désolé. Malgré tout, je crois que tout ce que je dis est déjà latent avant 2000.
Citer :
Peut-être que la question ne s'est pas posée avant l'immigration africaine "massive" - on devrait plutôt dire visible-, qui date des années 80, et qui fait suite à l'immigration maghrébine qui a commencé dans les années 70.
Cela s'ajoute avec la politique de l'urbanisme avec ses grands ensembles et sa tendance à entasser les populations dans les mêmes quartiers.
Et, avec une pointe de mauvais esprit, n'y a-t-il pas un certain personnel politique pour qui l'histoire de France commence en 1981 (pour être précis : le 10 mai 1981) qui s'est emparé de la question et en a fait son nouveau cheval de bataille, les débats économiques devenant trop compliqués ?
Massive c'est-à-dire? Il faut peut-être aussi ajouter le mot
absorption (par le travail... Ce qui pose problème depuis des décennies).
Sur l'urbanisme, vous avez entièrement raison: le problème est aussi dans le déséquilibre de la mixité... Cela commence aussi il y a des décennies.
Sur Mitterrand, c'est V.G d'Estaing qui pose la première pierre et je pense que vous le savez bien. Quant aux débats économiques, le tournant libéral de 1983 n'a jamais été renié par le personnel de "droite" jusqu'à présent je crois bien. Il y a aussi la question délicate de la construction européenne.