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Message Publié : 25 Avr 2021 12:59 
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Marc Bloch
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J'ai du mal à suivre l'aventure intellectuelle et politique des "chrétiens de gauche ".

Je crois comprendre ceci : les JOC et action catholique ouvrière ont assez vite (dès 1945 ? Ou 1950?) Compagnonner avec le PCF et la CGT tandis que les étudiants/fonctionnaires/enseignants auraient plutôt opter pour la CFTC puis CFDT (en 1964) et le PS (après 1968?).

Est ce bien exact ?

Si oui pourquoi ?


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Message Publié : 25 Avr 2021 20:20 
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Eginhard
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Grosso modo, c'est un assez bon résumé.

    - Pour la JOC (jeunesse et l'ACO, le compagnonnage avec le PCF et la CGT est assez évident et constant jusqu'à l'effondrement du PCF (ce qui ne leur a pas valu que des amis au sein-même de l'Église).
    - Pour ce que vous appelez les étudiants/fonctionnaires/enseignants, c'était un peu plus compliqué que ça. Je pense qu'on doit distinguer deux branches : la JEC d'une part, et la JIC et l'ACI d'autre part.
      - La JEC (jeunesses étudiante chrétienne), par définition, ne touchait que les villes de fac. Pas de connexion uniforme avec un parti ou avec un syndicat étudiant en particulier, mais la même convergence de vue qui va mener des jeunes aux convictions assez différentes, et même parfois contradictoires, sur les barricades en mai 68. Pas beaucoup plus.
      - La JIC (jeunesse indépendante chrétienne) et l'ACI (action catholique des milieux indépendants - notez le pluriel, par opposition au singulier du monde ouvrier) s'adressaient à des jeunes ou à des adultes des milieux les plus divers. Le point commun étant 1/ d'occuper un emploi, mais 2/ un emploi non ouvrier. La préférence syndicale allait clairement à la CFTC. En 1964, les membres de l'ACI se sont trouvés, comme tous leurs camarades devant l'option entre CFTC et CFDT, mais il me paraitrait hasardeux de dire qui a choisi quoi.
    - A ces mouvements de jeunes (JxC) et d'adultes (ACx) il faut ajouter l'ACE (action catholique des enfants), qui se partageait en deux courants : l'ACE-MO (action catholique des enfants en monde ouvrier) et ACE-MI (action catholique en milieux indépendants) en accord avec les engagements des parents.

Vous oubliez deux composantes indispensables à ce paysage ... qui, à vrai dire, ne ressorte pas vraiment des cathos de gauche (mais pour des raisons différentes pour chacune des deux) :

    - La JAC (jeunesse agricole catholique) et la LAC (ligue agricole catholique). Là, ce n'est pas d'une question de compagnonnage qu'il s'agit, mais bien d'une sécularisation de la JAC qui va renoncer en 1964 à son lien avec l'Église pour donner naissance au syndicalisme agricole moderne, avec les CDJA (centres départementaux des jeunes agriculteurs - avec la disparition logique du C). Il s'agit là d'un poids lourd de la révolution agricole dès la sortie de la guerre !
      - Notez en effet que l'accélération des évolutions de l'après-guerre (mécanisation, spécialisation, introduction des engrais, coopératives) ainsi que le mouvement général de mutualisation de structures locales jusqu'alors éparpillées (MSA et Assurance-Vieillesse des travailleurs agricoles, GROUPAMA, Crédit Agricole, rien que ça !) sont le fait des jeunes de la JAC avant de devenir l'affaire des syndicats, CDJA et FNSEA (puis pour certains des groupes financiers de moins en moins soucieux de l'esprit mutualiste d'origine).
      - De la JAC et de la LAC sont nés à cette époque le MRJC (mouvement rural de la jeunesse catholique) et les CMR (chrétiens en monde rural). Notez au passage le remplacement de l'adjectif agricole par l'adjectif rural.
    - Le MCC (mouvement des cadres et dirigeants chrétiens), lointainement issu de l'UIC (union des ingénieurs catholiques), ouvert dès les années 60 à tous les personnels d'encadrement. Depuis, il s'est progressivement adressé principalement aux cadres supérieurs et cadres dirigeants.

