Bonjour
J'ai obtenu ma licence d'Histoire en 96, fait Sciences Po Bordeaux dans la foulée avec diplôme à la clef (sorti avant-dernier mais bon... je l'ai eu !).
J'étais un étudiant moyen, pour info.
Ensuite, j'ai passé des concours, parce que mon ambition était dans le service public. Pas "être fonctionnaire" mais bien "servir le public", nuance. Si si !
Pendant mes 2 ans à Sciences Po, dans les épreuves de culture générale, je ne parlais quasiment que d'Histoire (et de Géo). Parce que ma culture était là. Et c'était handicapant, parce que j'étais censé avoir une vision plus large des choses.
Une fois sorti de Sciences Po, par contre, j'étais capable d'élargir les sujets, de ne pas rester bloqué sur l'Histoire. Ca a été un atout quand j'ai commencé à passer les concours. Ca et bien sûr les techniques d'épreuves apprises à Sciences Po, en particulier la note de synthèse que, à l'époque, je n'avais jamais testé en fac (et c'est une épreuve tellement technique que sans entrainement, c'est fichu d'avance)
J'ai vu dans ces concours des jeunes ignorant tout de cette épreuve, ils n'étaient pas franchement à l'aise, à juste titre.
Aujourd'hui comme à l'époque, passer des concours en A voire B sans formation, ça ne me paraît difficile, surtout quand d'autres candidats l'ont fait.
Bref, j'ai alors réussi le concours d'Attaché Territorial (cadre A, administratif). Et là, j'ai moins rigolé car un concours de la Territoriale ne donne pas de poste : il faut candidater, comme dans le privé, donc CV + lettres de motivation + entretiens si on est retenu.
Verdict : mon profil "Histoire" n'intéressait pas... A l'époque, les collectivités cherchaient des juristes, des DRH, des DGS (responsables d'administration). Je n'ai vu qu'un seul poste où un profil de diplômé en Histoire était demandé (sachant que je cherchais sur toute la France) : c'était dans le Midi, responsable de service culturel à Vitrolles. Rappel : on était à la fin des années 90 ; Vitrolles était une municipalité FN. Et je ne suis pas FN.
Les seuls entretiens que j'ai eu, c'était les postes où personne ne voulait aller, notamment les DGS de petites communes rurales, ou dans le social - où j'ai fini. J'y suis resté 1 ans 1/2, le temps de comprendre que cadre, c'était en fait pas du tout pour moi, et que le social, c'était carrément trop dur quand on n'a pas la vocation.
Plus tard, une fois viré et après avoir re-passé de nouveaux concours (argh), j'ai réussi celui d'Assistant du Patrimoine, et réussi à trouver un poste en bibliothèque - où je suis toujours. Mon profil en Histoire a intéressé le recruteur, et j'ai eu la chance énorme (vraiment énorme) de pouvoir m'occuper de ce domaine dans ma bibliothèque.
En fait, comme beaucoup dans ma bibliothèque, j'ai presque créé mon poste ! (l'avantage de participer à la création d'un nouvel établissement
)
Bibliothécaire, c'est l'autre grand classique après prof pour des diplômés en Histoire. A la différence que le métier ne recrute quasiment plus (les communes n'ont plus d'argent
).
Donc voilà mon petit retour d'expérience.
Si un jeune me demande si ça vaut le coup de faire des études d'Histoire et qu'il ne veut ni enseigner ni faire de recherche, je lui répondrai de s'abstenir. De garder l'Histoire comme loisir, pas comme job.
Je suis sûrement désabusé, mais trouver un job est trop difficile pour nos jeunes aujourd'hui pour prendre des risques