Cellix a écrit :
Je suis à peu près du même avis qu'OlivierT et complète la question par une autre question: Faut-il être avant-gardiste pour ne pas être ringard?
Pas si sûr, en fait... si les dodécaphonistes, sériels et autres sont considérés comme “avant-gardistes”, il n'est pas certain que leurs noms, dans l'avenir, soient plus connus qu'actuellement. Avant-gardisme rime souvent avec snobisme et, loin de dénigrer les auteurs contemporains (Schönberg, Boulez, Cage, ...), il faut bien reconnaître que Chostakovitch reste globalement plus accessible d'écoute au grand public, et même aux musiciens, et qu'il y a peu de chance que cela change...
À la question posée par Cellix je répondrait que non, si être avant-gardiste signifie un rejet du language dominant. Par contre certaines oeuvres de Shostakovitch sont "ringardes" pour plusieurs raisons "politiques" mais elles le sont musicalement parce qu'elles n'apportent rien de nouveau.
Aussi, juste pour que ce soit clair, plus personne (ou presque) aujourd'hui n'écrit de la musique sérielle comme Schoenberg ou le jeune Boulez l'ont fait. Par contre, une partie de l'esthétique a été intégré par les compositeurs contemporains. Grace (pardonnez-moi pour les accents , ce n'est pas mon clavier habituel ) aux inaudibles sérialistes nous sommes aujourd'hui habitués aux septièmes majeurs et autres dissonances.
Le terme "avant-garde" est aussi trop souvent utilisé comme "inhabituellement déplaisant". C'est un concept relatif. Le cinéphile adepte du cinéma de répertoire pourra trouver le dernier James Bond absolument insipide et sera transporté par un film dit "d'avant-garde". Par contre un film comme dogsville de Lars Von Trier rebutera un amateur de cinéma n'ayant jamais tenté de se frotter à autre chose que les "top 10" de Blockbusters.
Il en va de même en musique. La plupart des compositeurs d'aujourd'hui qui tentent d'avoir un succès populaire (et c'est la le fond du problème...le but) me laissent totalement froid. J'ai toujours l'impression d'écouter une copie, de Stravinsky Copland ou Debussy.
Dans ces cas là, le problème n'est pas tellement que le résultat est mauvais. La plupart du temps ce sont des compositeurs avec un bon métier, une bonne technique. Le problème c'est que l'original est toujours meilleur. On ne refait pas le sacre du printemps. Pourtant des centaines de compositeurs du vingtième siècle on essayé avec sensiblement toujours le même résultat...de belles partitions toutes neuves qui jaunissent doucement dans une bibliothèque obscure sans jamais être utilisées. Pourquoi? Parce que tant qu'à y être pourquoi ne pas carrément jouer le Sacre?
Par contre, il n'est pas dit que l'on ne puisse créer une oeuvre valable ( c'est dur comme terme mais personnel je vous assure) à l'aide d'un language archi-connu. Dans ce cas, l'oeuvre que me vient à l'esprit n'est pas musicale (j'y reviendrai) mais plutôt littéraire. "Cyrano de Bergerac" d'Edmont Rostand, écrite en 1897 met en scène un language tout ce qui a de plus à l'opposé de l'avant-guarde. Pourtant, un travail collosal, un objectif artistique clair, bien réalisé et un message original on fait de la pièce un incontournable. On ne peut remplacer Cyrano par une pièce de Corneille ou de Racine, c'est un "nouvel ouvrage".
Pour ce qui est de Shostakovitch. Il utilise un système "tonal" parce qu'il n'abandonne jamais les bornes tonique/dominante mais il étire les limites du languages ses parcours harmoniques, mêmes s'il se terminent aux endroits convenus ( la plupart du temps) sont originaux et traduisent un but artistique original.
Dans son cas, le lieu commun est de parler de "frustration" et "répression". Dimitri étant mal à l'aise comme artiste dans un régime qui maintient dans un cadre rigide. Il trouve des solution pour l'étirer sans se faire taper sur les doigts et c'est ce qui fait sont originalité (entre autres).
Mentionnons aussi l'utilisation massive de folklore juif ou russe dans son oeuvre qui parlent directement à l'amateur.