Caesar Scipio a écrit :
A la question de savoir si les polonais ont été satisfaits ou déçus par le grand duché que Napoléon 1er a rétabli, je réponds : ... les 2 mon général.
En effet, le grand-duché de Pologne n'était guère viable.
Sans l'alliance française...
En fait, Napoléon s'était engagé auprès des Polonais à restaurer leur nation: Bonaparte avait reçu des émissaires polonais en Italie, à la suite de quoi quelques milliers de Polonais s'étaient rangés sous les plis du drapeau tricolore.
Il ne faut pas parler d'un grand-duché de Pologne, mais bien du grand-duché de Varsovie, qui n'était qu'une solution d'attente: d'abord composé de la partie prussienne annexée en 1793 et 1795 (et quelques territoires soustraits à l'annexion de 1772), il avait été aggrandi, en 1809, de la zone acquise par l'Autriche en 1795.
En 1812, Napoléon avait quasiment promis le retour de la Gallicie (autrichienne) et Metternich s'y était résigné (en échange de la Carinthie et de la Dalmatie faisant retour aux Habsbourg)!
Mais la Pologne n'était que l'ombre d'elle-même: les conflits du XVIIIème siècle avaient ruiné son économie et sa démographie: le peuple était arrièré, état qui satisfaisait la noblesse polonaise,; la bourgeoisie peu nombreuse et sans influence.
Or, les nobles, grands propriétaires terriens, étaient acquis, en majorité, à la domination russe ! Au fond, il voulaient une Pologne indépendante du peuple polonais... Leur royaume de Pologne devait avoir le Czar ou son frère comme souverain, à condition qu'il laisse la diète décider de tout, sauf pour l'armée et la politique étrangère, dictée par la Russie. L'autonomie, donc, au profit exclusif de la noblesse polonaise !
Cet état d'esprit faisait enrager Napoléon, qui sommait les patriotes polonais de soulever le peuple. En 1812, Le Grand-Duché s'épuisa pour donner 100 000 hommes à la France. 80 000 seulement entrèrent en Russie. Napoléon attendait de voir ce que donnerait "l'insurrection" polono-Lithuanienne. En fait, elle ne donna rien, car la noblesse de ces territoires libérés ne bougea pas...
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Cependant, la Pologne n'était largement qu'un moyen dans le jeu diplomatique de Napoléon vis-à-vis de la Russie.
C'est vrai, et cela d'autant plus que Napoléon avait été déçu du comportement des Polonais. Certes, des patriotes ardents avaient répondu à son appel, mais il attendait un soulèvement unanime de la nation polonaise! En 1807, ce soulèvement ne vînt pas...
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Napoléon voulait avoir la Russie comme alliée. S'il lui a enlevé le grand duché de Pologne à l'occasion de la paix de Tilsitt, il n'était pas question pour lui de rétablir la Pologne dans son intégrité d'avant les partages puisque cela lui aurait définitivement aliéné la Russie. Or il avait besoin de la Russie popur son blocus continental.
En fait, il n'avait rien enlevé du tout à la Russie, lui cédant même le district de Bialistock ! Et il s'était engagé à ne pas permettre de revendications sur les territoires annexés par la Russie. Alexandre voulait plus: un engagement de Napoléon de ne pas restaurer le royaume de Pologne !! Le Czar avait même un désir secret: que Napoléon remette le titre de Grand-Duc à son frère; à ce prix, il consentirait à se maintenir dans l'alliance française. On ne sait trop s'il s'en ouvrît vraiment à Napoléon: il semble que des diplomates russes aient tâté le terrain auprès de Duroc... C'était trop demander.
En cas de paix victorieuse à Moscou, il est probable que le royaume de Pologne aurait été restauré, avec la Gallicie et le district de Bialistock. Pas plus, car pour cela, il aurait fallu que Napoléon détruise l'armée russe avant Smolensk. Mais alors, la Pologne aurait été un véritable état, difficile à détacher de l'alliance française. On ne sait trop quel monarque Napoléon destinait à la nouvelle Pologne; on a évoqué le nom du Prince Poniatowski, neveu du dernier roi de Pologne. Cependant, l'empereur des Français n'avait pris aucun engagement formel...