Jean-Marc Labat a écrit :
En cherchant sur le non remboursement, je suis tombé sur cette analyse qui m'a paru intéressante, quoique bien complexe pour un esprit ignorant de l'Islam comme je le suis. Mais il semble qu'il y ait d'autres exégèses qui sont contradictoires.
https://oumma.com/la-riba-le-pret-a-int ... -en-islam/Merci pour la référence, mais elle m'a l'air actuelle : même si l'exégèse sort une pratique fort intéressante : le doublement du prêt passé une certaine date - ce qui fait penser à un échéancier primitif, la notion d'intérêt a toujours été visée par la législation. Un autre détail intéressant : il est bien dit que les produits financiers islamiques coûtent plus chers que les produits bancaires normaux, à cause de la technicité plus grande et de la commission du "religieux" qui certifie la transaction.
En recherchant une réponse à ma question, je suis tombé sur ce texte également intéressant qui éclaire un peu la pratique du prêt au début des Abassides :
les prisonniers dans la société musulmane. Comme en Occident chrétien, l'enfermement n'avait pas valeur de châtiment : il s'agissait plutôt d'amende, de flagellation, mutilation, mise à mort. Néanmoins, outre les prisonniers politiques que le pouvoir pouvait enfermer sans justification, les cadis qui administraient la justice dans les villes pouvaient exiger la détention d'un prévenu en attente de jugement. Le principal motif d'incarcération était l'endettement. L'objectif assumé était de faire pression sur le prévenu pour qu'il finisse par payer. La doctrine hanafite prescrivait une durée limitée de détention, après laquelle le cadi doit faire l'inventaire des biens du prévenu et les vendre aux enchères à titre de compensation pour le créancier, puis élargir le prévenu.
Si le créancier n'est pas satisfait, il semble qu'il peut recourir à une forme de harcèlement en suivant continuellement le débiteur (mulâzama). Cela doit correspondre à la pratique chinoise de faire passer des voitures avec des hauts-parleurs sous les fenêtre des mauvais payeurs. Il semble que certains trouvaient la prison moins infamante.
De manière amusante, c'est donc sur le cas des mauvais payeurs que les juristes ont bâti le droit carcéral : de nombreuses décisions attribuent aux détenus le droit de conserver des relations avec l'extérieur, d'avoir des serviteurs, des relations sexuelles - en achetant une esclave ou en forçant Madame aux visites conjugales

- et de conduire ses affaires. Il s'agit bien d'un droit de marchands !
"Promis, je refais fortune et je rembourse toute mes dettes !" 
Pour ce qui est de la pratique, les chroniques mentionnent les cas de pauvres diables oubliés dans les geôles attendant l'arrivée d'un nouveau cadi qui recensera les détenus et tentera de retrouver leurs créanciers pour voir s'ils sont toujours endettés, l'administration de l'époque étant semble-t-il trop faible pour suivre correctement les affaires.