Je reviens sur la crise traversée par les vignerons du midi en 1907 , à travers un article du
Petit Journal illustré de juin 1907, L'article débute par une analyse classique de l'origine du problème:
Citer :
On n' est pas complètement d' accord, même dans le Midi, sur les causes de la mévente du vin. La masse des viticulteurs ne les trouve que dans la fraude ; la masse des négociants les trouve, surtout, dans la surproduction naturelle, et, conséquemment, ceux-ci font volontiers peser les responsabilités sur ceux-là... et réciproquement.
A la vérité, suivant certaines compétences, le sucre ne devrait pas être l' ennemi du vin, si le sucre était employé discrètement. En diverses régions viticoles, le vin qu' on récolte de bonne heure est faible.
Mais on peut le « remonter », et le sucrage légal intervient : cinq kilos de sucre par hectolitre donneront, à ce vin vert, la force qui lui manque... Mais, le malheur, c' est que, parfois, on abuse du sucre. Avec la même vendange on fait successivement une, deux, trois cuvées... Et alors il y a fraude réelle et, du même coup, surproduction..
Avant de s'en prendre aux médecins et à la mode hygiéniste:
Citer :
Et puis, il existe une cause qu' on paraît ignorer un peu trop. C' est celle résultant de la mode qui exile le vin de beaucoup de tables pour le remplacer par l' eau. Un médecin déclarait, l' autre jour, qu' il empêchait, à lui seuil, la vente de 150 000 litres de vin par an. Supposons seulement que 2 000 médecins sur 20 000 fassent de même, cela fait 300 millions de litres de vin dont la vente est empêchée.
Le buveur d' eau paraît être, dans l' occurrence, un plus grand coupable qu' on ne le croit généralement. Et c' est là le sens symbolique de l' originale composition qui orne notre première page. Le vin et le sucre lui-même souffrent de cet abus de l' eau. Que ne s' élèvent-ils contre lui ! La fraude existe, c' est entendu, et il appartient aux laboratoires de la signaler et à la loi de la punir. La production est considérable, c' est encore vrai, mais il n' est pas prouvé qu' elle le soit trop. Ce qui est certain, c' est que la consommation a diminué dans des proportions inquiétantes. C' est cette diminution qu' il faut combattre. Et, pour cela, il importe que les médecins n' aient plus de raisons de conseiller à leurs clients de se priver de vin...
Qu' on nous donne donc du vin pur, du vin naturel et alors nous pourrons, en bonne justice, crier haro sur les buveurs d' eau claire.....
La suite de l'article est ici:
http://cent.ans.free.fr/pj1907/pj86409061907.htm