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 Sujet du message : Parcours sup
Message Publié : 27 Mai 2021 19:48 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Bonsoir,
je trouve très pénible et critiquable le système de parcours sup. Ce site empêche des jeunes de s'inscrire dans l'université de leur choix. Si j'avais connu parcours sup en 2007, quand je me suis inscrit en fac d'histoire à distance à Nanterre, je n'aurais peut-être pas pu entreprendre cette formation.
Qu'en pensez-vous? Parcours sup sera -t-il supprimé par un nouveau gouvernement?


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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 28 Mai 2021 16:11 
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Plutarque
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Bonjour,

Je vois mal ce système être remplacé, je n'ai pas vu de grosses critiques de fond de la part des "potentiels présidentiables" et c'est un vrai guêpier.

Je trouve ce système catastrophique et je préférais encore le admission postbac. Je dis ça de l'intérieur donc mon regard est sûrement un peu biaisé mais j'ai constaté :
- Une augmentation démentielle du stress pour les élèves et les profs.
- Un système encore plus déshumanisant que l'ancien.
- Une usine à gaz avec un système de bonus très subjectif (ex: l'engagement citoyen).
- Des élèves qui sont forcés de faire des études non voulues (car peur de l'attente interminable par exemple) ou qui sont en roue libre pour d'autres (certains font 366666666666666666 vœux dont des vœux pour des licences prises au pif parfois. Ex: récemment un élève très mauvais en histoire, absentéiste, un peu mauvais partout d'ailleurs qui atterri dans une licence d'histoire plutôt bien côtée 1. sans m'en parler auparavant 2. en mettant ce vœux au cas où il n'aurait rien. Évidemment ça a été un échec au bout de 3 mois. S'en est suivie une fin d'année sabbatique / Uber-Mcdo (impossible de trouver une place ailleurs). L'année suivante il a voulu faire un bts. Plus de nouvelles depuis.

Bref, je suis très sceptique sur tout ça. Rarement atteint un tel niveau de déshumanisation.

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Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Beaumarchais, Le Barbier de Séville, 1775.


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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 28 Mai 2021 22:12 
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Jean-Pierre Vernant
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J'abonde dans votre sens pensabene ; je récupère de plus en plus d'élèves en morceaux à cause de ça... c'est préoccupant, lié à la réforme du lycée c'est pas l'idylle de l'élève libre comme l'air que l'on a plutôt l'injonction à déterminer quel sera son avenir professionnel dès 15 ans...

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 29 Mai 2021 8:03 
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Citer :
injonction à déterminer quel sera son avenir professionnel dès 15 ans...

Ce qui est plus qu'inquiétant, alors que paradoxalement leur autonomie semblent moindre qu'il y a une vingtaine d'années et qu'il n'y a plus véritablement d'orientation à la fin du collège.
Que dire des "formations" et autres diplômes universitaires fabriqués à la hâte depuis près de 3 ans - très coûteux - pour celles et ceux qui n'obtiennent rien ?

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 01 Juin 2021 7:26 
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Plutarque
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Duc de Raguse a écrit :
Citer :
injonction à déterminer quel sera son avenir professionnel dès 15 ans...

Ce qui est plus qu'inquiétant, alors que paradoxalement leur autonomie semblent moindre qu'il y a une vingtaine d'années et qu'il n'y a plus véritablement d'orientation à la fin du collège.
Que dire des "formations" et autres diplômes universitaires fabriqués à la hâte depuis près de 3 ans - très coûteux - pour celles et ceux qui n'obtiennent rien ?


Tout à fait. Les plus belles réussites du ministre restent selon moi l'accélération de la mise en place de formations et écoles privées comme substitut logique (car on sait que l'Educ nat est très mal en point et que le ministre n'a rien à y gagner dedans) au public ou encore l'accélération de la numérisation de l'école.
Je pense que là-dessus il a atteint ses objectifs, même s'ils amènent à déshumaniser et ridiculiser le métier (le tout numérique... Qui plante) ou faire une compétition toujours perdante pour le public (et donc, symboliquement derrière, l’État).