Il en existe/existait encore bien d'autres, mais je ne cite que les principaux, et ceux qui ont encore une existence active. Une existence très variable d'une région à une autre, et d'un diocèse (département) à un autre. Une existence qui dépend d'une part de la personnalité des responsables des équipes locales (de tous âges), et d'autre part du soutien ou non des autorités religieuses diocésaines. A vrai dire, le temps de l'Action Catholique semble aujourd'hui un peu révolu au sein de l'Église. Comme le monde syndical, et le monde des partis politiques, il n'y a plus aujourd'hui grand chose à voir avec le bouillonnement des Trente Glorieuses.

Le renouvellement des générations ne s'est pas opéré, et beaucoup de groupes d'Action Catholique ont disparu purement et simplement.
    - Seuls la JOC et le MCC sont encore vraiment sur le terrain.
      - Là où elle est présente, la JOC a vu sa connotation ouvrière s'estomper au profit d'une présence dans les quartiers, ou les établissement scolaires, dits difficiles.
      - Le MCC est nettement plus actif et géographiquement bien présent un peu partout.
    - L'ACI est aujourd'hui composée majoritairement de retraités du secteur public.
    - Des groupes MRJC et CMR subsistent ponctuellement en milieu rural.
    - L'existence des autres est devenue anecdotique.

Aujourd'hui, la tradition de l'Action Catholique des Milieux est également poursuivie par ... le MCR (mouvement chrétien des retraités), qui comme son nom l'indique est ouvert à tous les retraités, quel que soit leur activité passée et leur milieu social. Inutile de dire que ses effectifs sont absolument pléthorique !

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Message Publié : 26 Avr 2021 8:51 
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Jean Froissart
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Le terme JOC reste dans les mémoires, mais il est trop réducteur.

D'une part, il faut savoir que l'offre d'activités politiques et humanitaires était très étendu, comme le rappelle très bien Jean-Mic ci-dessus.
Je pense que l'on peut inclure aussi les différentes sections de Scouts, le Secours catholique, les Petits frères des pauvres, Pax Christi, le journal de la paroisse, etc.

D'autre part, l'offre était malgré tout réduite, car chaque paroisse ne proposait qu'un petit sous-ensemble de ce grand évantail.
Dans l'église où ma famille assistait à la messe tous les dimanches, il me semble me rappeler qu'il n'y avait que la JOC parmi les associations politiques énumérées par Jean-Mic, et que mon père, qui n'était pas ouvrier, souhaitait qu'il y eut autre chose de proposé.
C'est un peu comme pour les syndicats dans les entreprises, où ils ne sont pas tous présents partout. Un nouveau syndicat ne peut apparaitre dans une entreprise que s'il est mis en avant par des partisans et que l'autorité l'accepte.

Je me souviens que dans les années 70, ces associations faisaient de la publicité à l'intérieur de l'église, par le moyen d'une petite affiche ou d'un petit tract déposé sur une table. Les fidèles qui cherchaient à s'occuper les consultaient en sortant de l'église à la fin de la messe.


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Message Publié : 26 Avr 2021 10:04 
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Jean Froissart
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Je voulais dire principalement, que l'offre étant réduite, le lien entre l'engagement dans une association et un vote n'était pas systématique.

Par exemple, l'église de ma paroisse se trouvait dans un quartier historiquement ouvrier, où seule la JOC était présente.
Mais ce quartier était en train de s'embourgeoiser (en voie de gentrification, comme on dit de nos jours).
Donc, les membres de la JOC étaient de moins en moins souvent des électeurs du Parti communiste, et de plus en plus souvent des électeurs d'autres partis.

