Elgor a écrit :
Cuchlainn a écrit :
La France disposait donc de chars de rupture pour le cas où il y aurait eu à franchir un front fortifié, aux côtés ou juste devant l'infanterie.
Côté allemand, le Panzer II, le plus présent pendant la campagne de France, ne peut certes pas être qualifié de char de rupture avec sa pétoire de 20 mm ! Il infiltrait et débordait, faisant croire à l'infanterie française qu'elle était irrémédiablement tournée, qu'avec ces chars marchait l'infanterie - puisqu'en France, les chars marchaient à côté d'elle. La doctrine commandait alors de foncer en arrière se rétablir sur une nouvelle ligne. Il n'était pas prévu que des chars pussent être lancés en flèche de la sorte. Ainsi les contre-attaques tant redoutées par l'OKW n'eurent pas lieu.
c'est vrai qu'il peut y avoir une ambiguité sur les termes rupture et exploitation. Un char de rupture va au contact de la ligne (et parfois d'autres chars) et crée la percée, et l'exploitation est en théorie confiée à des chars rapides et à long rayon d'action. Un B1Bis aurait pu être employé comme char de rupture mais il aurait fallut pour celà qu'il soit regroupé dans des bataillons (comme les tigres plus tard ) ou brigades indépendamment. Il n'a pratiquement jamais été utilisés comme celà.
Les allemands n'avaient pas de véritables chars de rupture. Leurs PZD comprenaient des panzer II (totalement obsolètes) avec canon de 20 mm, des panzer III avec canons de 37 mm et surtout des superbes chars tchèques Panzer 35(t) et Panzer 38(t) avec canon de 37mmsur lesquels ils avaient mis la main, et qui ont constitué presque un tiers de leurs effectifs blindés ( hors stugs)
Mais c'est le regroupement de ces chars qui individuellement n'étaient pas transcendants et la façon de les utiliser qui a permis la rupture et l'exploitation. Les chars français, disséminés dans l'infanterie, n'ont pas pu une fois la percée faite à sedan, revenir pour la contrer. Il y a eut quelques batailles de chars comme à montcornet ( ou les chars allemands ont souffert), mais dans l'ensemble les blindés français n'ont pas pi accrocher l'ennemi
assez d'accord avec vos analyses, quelques points à ajouter cependant; le concept de char d'infanterie n'est pas que français, les Anglais mettront toute la deuxième guerre mondiale à chercher l'équilibre entre chars d'infanterie lourds et lents mais très blindés (et assez peu armés) matilda, churchill, et chars de cavalerie (crusader, valentine)
les soviétiques de leurs côté navigueront en pleine guerre en 1941 et 1942 entre le concept de corps mécanisés et de brigades de chars rattachées à l'infanterie...
Quant aux français, le concept est de ne pas perdre trop d'hommes dans une offensive que l'on va mener avec des techniques éprouvées, (en gros, et la comparaison est assez amusante, celle qu'appliqueront les anglais à El Alamein), les chars suivis par de l'infanterie, qui s'abrite derrière écrasent la première ligne; Comme malgré tout l'infanterie va se désorganiser, il faut surtout que les chars restent près des fantassins, donc pas besoin dans ce rôle de chars rapides (il y en aura, mais ailleurs, ce seront les chars des divisions de cavalerie, quel que soit le nom qu'on leur donne)
Après ce premier bond, et une désorganisation minime, on avance de l'artillerie, on relance un barrage et un assaut.
Les chars lourds (là encore le nom est autre, c'est l'idée qui compte) n'ont guère besoin d'autonomie, ou de radios , leur rôle est de précéder l'infanterie et de rester en contact avec elle.
Le calcul basé sur les expériences de 1918 donne des barêmes très précis; après une avance, il faut tant de jours pour créer des dépôts, avancer l'artillerie, parce que les barrages nécessiteront tant de tonnage d'obus par mètre de position ennemie...
Ce qui est souvent oublié, c'est que les Allemands raisonnent avec les mêmes tables (ils ont simplement le principe de la percée -hérité des tacituqes de stosstruppen- et l'idée d'avancer au plus loin après la percée...) Devant une coupure comme la Meuse, les généraux vieille école prévoient deux ou trois jours de regroupement repos avant le franchissement; Guderian les terrifie (Rommel aussi, mais il commande ailleurs, et a beaucoup moins de monde , il ne dirige qu'une division) en annonçant qu'il traverse dès le lendemain, et que les stukas seront son artillerie (en gros)
une fois la percée faite, en mai 40, les français calculent, bon, une percée de quoi, qaurante km de large, bien il faut d'abord déployer des troupes sur les flancs. Le gros de ce qui reste est sur la ligne Maginot , (car la ligne, au lieu d'économiser des divisons nécessite des hommes dans ses trous, creux et arrrières une grosse trentaine de division si je ne m'abuse)
Les seules réserves disponibles étant les divisions cuirassées, on les place en cordon de douaniers sur les flancs de la poche; En attendant, au pas des chevaux et à pied (comme sous l'empire quoi,) des divisions rameutés de loin viennent fermer le fond de la poche...
Tout irait bien si les allemands n'avaient pas la sotte idée de ne pas lire leurs manuels, et d'appliquer leur tactique de stosstruppen, on contourne, on déborde et on fonce, mais à la vitesse de 30 km pour les chars et 60 pour les véhicules légers et motos...
Pour finir, à mon avis, deux choses condamnent les blindés français en 1940: leur conception (batterie peu fiables, pas de radio, tourelle servie par un seul homme dans certains chars) et doctrine d'emploi inadéquate qui sépare les chars en chars d'infanterie et chars de cavalerie;
Le seul qui fait bien avec peu de choses c'est...
Prioux, qui tire le maximum des pauvres divisions légères mécanisées (je crois que c'est leur nom) mais les chars même de cavalerie sont tellement peu aptes à la guerre moderne (toujours la radio, les tourelles, peu de carburant...) que ces trois divisions, qui n'ont en face d'elles qu'une seule division blindée allemande la rencontrent, lui tapent dessus, certes, lui font du mal, mais se font étriller, et se replient en tellement piteux état qu'elles ne servent plus à rien après.
On me dira de Gaulle, certes, Abbeville et tout, mais là les carottes sont cuites, il attaque avec une division incomplète, manquant de soutien, d'artillerie, mais au moins, il attaque... sans attendre que les flancs de la poche...le fond de la poche, il attaque ou plutôt contre-attaque d'une manière moderne, et fait bonne figure dans ce qui n'est déjà plus que le baroud d'honneur de l'arme blindée française.