Jerôme a écrit :
Le premier siecle de l 'Islam fut marqué un grand succès que chacun connaît : l'extraordinaire expansion territoriale du nouvel empire. Ce premier siecle fût aussi caractérisé par de durs conflits internes, un point m'échappe : pourquoi et comment l'"empire" arabo-musulman ne s'est il pas effondré sous le poids de ses divisions internes?
Il faudrait Jerôme, pour pouvoir éventuellement répondre à cette question, faire peut-être tout d´abord un rappel historique des principales étapes des discordes et conflits ayant marqué la communauté musulmane dès ses premières années autour de la nomination du/des succésseurs du prohète...
C´est ce que je vous propose avec le résumé suivant (source wiki):
Est désignée par "Grande discorde" ou "Première Fitna" les évènements et la guerre civile entre musulmans à l’origine de la séparation sunnites, chiites et kharidjites entre les années 656 et 661.
Cette première Fitna commença, selon la tradition musulmane, par l'assasinat à Médine le 17 juin 656, dans sa maison, du troisième calife Othman, beau-fils et éminent compagnon de Mahomet, né dans le clan mecquois de premier plan des Omeyyades (clan appartenant à la tribu des Quraych dont le prophète etait lui-même issu), assasiné donc par un groupe d'insurgés en provenance des tribus de Koufa et de Bassorah (ainsi que les Hachémites. les Banu Abdul Qays et autres Banu Bakr).
Ali ibn Abi Talib, cousin et compagnon du Prophète, résidant à Bassorah (en actuel Irak) fut alors désigné comme 4eme successeur du prophète par les mêmes "sahaba" (compagnons de Mahomet) qui avaient élu Othmân précedemment et se déplacèrent vers lui, en provenance de Medine, pour le nommer. Ali eût, alors, de suite affaire à des revendications en provenance d´Aïcha, la veuve de Mahomet, alliée à ces compagnons et venue avec eux, qui lui demande d´appliquer la loi du Talion aux assassins d´Othmân ayant pris une grande influence à Médine.
Le 9 décembre 656 près de Bassorah, eùt lieu une première confrontation, dite "bataille du chameau" opposant globalement le clan des Quraychites Mecquois aux fidèles d'Ali. Puis entre mai et juillet de l'an 657, une deuxième confrontation dite "Bataille de Siffin" en Syrie, combat final qui opposa Ali à Mu'awiya qui refuse de lui prêter allégeance, alors qu´il était le gouverneur de la Syrie depuis l´an 640.
Mu'awiya était issu du clan Quraych des Banū ʾUmayya (Omeyyades), l´un des plus influents de La Mecque et des plus farouches adversaires initiaux du prophète - mais était devenu un des compagnons et le scribe du prophète après sa conversion à la cause musulmane lors de la prise de la Mecque en 630.
Les deux camps après d´âpres et sanglantes hostilités vont recourir à un arbitrage auprès des sahaba qui les voit se scinder en trois groupes. Le premier prit le parti d'Ali, le second celui de Mu'awiya et le troisième comprenant les partisans dʿAlī qui étaient contre cet arbitrage (arguant quʿAlī avait été désigné par Allah lui-même pour être le calife) s'en séparent et deviennent les kharidjites.
Le kharidjisme ou kharijisme est donc la troisième branche de l'Islam (à côté du sunnisme, majoritaire, et du chiisme) apparue lors de cet arbitrage entre Ali et Mu'awiya à l'issue de la bataille de Siffin en 657.
Les kharijites (en arabe : khawāridj, sortants, dissidents) furent ainsi nommés par Ali pour désigner tout mouvement musulman contestataire, qu'importe ses revendications et méthodes malgré que ces kharijites initiaux se divisèrent, par la suite, en une multitude de groupes (près d'une vingtaine). Sept d'entre eux ont été principalement recensés: les mouhakkimites, les azraqites, les najadites, les thaalabites, les ajradites, les sufrites et les ibadites, qui seuls subsistent de nos jours.
Les ibadites, pacifistes, firent concrètement sécession durant le règne d´Ali en lui reprochant son comportement belliqueux notamment à l'égard des populations non-arabes, et refusèrent de partir en guerre, puis ne cautionnant pas l'escalade de violence faisant suite à leur départ, se retirèrent dans la région d'Oman (dont ils constituent aujourd´hui le courant dominant tout en étant aussi présents dans certaines régions du Maghreb, notamment dans la région du Mzab en Algérie.
L´Ibadisme est donc lui-même, une tendance provenant du kharijisme qui considère que le commandeur des croyants ne doit pas être nécessairement de la lignée de Mahomet, ni d'une certaine ethnie ou couleur.
La Deuxième Fitna conduit à une nouvelle guerre civile, et correspond à une période d'instabilité générale politique et militaire qui frappe l'empire musulman au début de la dynastie omeyyade, après la mort de Muʿāwiya Ier (qui avait aboli l'élection rendu le califat héréditaire dans sa famille et désigné Damas comme sa capitale).
Muʿāwiya, le premier calife omeyyade, meurt au printemps 680 et c'est son fils Yazid qui lui succède. Ce dernier fait face à l'opposition des partisans d'Al-Hussein ibn Ali, le petit-fils de Mahomet et le fils de l'ancien calife Ali ibn Abi Talib qui a été assassiné. Hussein et plusieurs de ses plus proches partisans sont tués par les troupes de Yazid lors de la bataille de Kerbala (octobre 680) qui est souvent perçue comme la rupture définitive entre le chiisme et le sunnisme.
Après ces événements, Yazid fait face à une deuxième révolte, celle d'Abd Allah ibn az-Zubayr, un compagnon de Mahomet et neveu de sa femme Aïcha. Cette rébellion est souvent vue comme une tentative de revenir aux valeurs de la première communauté musulmane. Elle est soutenue par des opposants au règne des Omeyyades.
Après la mort soudaine de Yazid en 683 et de son fils Muʿawiya II en 684, ibn az-Zubayr bénéficie d'une importante reconnaissance au sein du califat. En Syrie, Marwān ibn Al-Ḥakam, un cousin de Mu'awiya Ier, est déclaré calife mais son règne ne dure que deux ans car il décède au printemps 685. C'est son fils Abd Al-Malik qui lui succède. Dans le même temps, ibn az-Zubayr est isolé dans les régions de Tihama et de l'Hedjaz où les rebelles kharidijites établissent une principauté indépendante au centre de l'Arabie en 684.
D'autres soulèvements kharidjites ont lieu en Irak et en Iran pendant que les Chiites se révoltent à Koufa pour venger la mort d'Hussein et défendre d'autres fils d'Ali comme candidats au califat. Finalement, l'ordre est restauré par les forces syriennes soutenant Abd al-Malik. Ce dernier parvient à vaincre tous ses rivaux et son armée, dirigée par Al-Hajjaj, tue ibn az-Zubayr à l'automne 692, ce qui met fin à cette période fortement perturbée.
À partir de 744 prendront lieu les évènements de la 3eme fitna conduisant au renversement, en 750 de la dynastie des Omeyyades par celle des Abbassides et au déplacement du siège du Pouvoir vers leur nouvelle capitale de Bagdad...mais là nous sommes plus d´un siècle après la disparition du prohète et le Pouvoir et Idéologie Califales semblent déjà sensiblement bien établis sur leurs bases.