Alain.g a écrit :
Massinissa a écrit :
voir le Palais de Palerme qui ressemble fortement à une architecture maghrébine.
Jje l'ai visité et plutot trouvé de style romano-byzantin avec des influences du style arabe. La chapelle royale est typiquement byzantine.
La chapelle palatine
Certes pour les mosaïques (et encore, les intrados des arcs ont des motifs parfois islamisants), mais si vous avez levé les yeux, le plafond de la chapelle palatine de Palerme est dans un style purement islamique. On pense que ce sont des artistes ifriqiyens ou fatimides égyptiens qui l'ont décoré, notamment en raison du style des peintures des
muqarnas (les "stalactites").
Les décors de marbre au sol peuvent aussi avoir des influences ou des créateurs islamiques.
http://www.qantara-med.org/qantara4/pub ... do_id=1160 (le texte est bon)
Quelques images :
http://archnet.org/library/images/one-i ... _id=106914http://archnet.org/library/images/one-i ... _id=130129http://commons.wikimedia.org/wiki/File: ... mo_002.jpg (prince au gobelet, type de représentation typiquement islamique)
http://commons.wikimedia.org/wiki/File: ... mo_001.jpg (aigle enlevant un personnage, motif très islamique rappelant l'enlèvement de Zal dans le Shah Nameh)
File:Arabischer Maler der Palastkapelle in Palermo 004.jpg
http://commons.wikimedia.org/wiki/File: ... mo_003.jpg(Ces deux images aussi utilisent des conventions stylistiques qu'on retrouve dans l'art du livre arabe).
Pour une étude du plafond de la chapelle palatine, la référence est Monneret de Villard (v. 1950 je crois, en italien) et il me semble que Grube a publié quelque chose plus récemment. Il y a également une analyse dans
La peinture arabe d'Ettinghausen (chez Skira)
Citer :
Coupoles et arcades sont typiquement romano-byzantines comme on le voit dans l'image ci-contre de Sainte Sophie du Vi siècle. On trouve des arcades très fréquemment dans l'art romano-byzantin et dans l'art romain de l'empire.
Vous cherchez des origines bien lointaines et bien anciennes, et appliquez le terme de "typiquement" bien vite ! Arcs et coupoles se trouvent largement dans toute la Méditerranée à cette époque, et ne justifient l'existence d'aucune influence. Ce sont des outils connus depuis bien longtemps, mais vous les décontextualisez complètement : quel rapport en effet entre des arcs en plein cintre de Sainte-Sophie ou Saint-Vital de Ravenne (mais vous en trouverez également dans tout l'art roman en France, en Italie, en Angleterre... et dans tout l'art islamique, à Cordoue, au Maghreb, en Syrie...), qui soutiennent visiblement une architecture de pierre et organisent l'espace de manière particulière (division en 3 nefs notamment) et les arcs brisés, visiblement en brique, qui forment autour d'une cour ou d'un jardin ouvert une arcade ?
Par contre, cette organisation rappelle fortement celle des mosquées à plan arabe présentes en Egypte à la même période (Al-Azhar, al-Hakim), ou en Ifriqiya, modèle facilement visibles par les artistes de Sicile, et "à la mode". (On ne connaît malheureusement - à ma connaissance du moins - pas d'exemple de palais cette période, les deux palais fatimides du Caire ayant été détruits).
De plus, la tour à l'arrière, de forme carrée avec ses ouvertures, pourrait rappeler des minarets maghrébins, dont la caractéristique est justement le plan carré et l'usage de la brique. Un exemple avec celui de la Qala'a des Banu Hammad (
http://www.qantara-med.org/qantara4/pub ... ?do_id=457).
Enfin, la coupole, comme l'arc, est un outil dont il existe un nombre infini de forme. Comparer les coupoles du palais de Palerme avec celle de Sainte-Sophie, c'est très exagéré : elles n'ont ni la même forme, ni la même taille, ni sans doute la même zone de transition. Par contre, le concept de cube sous coupole, que l'on note bien ici, est fréquent dans l'architecture funéraire. Il est sans doute né en Iran (tombeau des Samanides à Bukhara), puis passé en Egypte (cimetière des abbassides à Assouan (? un doute sur le lieu tout à coup)) et au Maghreb. Le terme de qubba, qui signifie à l'origine coupole, sert aussi à qualifier ces tombeaux, souvent dédiés à des saints personnages.
Je ne connais pas assez le palais de Palerme pour aller plus avant dans les comparaisons, et n'ai pas non plus assez de temps pour m'y plonger, mais si vous parlez d'architecture, ne restez pas dans des termes très génériques, qui veulent à la fois tout et rien dire. Il est nécessaire d'analyser précisément les formes, les masses, les plans ; surtout dans une zone comme la Sicile où les influences et les artistes les plus divers se retrouvent !