Cuchlainn a écrit :
grognard1 a écrit :
hum, excusez les remises en cause, mais le but nd'un général, ou d'un militaire n'est pas d'épargner des vies, mais d'accomplir une mission...gagner la guerre pour le général en chef, battre l'armée ennemie pour le général, prendre la colline 315 pour le colonel...
Le fait que l'ennemi ait des mitraillsues est bien embétant, mais chacun fait son boulot. Les uns attaquent, les autres tirent...
Le problème ne se pose pas comme ça; même en 1915, on savait ce qu'était une victoire à la Pyrrhus et on pouvait se douter que si chaque colline se paie de la perte d'un régiment, on n'aura plus d'armée au moment de franchir la frontière. Il y a en France (au moins) une doctrine qui dit que les pertes, même lourdes, font "partie du jeu". En 1914, les Allemands noteront à plusieurs reprises "les Français sont des démons; sous la mitraille et l'artillerie, ils attaquent" : les hommes avaient été dressés pour accepter l'idée de fortes pertes.
Certes... Mais grognard1 a raison de rappeler que le « bon » général n'est pas nécessairement celui qui cherche à faire le plus d'économies de vies humaines. Le « bon » général est celui qui a intégré l'idée que, dans certains cas, on est bien obligé d'en arriver à des sacrifices... Mais, évidemment, tout est une question d'équilibre : idéalement, le sacrifice réclamé devrait être à la mesure de l'enjeu, ni plus ni moins.
Le problème, je crois, est que les généraux de 1914 se basaient sur des données du 19e siècle... Ils ne se rendaient pas bien compte des dégâts que pouvaient causer l'utilisation des mitrailleuses à tir ininterrompu et des pièces d'artillerie à tir rapide. C'était difficilement imaginable, vu que tout cet attirail a été conçu et intégré dans les armées européennes en une vingtaine d'années !
En somme, on est pratiquement parti en guerre sans avoir une idée exacte de la létalité de son propre matériel... Et quand les officiers se sont rendus compte que leurs vieilles méthodes ne conduisaient qu'à des boucheries, il était un peu tard ! Plus aucune solution n'était la bonne... Et l'on a cru qu'il suffisait d'accumuler toujours plus d'hommes et d'artillerie pour pouvoir percer un front devenu « continu » (autre facteur qui a contribué à déstabiliser les stratèges de l'époque).
Affirmer que les généraux de l'époque étaient cruels est sans doute excessif... Celà équivaut à dire qu'ils faisaient exprès d'envoyer des hommes à la mort, simplement pour le plaisir. En fait, la plupart des généraux cherchaient bel et bien des solutions pour sortir de l'impasse de la guerre des tranchées... Malheureusement, ils étaient plongés dans une nouvelle sorte de guerre, d'une dimension inconnue, et devant tenir compte de facteurs qu'ils avaient certainement du mal à appréhender !
Ils n'étaient donc pas plus préparé à la guerre moderne que les hommes de troupes qu'ils commandaient !