calame a écrit :
Formulons la question à l'envers, peut-être... Peut on parler d'une "nation arabe" avant l'invasion Saljukide ? Les populations étaient en majorité non-arabes, déjà présentes avant la conquête. Au Maghreb, une très grande proportion de berbères, loin d'être tous islamisés avant le XIXe siècle, en Egypte des Coptes, en Iran des persans et des Turcs... Comme Sami, je préfère largement parler de monde islamique, c'est à dire d'une zone dominée par des dirigeants musulmans, issus, au moins au début, des armées Arabes (pour les Umayyades et les Abbasides), mais qui recouvre des réalités variables. D'ailleurs, en Egypte, depuis le milieu du IXe siècle, ce sont des Turcs qui dominent (Tulunides, Ikhshidides), et pourtant, le Caire est un des plus grands centres scientifiques et culturels de son époque ! Pour la Cordoue du XIIe siècle, combien y-avait-il d' Arabes, par rapport aux populations autochtones ?
D'accord avec vous, et nous parlons justemant d'histoire des musulmans mais d'
une histoire vue par les Arabes (cf. le titre du fil de discussion). J'omets donc volontairement les participations syriaques, persannes, coptes, berbères, indiennes, etc.
calame a écrit :
D'ailleurs, si vous estimer que les Turcs mettent à bas la "civilisation arabe", il fut remonter plus tôt, aux invasions buyides : n'oubliez pas qu'à partir de 945, les Abbasides ont été mis sous tutelle par cette dynastie, et l'arrivée des Saljukides a parfois pu être vue plus comme une libération du calife abbaside.
On parle donc bien de Seldjoukides et non des autres dynasties et clans turcs car la créativité arabe florissante n'est pas mise à mal par les "invasions buyides" mais date bien de la prise de pouvoir seldjoukide (1065) après laquelle elle disparaît à jamais en quelques décennies.
calame a écrit :
Ceci dit, on peut quand même citer l'importance des Juifs dans la médecine au XIIe siècle, illustrée en particulier par le célèbre Maïmonide, médecin de Saladin. Pensons aussi à Avicenne, savant protégés par l'émir buyide Samsam al-Dawla...
Et après Maïmonide ?
calame a écrit :
Certes, les invasions mongoles furent très très destructrices. Mais à partir du milieu du XIIIe siècle (quelques décennies après la prise de Baghdad en 1258), on assiste en Iran à un foisonnement des sciences, avec construction de bibliothèques et d'observatoires astronomiques (celui d'Ulugh Beg à Samarkand, notamment), avec des savants de tous horizons (venant du Proche Orient, persans, ou étrangers au monde islamique, et de confessions variées). Ni noir ni blanc, donc
Nous parlons d'une histoire arabe et non perse. Maintes fois vaincus et envahis (par les Grecs, Arabes, Turco-Mongols...), les Perses ont toujours réussi à tirer leur épingle du jeu en Histoire. La nation perse ressemble au Phoenix.
calame a écrit :
Oui, mais avant ou après l'invasion Saljukide itou. Et on a vraiment trop tendance à considérer le moyen-âge occidental comme une période sombre : bien sûr, les sciences s'y sont développées, en partie grâce aux apports du monde islamique.
Apports cultivés dans le monde arabe jusque dans les quelques décennies suivants suivant la domination seldjoukides.
calame a écrit :
Auriez-vous des exemples de ces innovaations, que l'on ne retrouverait pas après l'invasion saljukide ?
Les innovations médicales (rôle de l'alcool dans la chirurgie, anatomie humaine),
"al-"chimiques (distillation) ou littéraires (romans et poèmes mettant en scène des situations impudiques et osées comme les
Mille et une nuits ou autres odes à l'ivresse) cessent en quelques décennies après la domination seldjoukides.
calame a écrit :
Le construction des madrasa sous les Saljukides était sans doute fortement liée à leur sunnisme, mais elle a aussi permis une diffusion exceptionnelle des sciences.
Mieux ou moins bien que les universités arabes fondées à partir du VIIIe siècle ? Catéchisme contre savoirs universitaires ?