marc30 a écrit :
De là à dire que Trump ou Bush sont des quasi Hitler, il y a un pas qui n'est pas encore franchi mais qui est tout de même implicitement proche
Par contre je n'ai jamais entendu un allemand critiquer l URSS ou la Russie (ni Israël) - une hypothèse : le sentiment de culpabilité semblerait perdurer de ce côté alors que la guerre à l'ouest serait revisitée comme un remake de 14-18 avec torts partages des deux côtés ???
Rien à faire, l'Allemagne reste en France propice aux fantasmes. (J'ai déjà parlé de la polémique ahurissante qui avait accompagné la sortie du film allemand "la Chute" : en donnant figure humaine à Hitler, les Allemands ne retournaient-ils pas à leurs vieux démons ? Alors que ce film est excellent et ne fait en aucun cas la promotion du nazisme.)
Que les jeunes Allemands n'apprécient ni Bush ni Trump ne les rend guère différents de la majorité des jeunes européens, je pense. Aller chercher dans cette vision fortement pacifiste une envie de dédouaner Hitler est encore un fantasme franco-français. (Dont on se demande s'ils s'éteindront un jour.) Après on peut juger que leur pacifisme est parfois poussé jusqu'à l'excès, comme cela s'est vu au moment de la crise des Euromissiles.
Pas de critique contre l'URSS ? La RFA a fait face pendant 40 ans, en première ligne, aux troupes du Pacte de Varsovie. Les anciennes générations gardaient un souvenir épouvanté de la fin de la guerre à l'est et des exactions de l'Armée Rouge. A tel point que la RFA n'a jamais vu se développer un Parti Communiste (alors que ce parti était puissant en France et en Italie), une idée totalement impopulaire : s'il y a une chose dont les Allemands de l'Ouest ne voulaient pas... (De plus leur connaissance de la vie en RDA, sans parler du Mur et du Rideau de Fer, ne risquait pas de les faire changer d'avis.)
En revanche il y a une chose à prendre en compte, c'est l'intérêt constant des Allemands pour ce qui se passait à l'est. Si en France on ne parlait JAMAIS des pays de l'Est (Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie semblaient avoir disparu sur une autre planète, et ça reste vrai, d'ailleurs : ça n'intéresse pas le public français) les Allemands, d'abord avec l'Ostpolitik de Willy Brandt, puis très naturellement après la Chute du Mur, se sont toujours intéressés à leurs voisins de l'Est. C'est d'ailleurs l'ancrage traditionnel de l'Allemagne dans la Mittel Europa.
Je me souviens de la déconvenue de Renault dans le rachat de la marque Skoda : libérés du communisme, les Tchèques mettent en vente, pour qu'elle soit adaptée aux standards occidentaux, la marque et les usines Skoda, en ajoutant au cahier des charges des garanties sur l'emploi et sur le développement effectif futur de l'activité. Renault fait une offre très honnête, bien convaincu que jamais les Tchèques n'iraient leur préférer le pays qui leur a laissé le souvenir de l'invasion nazie. Volkswagen sort le grand jeu, décrit comment il va faire, très vite, de Skoda une marque européenne du groupe VAG et y ajoute un gros chèque. Moins d'un mois après le rachat, les chaines de Skoda, à côté de leur modèle antique, commençaient à fabriquer des VW Polo, une politique industrielle "low cost" très logique pour le groupe VAG. Les mines étaient longues à Billancourt : mauvaise analyse géopolitique, entre autres erreurs.
C'est comme cela. Helmut Kohl disait, avant même la chute du Mur :"Quand on est sur le pont Charles à Prague on n'est pas sur la lune ! On est au centre géographique de l'Europe."
Avec les Russes les Allemands restent ouverts et parlent, ont conclu depuis peu un accord sur le gaz destiné à alimenter leurs futurs centrales, mais il faut reconnaître à Angela Merkel (et c'est une constante chez elle) qu'elle n'a jamais oublié de parler franchement à Poutine, dont les oreilles ont sonné plus d'une fois. Les Allemands - le croirez vous ? - sont intraitables sur les droits de l'homme.
(on est au delà de la limite chronologique, dès qu'on parle de la Russie.)
Sur Israël, l'Allemagne a longtemps été un de ses meilleurs alliés. Joschka Fisher :"La survie d'Israël est le premier paragraphe non écrit de la constitution allemande." J'ignore où ils en sont aujourd'hui, et quelle est l'opinion des jeunes Allemands sur le sujet. (mais vous pouvez imaginer que la popularité d'israël chez les jeunes...)