J'ai découvert il y a peu l'école professorale de Paris fondée en 2016 qui forme des étudiants au CAPES/CAFEP/ Agrégation: typiquement, les élèves sont inscrits à l'université mais ils suivent en parallèle des cours de haut niveau (vu les profs recrutés, c'est assez solide), par petits groupes, à 800€ par an en histoire géo. Cela fonctionne très bien vu la qualité des profs, le format petits groupes, l'assiduité et la motivation des élèves ainsi que le tri préalable (800€, à Paris, sur dossier...).
Je pense que c'est ça l'avenir: les fondateurs ont fait le constat (juste) de l'échec de l'Educ nat dans l'orientation des élèves, la baisse de niveau dans le secondaire, dans les universités et ESPE (INSPE maintenant) donc ils ont compris qu'en faisant une petite "élite" bien formée (et encore 800€ il y a bien pire dans le coin) ils allaient avoir des résultats. Par exemple, on sait qu'en mathématiques c'est catastrophique pour le recrutement des profs.
Il y a et il y aura de plus en plus ceux qui pourront accéder à type de cours et les autres qui auront nécessairement un taux de réussite plus faible parce que moins bien formés, inévitablement moins bons et bercés d'illusions.

Bref, le bateau Educ nat de Blanquer dévoile ce qu'est devenue l'institution depuis déjà pas mal d'années. Pourtant, on pourrait mettre le paquet sur le recrutement qualitatif de profs, faire des groupes-classe plus petits, mieux orienter, revaloriser les métiers manuels (ou alors créer une troisième voie entre le BTS et l'université... Peut-être une année gratuite de remise à niveau avant d'envisager l'université?). De cette façon les profs d'université arrêteraient de s'arracher les cheveux sur nos élèves et les élèves seraient mieux préparés au travail)

Je terminerai avec le sociologue Didier Eribon aidé de Bourdieu: selon lui, les élites et le pouvoir ont délibérément fait du bac sésame plus facile à obtenir, ont délibérément permis au plus grand nombre de personnes d'aller dans les BTS et universités précisément parce que les enfants de ces "élites" (famille héritière, fils et fille de, ceux "bien nés" etc) n'y vont plus du tout: ils font des bonnes prépas, les grandes écoles, partent à l'étranger ou autre. La conséquence immédiate est de se retrouver avec des diplômes qui pèsent peu, de se faire griller massivement toutes les places de concours exigeants.

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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 01 Juin 2021 8:37 
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Je plussoie ! :wink:
On pourrait ajouter, à ce que vous pointez justement, la création à la rentrée prochaine de "classes préparatoires au professorat des écoles", créant ainsi deux voies parallèles - et publiques ! - pour parvenir au métier : la masse stupide passerait par l'Université et l'élite passerait par cette voie nouvelle, uniquement construite pour elle.

Je ne préfère pas me prononcer longuement sur la gabegie de la "Révolution du numérique" (inscrit depuis près de dix ans dans les BO) : n'importe quel enseignant peut remarquer qu'en dehors d'apports ponctuels à un projet pédagogique bien construit en amont, ces outils n'apportent rien au final, en dehors de la totale déshumanisation du métier et du creusement des inégalités entre élèves.

En définitive le "bateau Educ nat" semble sombrer totalement aujourd'hui, après avoir foncé sur l'iceberg il y a plus de vingt ans.

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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 01 Juin 2021 9:44 
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Jean Froissart
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Pensabene a écrit :
Je terminerai avec le sociologue Didier Eribon aidé de Bourdieu: selon lui, les élites et le pouvoir ont délibérément fait du bac sésame plus facile à obtenir, ont délibérément permis au plus grand nombre de personnes d'aller dans les BTS et universités précisément parce que les enfants de ces "élites" (famille héritière, fils et fille de, ceux "bien nés" etc) n'y vont plus du tout: ils font des bonnes prépas, les grandes écoles, partent à l'étranger ou autre. La conséquence immédiate est de se retrouver avec des diplômes qui pèsent peu, de se faire griller massivement toutes les places de concours exigeants.
Pouvez-vous mieux m'expliquer ceci, s'il vous plaît?
Je ne suis absolument pas du sérail et donc peut-être me trompé-je largement.
Vu de l'extérieur, il m'a semblé que les promoteurs du bac pour tous, pédagogistes et autres IUFMistes se réclamaient justement de Bourdieu, non?
Cette idée d'un ""complot"" des élites (je mets évidemment quatorze guillemets à complot) me paraît... inattendue.
Si il y eu "complot", ne serait-il pas celui de ceux qui ont préféré privilégier l'égalité, quitte à l'obtenir au prix de plus de médiocrité?

Bien entendu, je constate comme vous que les élites savent parfaitement où trouver les bonnes filières pour leurs propres enfants. Mais disons que "c'est de bonne guerre", et que surtout, si elles n'avaient pas cette capacité d'adaptation, elles ne seraient pas "l'élite", CQFD.


