Tribune de Genève, 5 mai 2009
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La birème Kybele, réplique des navires antiques qui croisaient en Méditerranée, quittera bientôt le village turc de Foça (Phocée) avec vingt rameurs à son bord, pour Marseille, la ville du sud de la France fondée il y a 2.600 ans par les Phocéens.
Les préparatifs se poursuivent sur le quai de ce tranquille village situé près d'Izmir (ouest de la Turquie), avant l'appareillage probable la semaine prochaine de l'embarcation à la silhouette inhabituelle: un peu drakkar, un peu boutre de la Mer rouge.
Le départ a déjà été reporté plusieurs fois, car outre des problèmes administratifs (visas, autorisations) il faut compter avec les conditions météo, sur un bateau où le gouvernail ressemble à un soc de charrue.
Quant à la voile qui permet aux rameurs -- des étudiants et membres de l'"Association 360 degrés" à l'initiative du projet -- de se reposer un peu sur les bancs de nage, c'est un rectangle sommaire de coton qui ne sera guère efficace qu'au vent arrière.
"C'est la réplique la plus exacte possible des bateaux de l'époque. Il a été construit à partir de ce qui a été retrouvé lors de fouilles, en particulier sur les jarres", explique le capitaine et archéologue Osman Erkurt.
La coque étroite en bois a une vingtaine de mètres de longueur, compte tenu de l'éperon qui prolonge l'étrave, rappelant que ces embarcations étaient aussi des navires de combat, où les rameurs se transformaient souvent en guerriers.
Kybele doit suivre la route des colons grecs phocéens, à partir de ce qui était en l'an 600 avant Jésus Christ l'Asie mineure, aujourd'hui la côte turque, jusqu'à Marseille, en faisant des escales presque quotidiennes en Grèce et en Italie.
Après une navigation côtière de 2.300 milles, l'arrivée au Vieux port de Marseille est prévue le 1er juillet, pour coïncider avec l'ouverture de la Saison de la Turquie en France, a expliqué l'ambassadeur de France en Turquie, Bernard Emié, lors d'une petite cérémonie à Foça le week-end dernier.
Jusqu'à la fin de cette saison en mars 2010, plus de 400 événements culturels et économiques et sociaux sont prévus en France, pour faire découvrir la Turquie.
Le périple de Kybele -- du nom de la déesse anatolienne Cybèle adorée dans les cités grecques d'Orient et jusqu'à Rome et Marseille -- se poursuivra jusqu'à Paris par le Rhône, la Saône et la Seine, puis sur le Danube, selon les organisateurs.
Le coût global est d'environ 750.000 euros, pris en charge en partie par des entreprises locales, et le projet est soutenu notamment par le Centre culturel français d'Izmir (la Smyrne antique), et les mairies de Foça, Marseille et Cassis.
A son retour en Turquie, la birème doit participer aux activités prévues lors de l'événement "Istanbul, capitale européenne de la culture", en 2010.
Kybele doit suivre la route des colons grecs phocéens, à partir de ce qui était en l'an 600 avant Jésus Christ l'Asie mineure, aujourd'hui la côte turque, jusqu'à Marseille, en faisant des escales presque quotidiennes en Grèce et en Italie.
Voici l'itinéraire
http://www.nokta-yachting.com/Detail.43 ... d82ac2609fIl y avait déjà eu un article de Caroline de Malet dans
le Figaro fin 2007 :
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Une galère sur les traces des anciens Phocéens
Un bateau antique, reconstitué, va tenter de relier Phocée, en Turquie, à Marseille, en 45 jours pour tester les modes de navigation passés.
(...)
Les navires phocéens les plus célèbres dans la littérature sont les pentécontères, bateaux de guerre à cinquante rameurs, de 35 mètres de long sur 5 de large, apparus lors de la guerre de Troie, au XIIe siècle avant Jésus-Christ. Pourtant, 360° a préféré porter son dévolu sur une birème, une galère de l’Antiquité comportant deux files de rameurs à chaque bord, soit vingt au total, ce modèle étant mieux connu.
Le chantier, qui se trouve à Urla, a démarré en avril dernier. Avec sa proue en forme de tête de cochon sauvage coulée en bronze, le navire devrait être prêt à se lancer à l’assaut de la Méditerranée en avril 2008. L’objectif est qu’il arrive à bon port en 2009, pour participer à l’année de la Turquie en France. Sa destination finale devrait même être Paris, où 360° espère bien, en effet, l’acheminer via des canaux jusqu’au pied de la tour Eiffel, pour qu’il y soit exposé. Si le bateau n’a pas encore été baptisé, l’idée de Cybèle, du nom de la déesse des Phocéens, vient d’être lancée.
Le propos d’une telle expédition est de mieux appréhender la navigabilité des navires de guerre, nombre d’experts estimant aujourd’hui que ces derniers étaient impossibles à manier. Malgré une flotte plus importante, les Perses ont ainsi dû s’incliner face aux Grecs, lors de la bataille de Salamine, en 480 avant Jésus-Christ, ces derniers étant plus habiles en navigation. D’où les Cassandre, qui prédisent à cette expédition d’aller de Charybde en Scylla. La galère parviendra-t-elle à passer le cap de Sicile, au large duquel tous les bateaux ont coulé, selon l’Odyssée, à l’exception de celui d’Ulysse ?
La question sous-jacente est de comprendre si la colonisation a pu être menée à l’aide de bateaux de guerre. Un débat oppose actuellement à ce sujet les historiens, qui se fient à la littérature, et les navigateurs, qui jugent que celle-ci n’a pu se faire sans transporter du matériel et des vivres, ce que ne permettent que les navires de commerce. La traversée au côté de Cybèle d’un bateau de commerce, également en chantier actuellement, apportera ses arguments au débat.
360° n’en est pas à sa première expérience d’archéologie expérimentale. À son actif, on compte déjà la reconstitution d’un bateau de l’âge de bronze, qui s’est échoué vers 1400 avant Jésus-Christ au large de Bodrum. Cette épave a été découverte en 1984 et ses soutes étaient remplies d’une cargaison de lingots, bracelets et autres trésors considérés comme autant d’offrandes adressées par la reine d’Égypte Nerfertiti au roi des Hittites, peuple d’Asie mineure. Son double, Uluburun, qui a permis de conforter les archéologues dans leurs hypothèses, a déjà parcouru 3 000 milles marins depuis 1995. Bon vent également à Cybèle...