De plus, le lien entre une association et un parti fluctue.
Dans mon exemple, un craquement s'est produit, qui est l'apparition d'une nouvelle association plus bourgeoise.
A ce moment-là, la JOC a perdu ses adhérents les moins rouges qui sont allés vers la nouvelle association.
Et la JOC est redevenue proche des communistes.


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Message Publié : 26 Avr 2021 10:53 
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Jean Froissart
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Jean-Mic a écrit :
Grosso modo, c'est un assez bon résumé.

[...]

[list]- La JAC (jeunesse agricole catholique) et la LAC (ligue agricole catholique). Là, ce n'est pas d'une question de compagnonnage qu'il s'agit, mais bien d'une sécularisation de la JAC qui va renoncer en 1964 à son lien avec l'Église pour donner naissance au syndicalisme agricole moderne
En ce qui me concerne, c'est la JAC que j'ai le mieux connu à l'intérieur du vaste panorama planté par Jean-Mic.

Dans mon département très communiste, la JAC était ouvertement anticommuniste. C'était la compétition: soit on arrivait à garder les jeunes agriculteurs à l'église, soit ils filaient au Parti. Mais entre la déchristianisation et l'exode rural, cela n'a pas pu durer.
Leurs petits-enfants -ceux qui restent- sont aux Jeunes Agriculteurs. Et pas communistes pour un sou, mais alors pas du tout.


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Message Publié : 26 Avr 2021 14:53 
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Marc Bloch
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Merci à tous pour ces réponses et exemples précis et vivants.

Je vois bien le mouvement qui conduit des catholiques de gauche vers la CFDT et le PS.

en revanche, je ne vois pas pourquoi le PCF et la CGT ont pu attirer des croyants. Ou alors s'ils ont attiré des croyants ouvriers pourquoi pas des intellectuels ? Apres tour le PCF a beaucoup séduit d'intellectuels au moins entre 1945 et 1956 !


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Message Publié : 29 Avr 2021 7:16 
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Jean Froissart
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Jerôme a écrit :
je ne vois pas pourquoi le PCF et la CGT ont pu attirer des croyants.

La première fois que j'ai vu un film de Don Camillo, j'ai pensé que c'était très éloigné de la réalité dans ma paroisse dans les années 1960-70.
D'un côté, Fernandel intervient dans la vie politique, alors qu'aucun des religieux, que je rencontrais, ne se permettaient de faire cela, en suivant la parole "Rendez à Cesar ce qui est à Cesar et à Dieu ce qui est à Dieu". L'abbé Pierre était une exception en osant interpeller les hommes politiques.
De l'autre côté, Peppone est plus anticlérical que les dirigeants communistes français, puisque la mère de Waldeck Rochet se prénommait Marie, et que Georges Marchais a fait plusieurs discours de main tendue aux catholiques. Les anticléricaux étaient les anarchistes et les francs-maçons, pas vraiment les communistes français.

Un sujet très important en France dans ces années-là, était celui de la décolonisation, avec en premier lieu celle de l'Algérie à cause de la conscription. Beaucoup de jeunes hommes de la métropole n'avaient pas envie de faire la guerre, et notamment des chrétiens qui sont pour la paix d'une manière générale. Or, une grande partie des colons algériens soutenaient Guy Mollet de la SFIO, et une autre partie soutenait le général De Gaulle. Ces chrétiens pacifiques de la métropole étaient donc poussés à s'intéresser au Parti Communiste qui était le seul parti opposé à la conscription. Après 1962, il est subsisté l'idée que la parti communiste avait eu raison de ne pas vouloir garder les colonies. (Le Parti Communiste attirait aussi par la défense des employés contre les patrons, etc.)


