PARIS SON HOTEL DE VILLE ET L'ANCIENNE PLACE DE LA GREVE. (Eric VARIN . Janvier 2004)
Dès l'époque gallo-romaine, les échanges commerciaux amènent à la création du petit port de la Cité. Ce dernier devient vite trop étroit pour les activités marchandes croissantes. Aussi est-il délaissé pour une plage plus vaste, celle de la Grève. C'est là, qu'au XII ème siècle, les marchands y établissent un véritable port. En 1246, Saint Louis renforça les pouvoirs de la puissante hanse des marchands de l'eau, qui obtiendra notamment la création d'une sorte de tribunal de commerce, le Parloir aux bourgeois, véritable ancêtre de la municipalité, dirigé par l'un des leurs, le prévôt des marchands. En 1357, le prévôt Etienne Marcel installe l'administration principale de la ville dans un ensemble de bâtiments dont les façades sont soutenues par des étais, la Maison aux piliers (située alors Place de la Grève). Véritable centre économique de la Cité, la place était aussi, durant le Moyen Age, le rendez-vous des ouvriers sans travail, espérant ainsi proposer leurs services, d'où l'expression "faire la grève". C'est aussi la, que l'on célèbre la Saint - Jean, ainsi que les bonheurs de la famille royale. La Maison aux piliers remplit son rôle jusqu'en 1533, date à laquelle François Ier décide d'offrir à la ville un hôtel de ville fastueux. Imaginé par l'architecte italien Domenico da Cortona, dit le Boccador, ce palais raffiné, typique de la Renaissance française, voit sa construction s'éterniser, pour être achevé en 1628. La future place de l'Hôtel de ville est avant tout un symbole politique, et ce nouveau bâtiment est le témoin de grandes manifestations populaires (Processions de la Ligue à la fin du XVI ème siècle par exemple), alors que la place devient le lieu des exécutions capitales.2 Une croix gothique est même placée en son centre pour recevoir les dernières prières des condamnés..... Le 27 juillet 1794, croyant y trouver refuge, Robespierre est arrêté à l'intérieur de l'Hôtel de Ville. Puis à partir du Premier Empire, il sera le cadre de splendides réceptions (Mariage de Napoléon et de Marie-Louise, Naissance de l'aiglon, sacre de Charles X,....). C'est du parvis même de ce bâtiment, que Lamartine s'adresse à la foule après la fuite du roi. C'est la aussi que se constitue le gouvernement provisoire en février 1848 à la chute de Louis-Philippe, qui avait fait embellir et agrandir le château. En 1853, Napoléon III demande au baron, Haussmann de dégager l'Hôtel de Ville et sa place. C'est le retour des réceptions fastueuses. Le 4 septembre 1870, la III République y est proclamée, avant que la Commune n'y établisse son quartier général le 26 mars 1871. Le soir du 24 mai, un incendie y est allumé. Il durera 8 jours, entraînant la disparition d'œuvres d'art (tableaux d'Ingres et de Delacroix), d'une très belle bibliothèque de plus de 100000 ouvrages, des archives de la ville....Du palais construit par le Boccador, il ne reste plus qu'une arcade calcinée. Pour reconstruire l'Hôtel de Ville, le gouvernement organise un concours, gagné par les architectes Ballu et Deperthes, qui optent pour une reconstruction à l'identique. Inauguré en 1882 par Jules GREVY, le monument conserve sa double vocation : siège de l'administration municipale et lieu de réception. La façade comporte les statues de 108 personnages célèbres à Paris, celles symbolisant 30 villes de Province, alors que le fronton de l'horloge abrite une statue de femme représentant la capitale.
1 : HANSE D'après la 9ème édition du dictionnaire de l'Académie Française : n. f. XIIIe siècle. Emprunté du moyen haut allemand hanse, de même sens, de l'ancien haut allemand hansa, « troupe de soldats ». HIST. Au Moyen Âge, association des marchands d'une région, telle qu'il s'en forma notamment dans les ports et les villes de l'Europe du Nord. Spécialt. La hanse germanique ou teutonique ou, absolt., la Hanse, association de cités marchandes commerçant dans la Baltique et la mer du Nord, du XIIe au XVIe siècle. Hambourg, Brême, Lubeck appartenaient à la Hanse
2 : Les gentilshommes y étaient décapités à la hache ou à l'épée. Ceux condamnés pour sorcellerie ou hérésie étaient brûlés vifs. Les assassins seront roués, alors que les crimes de "lèse-majesté" seront condamnés à l'écartement. A partir du 13/05/1793, la guillotine sera, jusqu'en 1795, installée près de la grille des Tuileries.
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