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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 01 Juin 2021 13:00 
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Vézère a écrit :

Bien entendu, je constate comme vous que les élites savent parfaitement où trouver les bonnes filières pour leurs propres enfants. Mais disons que "c'est de bonne guerre", et que surtout, si elles n'avaient pas cette capacité d'adaptation, elles ne seraient pas "l'élite", CQFD.

C'est une situation qui existe depuis Mathusalem !

Sans prétendre faire partie de quelque élite que ce soit, je mentionne que mes parents m'ont placé (en 71 !) dans une 6e avec allemand 1ère langue, parce qu'elles étaient réputées recevoir les meilleurs élèves et c'était effectivement le cas dans mon lycée. (il s'agissait même d'une 6e européenne, mais la formule était nouvelle et en pratique je n'ai jamais eu aucun cours en langue allemande.)

Père enseignant, il est vrai. (les enfants d'enseignants s'orientent mieux, en moyenne.) Mais je ne suis pas certain que ça ait compté : je crois que c'était plus ou moins de notoriété publique.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 01 Juin 2021 19:49 
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Jean-Pierre Vernant
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Citer :
Peut-être une année gratuite de remise à niveau avant d'envisager l'université?). De cette façon les profs d'université arrêteraient de s'arracher les cheveux sur nos élèves et les élèves seraient mieux préparés au travail)


C'est quelque chose qui me semble nécessaire et à adapter à beaucoup de formations ce qui permettrait un peu plus de mixité sociale sans sacrifier aux sirènes lamentables des quotas.

Citer :
Je terminerai avec le sociologue Didier Eribon aidé de Bourdieu: selon lui, les élites et le pouvoir ont délibérément fait du bac sésame plus facile à obtenir, ont délibérément permis au plus grand nombre de personnes d'aller dans les BTS et universités précisément parce que les enfants de ces "élites" (famille héritière, fils et fille de, ceux "bien nés" etc) n'y vont plus du tout: ils font des bonnes prépas, les grandes écoles, partent à l'étranger ou autre. La conséquence immédiate est de se retrouver avec des diplômes qui pèsent peu, de se faire griller massivement toutes les places de concours exigeants.


Je bosse dans le privé, c'est un constat que je fais tous les jours...

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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 02 Juin 2021 15:31 
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Plutarque
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Vézère a écrit :
Pensabene a écrit :
Je terminerai avec le sociologue Didier Eribon aidé de Bourdieu: selon lui, les élites et le pouvoir ont délibérément fait du bac sésame plus facile à obtenir, ont délibérément permis au plus grand nombre de personnes d'aller dans les BTS et universités précisément parce que les enfants de ces "élites" (famille héritière, fils et fille de, ceux "bien nés" etc) n'y vont plus du tout: ils font des bonnes prépas, les grandes écoles, partent à l'étranger ou autre. La conséquence immédiate est de se retrouver avec des diplômes qui pèsent peu, de se faire griller massivement toutes les places de concours exigeants.
Pouvez-vous mieux m'expliquer ceci, s'il vous plaît?
Je ne suis absolument pas du sérail et donc peut-être me trompé-je largement.
Vu de l'extérieur, il m'a semblé que les promoteurs du bac pour tous, pédagogistes et autres IUFMistes se réclamaient justement de Bourdieu, non?
Cette idée d'un ""complot"" des élites (je mets évidemment quatorze guillemets à complot) me paraît... inattendue.
Si il y eu "complot", ne serait-il pas celui de ceux qui ont préféré privilégier l'égalité, quitte à l'obtenir au prix de plus de médiocrité?

Bien entendu, je constate comme vous que les élites savent parfaitement où trouver les bonnes filières pour leurs propres enfants. Mais disons que "c'est de bonne guerre", et que surtout, si elles n'avaient pas cette capacité d'adaptation, elles ne seraient pas "l'élite", CQFD.