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Message Publié : 29 Avr 2021 9:35 
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Eginhard
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Oliviert a écrit :
La première fois que j'ai vu un film de Don Camillo, j'ai pensé que c'était très éloigné de la réalité dans ma paroisse dans les années 1960-70.
D'un côté, Fernandel intervient dans la vie politique, alors qu'aucun des religieux, que je rencontrais, ne se permettaient de faire cela, en suivant la parole "Rendez à Cesar ce qui est à Cesar et à Dieu ce qui est à Dieu". L'abbé Pierre était une exception en osant interpeller les hommes politiques.
De l'autre côté, Peppone est plus anticlérical que les dirigeants communistes français, puisque la mère de Waldeck Rochet se prénommait Marie, et que Georges Marchais a fait plusieurs discours de main tendue aux catholiques. Les anticléricaux étaient les anarchistes et les francs-maçons, pas vraiment les communistes français.
Cela appelle plusieurs remarques :

1/ Le contexte italien était fort différent du contexte français, avec un PCI beaucoup plus agessif et plus prêt pour la Révolution que le PCF.
2/ Le personnage de Don Camillo est caricatural, et à y regarder de près, souvent bien peu "charitable".
3/ L'abbé Pierre interpelait certes les hommes politiques, mais d'une part, il n'a jamais "fait le coup de poing"..., d'autre part, tous en prenaient pour leur grade.

En résumé, le cas italien pourrait faire l'objet d'un autre fil, mais pas vraiment intervenir dans le débat sur les "chrétiens de gauche" français.

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Message Publié : 29 Avr 2021 9:58 
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Jean Froissart
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Jean-Mic a écrit :
3/ L'abbé Pierre interpelait certes les hommes politiques, mais d'une part, il n'a jamais "fait le coup de poing"...
C'est anecdotique, mais ne s'est-il pas placé une fois devant les véhicules une fois au départ du Paris-Dakar?


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Message Publié : 29 Avr 2021 12:34 
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Jean-Mic a écrit :

1/ Le contexte italien était fort différent du contexte français, avec un PCI beaucoup plus agessif et plus prêt pour la Révolution que le PCF.

Ce qui a bien changé après 68 (la Tchécoslovaquie sous les chenilles russes) où Berlinger, patron du PCI, s'est prononcé pour la rupture avec Moscou et un éventuel gouvernement d'union nationale avec la démocratie Chrétienne.
On a appelé ça "l'Eurocommunisme" parce qu'avec beaucoup de faux-semblants le PCF a approuvé la même ligne, alors qu'il n'a jamais cessé d'obéir à la voix de son maître...

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Message Publié : 29 Avr 2021 15:04 
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Eginhard
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C'est vrai que les deux sagas Don Camillo, littéraire et cinématographique, s'étalent de 1948 à 1965.

Savez-vous que le personnage de Don Camillo Tarocci (oui, c'est son nom, même si on le prononce rarement) inventé par Giovanni Guareschi en 1948 (et que nous n'arriverons jamais à imaginer autrement que sous les traits de Fernandel) est inspiré d'un authentique prêtre italien : Don Camillo Valota. Celui-ci fut pendant de longues années aumônier de la mission italienne à Montceau-les-Mines et au Creusot (distantes de 20 km). Il a laissé au Creusot en particulier un souvenir toujours vivant, et les creusotins ne sont pas peu fiers de LEUR Don Camillo, LE VRAI ! Il a donné son nom à une salle paroissiale de la ville. (souvenirs personnels des années 1988-91)
https://www.visages-diocese-autun.fr/visage/don-camillo-valota/

Et puisqu'on en est à Fernandel et Don Camillo, j'espère que vous n'en voudrez de faire un autre hors-sujet avec cette anecdote :
    Pendant le tournage d'un des films de la saga, une petite fille s'adresse à Fernandel : "Est-ce que vous voulez bien bénir ma poupée ?"
    Fernandel lui répond gentiment : "Tu sais, je ne suis pas un vrai prêtre."
    Et la petite fille de rétorquer : "Ce n'est pas grave. Ce n'est pas une vraie petite fille non plus !"
Cela correspond bien à ce qu'on sait de Fernandel, non ? (fin des hors-sujet)

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Message Publié : 29 Avr 2021 19:31 
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Dommage que Fernandel soit mort avant la fin du tournage de "Don Camillo et les contestataires", j'ai lu le livre éponyme de Giovanni Guarechi c'était un régal.

