A priori, ce topic a été crée pour répondre à
mon message du 10 février sur le rôle primordial des chrétiens dans le développement de la science abbasside du VIIIe au Xe siècles.
Pour ma part, ce que je constate c'est que dans le bassin mésopotamien, les cultures sont très poreuses entre le VIIIe et le X siècles:
- le califat abbasside se développe sur le plan administratif, technique, religieux et culturel, à partir d'un réseau de fonctionnaires, d'architectes et de savants non musulmans présents sur les rives du Tigre depuis plusieurs siècles.
- la transmission des savoirs chrétiens (entres autres) aux musulmans s'accompagne d'un mouvement de conversion qui atteint son apogée au Xe siècle.
- les syriaques traduisent eux-mêmes les textes en arabe jusqu'à adopter l'arabe lui-même comme langue vernaculaire.
- cette transmission est le fait d'un certain nombre ... de moines qui ont fait vœux de chasteté. On a ainsi le passage d'un savoir religieux à un savoir laïc à l'image de ce qui se passera en Occident au XIIe siècle ?!? Sujet que je ne maitrise pas et qui mériterait d'être approfondi, parce que la question de la sécularisation explique peut-être en partie l'implantation de l'Islam en "Irak" au Xe siècle.
Pour revenir sur, l'ouvrage
Le monde syriaque, sur les routes d'un christianisme ignoré que j’avais cité, il s'agit en réalité d'une synthèse des recherches récentes sur la culture syriaque. Son propos est général et couvre une histoire qui continue jusqu'à nos jours. Dans ce livre, le califat abbasside n'est donc qu'un chapitre parmi d'autres. L'ouvrage a le mérite d'exister, car c'est un domaine de recherche encore tout frais.
Ce que l'on découvre c'est qu'au départ, l'Islam n'a pas forcément un frein à l'expansion à ce qu'on appelait l’Église de Perse. Au contraire, l'influence de la culture syriaque atteint son apogée pendant l'expansion de l'Islam. Des églises chrétiennes nestoriennes s'implantent sur un territoire qui va de la péninsule arabique à la mer de Chine, en passant par les plaines de Mongolie et le littoral indien. Ca aussi c'est le résultat des fouilles récentes en archéologie.
Est également évoqué le rôle des monastères dans la transmission des savoirs le long des rives du Tigre depuis les hauteurs du
Tur Abdin (page 85 à 86, 96-100), mais aussi le rôle des chrétiens et des sabbéens comme
Thābit ibn Qurra qui fréquentait la maison de sagesse de Bagdad (p. 165-174).
Bref, pour moi, ça pose beaucoup de questions, autant que celles soulevées par le Coran "révélé" des historiens et le rattachement de l'Islam à une tradition judéo-chrétienne bien plus important que je n'aurais pu croire.