Entièrement d'accord avec vous. Disons que Bourdieu est un totem pour tout le monde ou presque dans ce milieu. Je ne vois pas de complot mais une hypocrisie généralisée qui n'a fait que casser une Educ nationale déjà coulante, comme le dit duc de Raguse, depuis longtemps.
Ce que Pierma explique concernant sa scolarité est tout à fait logique et je pense que beaucoup de personnes, instinctivement, préfèrent mettre leurs enfants dans une école primaire / collège / lycée plus réputée que celui à la mauvaise réputation. Au sein même d'un établissement, le jeu des options pouvait suffire, classe latiniste en tête.
Il me semble qu'il y a deux sujets :

    - D'un côte l'évitement social et toute la question de la réputation et de la carte scolaire : c'est inévitable vu l'état de l'éduc nat et là le privé gagne du terrain, quitte à ce que certains parents se serrent la ceinture toute l'année pour éviter certains établissements (et quand je vois que de plus en plus de collègues ne veulent surtout pas mettre leurs enfants dans le public je me dis qu'il y a un vrai problème).

    - L'autre sujet concerne, il me semble, ce que vous pointez du doigt: la faute de ceux qui pensent le bac comme un % de réussite, ceux qui ont menti et qui continuent de le faire depuis des années. Eux ont une lourde responsabilité. J'ai récemment parlé avec un chargé d'inspection en maths qui racontait très bien comment les inspecteurs disaient / disent aux collègues d'établissement difficiles ou mal situés de " surtout faire des jeux" avec les élèves et comment avec des établissements plus réputés ils disaient / disent surtout de "ne pas faire de jeu, d'avancer sur le programme de l'année suivante, de les préparer aux études supérieures". A partir de là, même le très bon élève qui peut bénéficier d'un ""ascenseur social"" (pourtant en maintenance) se retrouve en retard automatiquement. D'où aussi ce recours réguliers à des cours particuliers.

C'est pour cela que Eribon/Bourdieu (que je n'apprécie pas tellement à vrai dire) visent juste et peuvent servir de "boîte à outils" :
il y a à la fois la distinction "basique" qui est historique avec ces fameux capital social / culturel (j'ai appris récemment que François 1er n'hésitait pas à réciter du grec ancien à la cour pour se distinguer... Énervant logiquement son petit monde) et le fait d'avoir idéologiquement ouvert les vannes de la fausse méritocratie et du "diplôme pour tous". Il y a des avantages: cela s'amorce +/- avec la désindustrialisation du pays et le chômage de masse, se poursuit dans les années 1990-2000 (avec un tournant peut-être avec le CPE de De Villepin mais il faudrait mieux étudier la chose) et est en train de s'achever avec des bac-covid et des vies de plus en plus numérisées et précarisées (pour ne pas dire aussi "uberisées"). Sait-on jamais, on pourrait avoir cette année un taux de réussite à 102%, ce qui n'est pas arrivé depuis l'ultime réforme éducative en URSS B) .
Il faut bien entendu (je pense) une élite dans chaque pays (et ce n'est pas ma récente lecture d'une bio de R.Poincaré qui me fera dire le contraire) mais il faut que cette élite soit amenée à prendre des bonnes décisions. Je pense que l'erreur fatale a été de croire qu'on pouvait, en France, démanteler progressivement le service public mais aussi faire disparaître la figure de l'ouvrier et de son monde qui va avec (en enterrant le PC bien sûr). Beh non, ça ne fonctionne pas. Il faut former massivement des ouvriers, des ouvriers qualifiés, des artisans, des étudiants (j'ai envie de dire des "vrais" étudiants, qui lisent déjà). Encore récemment je recevais quelques messages d'un ancien élève, vraie terreur sur patte en classe (intenable sur une chaise) en seconde générale qui s'éclate aujourd'hui en carrosserie... Il a été traîné tout le collège, il a redoublé sa seconde pour qu'enfin on se rende compte que oui, effectivement, il ne fera pas normal sup et le travail manuel n'est pas une punition ni un métier dégradant (depuis de nombreuses années il voulait faire carrosserie).
Et pour les futurs étudiants, cette idée de "medium" avec cette année de remise à niveau soutenue par Pédro me semble d'urgence absolue. Il faut donner une chance aux élèves qui ne sont pas issus des meilleurs établissements / qui ne sont pas les meilleurs de France à la fin de terminale de parvenir, avec du travail, de l'effort, de l'exigence, à éviter le naufrage à l'université / prépa / BTS ou autre. En clair, il faut remettre en place et à sa place toute l'éducation nationale selon moi. Cela ne veut pas dire "post bac" pour tous mais donner des chances à chaque personne d'arriver à trouver sa place... Que cela soit un bon garagiste ou un bon historien.