Don Camillo prend en pension sa nièce, égérie d'un gang de motards de la ville voisine, dont sa mère ne sait plus quoi faire. D'où un raid de voyous au presbytère, repoussé par la bande locale du fils de Peppone, lequel pour emm... son père se balade avec les cheveux longs. :mrgreen:

Le fils, Camillo Lénine Botazzi, dont le baptême figure dans un des épisodes qu'on a vus, refuse le service militaire, et va se cacher chez Don Camillo, qui met comme condition une coupe rase des cheveux, en attendant qu'il obtienne le statut d'objecteur.
Il le montre en douce à Peppone, héberlué :
- ras comme une boule de billard !
- forcément, je l'ai convaincu de se faire moine.
- Pas question !
- Il sera pourtant une excellente brebis du Seigneur....
- il n'y a pas de place pour les brebis chez les Botazzi !
- C'est vrai, camarade, j'oubliais que temporibus illis, tu avais écrit sur ta maison : "mieux vaut vivre un an comme un lion que cent ans comme un mouton" ! (C'était la devise de Mussolini.) :mrgreen:
- mais j'étais jeune, révérend, je me suis racheté ensuite dans la Résistance...

Bref, le fils Peppone logeant dans la même maison que la nièce de Don Camillo, il ne tarde pas à en tomber amoureux. Elle le prend de haut et le met au défi de prouver son courage.

Quelques jours plus tard, Peppone revient au presbytère :
- Camillo Lénine refusait l'armée, et le voila qui repasse à la mairie faire des pieds et des mains pour s'engager dans les parachutistes !
- Les jeunes d'aujourd'hui sont décidément bien compliqués, conclut Don Camillo, hypocrite.

Autre conséquence du temps, chaque camp a droit a ses scissions internes. Don Camillo se voit imposer par l'évêque un vicaire conciliaire et moderniste enragé qui lui pourrit la vie, tandis que Peppone doit faire face à une dissidence maoïste qui prospère dans un des hameaux du village, et lui fait mille misères.

Bref, c'est très actuel, et faute de jamais voir ce film, c'est une lecture amusante.

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Message Publié : 30 Avr 2021 12:53 
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Marc Bloch
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En examinant les organisations catholiques de gauche j'ai découvert Vie Nouvelle où militait Jacques Delors et qui se référait au personnalisme de Mounier.

Avec Delors, Maastricht et l'obsession de la concurrence libre et non faussée, on est très loin du marxisme.

Y aurait il eu deux gauches catholiques : une version liberale/sociale démocratique ? Et une version plus autoritaire, naturellement moins choquée par la violence bolchévique ?


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Message Publié : 30 Avr 2021 13:08 
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Eginhard
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Jerôme a écrit :
Y aurait il eu deux gauches catholiques : une version liberale/sociale démocratique ? Et une version plus autoritaire, naturellement moins choquée par la violence bolchévique ?
Sans doute, et aussi irréconciliables que le PS et le PCF ! du moins jusqu'au mariage de la carpe et du lapin ...

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Message Publié : 30 Avr 2021 19:15 
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Jerôme a écrit :
Et une version plus autoritaire, naturellement moins choquée par la violence bolchévique ?

Vous en avez rencontré, vous, de ces chrétiens staliniens ? :?:

(En politique tout existe, comme à la Samaritaine, mais je pense que l'espèce ne devait pas proliférer. Ce sont des valeurs trop éloignées, je pense.)

Peut-être plus de chrétiens à la CGT, dans ce cas, en fonction de la configuration syndicale de l'entreprise, qui peut rendre nécessaires des accommodements qu'on verrait beaucoup moins en politique.

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