Une historienne annonce que Mozart ne serait pas autrichien mais Salzbourgeois (indépendante lors de sa naissance).
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Lundi 30 janvier 2006
Mozart, le Salzbourgeois, n'était pas autrichien
Célébré universellement, Mozart, enfant chéri et symbole par excellence de l'Autriche, n'était en fait pas autrichien, mais plutôt allemand et surtout salzbourgeois, selon les historiens.
La question frisant le lèse-majesté n'est guère appréciée par les Autrichiens alors qu'est fêté en grande pompe dans tout le pays le 250e anniversaire de la naissance de Wolfgang Amadeus Mozart à Salzbourg, alors indépendante.
Pourtant, les dictionnaires, tels le français Robert et l'américain Merriam Webster's, écrivent bien: "Mozart, compositeur autrichien 1756-1791".
Ils se trompent "mais presque personne ne le sait", indique Geneviève Geffray, responsable de la bibliothèque de la fondation Mozarteum à Salzbourg, aujourd'hui troisième ville d'Autriche après Vienne et Graz.
Cette principauté épiscopale, petite mais de rang important, était au 18è siècle l'un des multiples Etats du Saint-Empire romain germanique, l'Allemagne morcelée qui ne deviendra un Etat que bien plus tard. Salzbourg ne fut rattachée à l'Autriche des Habsbourg qu'en 1816, après une occupation par les troupes de Napoléon.
Il est vrai que Mozart passa les dix dernières années de sa vie (1781-91) dans la Vienne impériale, alors capitale de l'Autriche et du Saint-Empire.
Cependant, ajoute Mme Geffray, contrairement à son père Léopold, originaire d'Augsbourg (en Bavière allemande) et qui se proclamait salzbourgeois, "Mozart n'était guère intéressé par l'idée de nationalité".
Peter Marboe, grand ordonnateur des fêtes Mozart 2006 à Vienne, déclare: "C'était un Salzbourgeois, oui, historiquement. Mais d'esprit un Autrichien et en Autriche son soleil ne se couche jamais".
Si le compositeur se disait "allemand", c'était à cause de la langue, de la culture et de la musique allemandes, estime-t-il.
La porte-parole du chancelier autrichien Wolfgang Schüssel, Verena Nowotny, se veut oecuménique: "C'était un compositeur universel, un Européen sans frontière. Il serait erroné de le prétendre seulement autrichien", dit-elle à l'AFP.
Grand voyageur dans toute l'Europe, le compositeur n'aimait pas Salzbourg, qu'il jugeait trop étroite d'esprit et où il entretenait de mauvais rapports avec le prince-archevêque Colloredo.
Il lui préféra Vienne plus cosmopolite mais inconstante et aima surtout Prague, la capitale de la Bohème, alors partie de la maison des Habsbourg.
Le concept d'identité nationale a du reste été longtemps flou pour les Autrichiens: après le démembrement en 1919 de l'Autriche-Hongrie multi-ethnique en Etats indépendants de nationalités diverses, "ce qui restait", les habitants de langue allemande, se retrouvèrent dans la petite Autriche dans ses frontières actuelles, un pays économiquement non viable.
Le rattachement à l'Allemagne, avant l'annexion hitlérienne de 1938, fut ensuite envisagé par beaucoup, non seulement par les nazis, mais aussi à gauche.
Se fondant sur une enquête, le politologue viennois Peter Ulram écrit que "le sentiment national autrichien s'est mis en place après 1945 et ne s'est consolidé que dans les années 80".
D'autant que, suivant une boutade courante, "les Autrichiens sont parvenus à faire croire au monde que Hitler était allemand et que Mozart était autrichien"...