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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 02 Juin 2021 16:03 
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Jean-Pierre Vernant
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Citer :
Il faut bien entendu (je pense) une élite dans chaque pays (et ce n'est pas ma récente lecture d'une bio de R.Poincaré qui me fera dire le contraire) mais il faut que cette élite soit amenée à prendre des bonnes décisions. Je pense que l'erreur fatale a été de croire qu'on pouvait, en France, démanteler progressivement le service public mais aussi faire disparaître la figure de l'ouvrier et de son monde qui va avec (en enterrant le PC bien sûr). Beh non, ça ne fonctionne pas. Il faut former massivement des ouvriers, des ouvriers qualifiés, des artisans, des étudiants (j'ai envie de dire des "vrais" étudiants, qui lisent déjà). Encore récemment je recevais quelques messages d'un ancien élève, vraie terreur sur patte en classe (intenable sur une chaise) en seconde générale qui s'éclate aujourd'hui en carrosserie... Il a été traîné tout le collège, il a redoublé sa seconde pour qu'enfin on se rende compte que oui, effectivement, il ne fera pas normal sup et le travail manuel n'est pas une punition ni un métier dégradant (depuis de nombreuses années il voulait faire carrosserie).


L'analyse de Durkheim sur la nature des sociétés humaines dans la Division du travail social montre la dichotomie entre deux types de sociétés ; l'une à solidarité mécanique très horizontale où les individus connaissent peu la diversité sociale et donc la hiérarchie et les sociétés à la solidarité organique, très diversifiées qui impliquent, à cause de la spécialisation extrême de ses membres une interdépendance et davantage de hiérarchie. Nos Etats sont évidemment de cette sorte et l'idée d'une élite en découle.
Là où cela coince dans notre pays c'est qu'il n'y a guère de brassage social et au contraire un isolement de plus en plus grand de l'élite, voire même un séparatisme (j'aime utiliser à rebours certains concepts lol ) qui conduit au niveau politique à des délires aussi absurdes qu'un mépris de plus en plus grand pour les disciplines dites manuelles, une fascination pour les théories libérales vieillottes et servies comme des innovations incroyables, d'où la pression mise sur les services publics en vue de leur démantèlement au profit du privé et la perception totalement délirante d'une désindustrialisation comme source de progrès. Sur ce dernier point cependant l'élite semble avoir réussi à comprendre que c'était peut être une chose grave, on la remercie bien bas d'avoir percuté. Ce constat dans le désordre et sans nuance pour dire qu'il y a de la déconnexion de l'élite vis à vis des réalités quotidiennes des français.
Or, si je pense qu'un pays peut très bien s'administrer sans beaucoup de brassage social, on a des exemples historiques, reste qu'une démocratie c'est plus compliqué puisque très vite s'établi un décalage difficilement supportable entre discours et réalité et ce n'est pas effectivement les manipulations type éducation nationale sur la fiction du bac qui parviendront à nous le faire oublier.

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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 02 Juin 2021 18:57 
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Plutarque
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Pédro a écrit :
Citer :
Il faut bien entendu (je pense) une élite dans chaque pays (et ce n'est pas ma récente lecture d'une bio de R.Poincaré qui me fera dire le contraire) mais il faut que cette élite soit amenée à prendre des bonnes décisions. Je pense que l'erreur fatale a été de croire qu'on pouvait, en France, démanteler progressivement le service public mais aussi faire disparaître la figure de l'ouvrier et de son monde qui va avec (en enterrant le PC bien sûr). Beh non, ça ne fonctionne pas. Il faut former massivement des ouvriers, des ouvriers qualifiés, des artisans, des étudiants (j'ai envie de dire des "vrais" étudiants, qui lisent déjà). Encore récemment je recevais quelques messages d'un ancien élève, vraie terreur sur patte en classe (intenable sur une chaise) en seconde générale qui s'éclate aujourd'hui en carrosserie... Il a été traîné tout le collège, il a redoublé sa seconde pour qu'enfin on se rende compte que oui, effectivement, il ne fera pas normal sup et le travail manuel n'est pas une punition ni un métier dégradant (depuis de nombreuses années il voulait faire carrosserie).


L'analyse de Durkheim sur la nature des sociétés humaines dans la Division du travail social montre la dichotomie entre deux types de sociétés ; l'une à solidarité mécanique très horizontale où les individus connaissent peu la diversité sociale et donc la hiérarchie et les sociétés à la solidarité organique, très diversifiées qui impliquent, à cause de la spécialisation extrême de ses membres une interdépendance et davantage de hiérarchie. Nos Etats sont évidemment de cette sorte et l'idée d'une élite en découle.
Là où cela coince dans notre pays c'est qu'il n'y a guère de brassage social et au contraire un isolement de plus en plus grand de l'élite, voire même un séparatisme (j'aime utiliser à rebours certains concepts lol ) qui conduit au niveau politique à des délires aussi absurdes qu'un mépris de plus en plus grand pour les disciplines dites manuelles, une fascination pour les théories libérales vieillottes et servies comme des innovations incroyables, d'où la pression mise sur les services publics en vue de leur démantèlement au profit du privé et la perception totalement délirante d'une désindustrialisation comme source de progrès. Sur ce dernier point cependant l'élite semble avoir réussi à comprendre que c'était peut être une chose grave, on la remercie bien bas d'avoir percuté. Ce constat dans le désordre et sans nuance pour dire qu'il y a de la déconnexion de l'élite vis à vis des réalités quotidiennes des français.
Or, si je pense qu'un pays peut très bien s'administrer sans beaucoup de brassage social, on a des exemples historiques, reste qu'une démocratie c'est plus compliqué puisque très vite s'établi un décalage difficilement supportable entre discours et réalité et ce n'est pas effectivement les manipulations type éducation nationale sur la fiction du bac qui parviendront à nous le faire oublier.

Intéressante analyse, je note pour Dudu! Pour le reste, bien d'accord. Cela rejoint en partie ce que disent Pinçon-Charlot (même s'ils sont pas mal critiqués) voire ce qu'en dit E.Todd dans son livre sur les luttes de classes au XXIe siècle. Après je distingue les 1% les plus riches, hors-sol physiquement (parfois hélicoptère en guise de taxi) des autres.
Je ne vois guère de solution politique dans le système de vote actuel avec le blocage profitant encore toujours à celui qui n'est pas l'autre, peu importe qui il soit d'ailleurs. Je suis plutôt pessimiste car même si le personnel politique peut poser de bons diagnostiques (ex grossier : avoir bien su identifier que les """ premières lignes """" étaient essentielles), le résultat est quand même la fermeture de lits à l'hôpital.

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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 02 Juin 2021 22:01 
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Jean-Pierre Vernant
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Le problème se complexifie de l'intégration mondiale des problématiques économique, le risque d'être mis au ban des nations en quelque sorte si un Etat commence à appliquer des politiques économiques dites hétérodoxes provoquant de fait une sorte de prophétie auto-réalisatrice : "vous voyez bien qu'en dehors de l'orthodoxie libérale point de salut puisque votre système bat de l'aile" oubliant d'expliquer qu'une fuite massive des capitaux, des pressions économiques... mettent le pays en grande difficulté. Bref, il y a un logiciel économique mondial à réinventer, des choses aussi délirantes que la Nouvelle division internationale du travail à proscrire... La timide sortie de Biden sur une possible tentative d'obtenir un plancher de 21% d'imposition des bénéfices des entreprises laisse entrevoir l'idée que peut être en haut lieu ça commence à se dire que le dumping fiscal est nocif aux Etats... mais on est bien loin d'une prise de conscience globale et encore plus d'une réelle action. On gère donc la pénurie.

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Message Publié : 04 Juin 2022 20:00 
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Grégoire de Tours
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Bonsoir,
Je ne comprends pas une chose : sur parcours sup, vœux en attente, ils mentionnent « place sur la liste d’attente » et « position dans le classement ». Quelle est la différence ? Qu’est-ce que cela veut dire?


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 Sujet du message : Re: Parcours sup
Message Publié : 05 Juin 2022 10:51 
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Pédro a écrit :
La timide sortie de Biden sur une possible tentative d'obtenir un plancher de 21% d'imposition des bénéfices des entreprises laisse entrevoir l'idée que peut être en haut lieu ça commence à se dire que le dumping fiscal est nocif aux Etats...

Comparaison baroque : en Afrique, une flopée de pays n'ont pas le moyens de payer une armée qui tienne en respect les groupes rebelles qui pillent les richesses minières et disposent donc de moyens bien supérieurs pour acheter des armes et mettre une région minière en coupe réglée, asservissant les civils au passage...

L'ordre ultra-libéral règne sur nos économies, les entreprises font ce qu'elles veulent et vont où elle veulent. Ancien consultant industriel, jamais, je l'ai déjà dit, je n'aurais imaginé me dire anticapitaliste. Mais ce capitalisme affranchi des états, je n'en veux plus ! :rool:

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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