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Cette noblesse de robe qui pour n'être pas d'épée a parfois eu ses héros tel que Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, avocat du roi et qui pour celà finit sur l'échafaud
Bien sûr. Les gens de la noblesse de robe étaient généralement des gens de devoir.
Une autre piste qui vaut ce qu'elle vaut pour expliquer cette réputation de bonne tenue des aristocrates face à la guillotine tient peut être à leur éducation:
dans les classes dominantes--c'était autrefois une caractéristique de l'éducation donnée aux rejetons des élites dirigeantes--on apprenait aux enfants à maîtriser leurs émotions, à les cacher, à dissimuler leurs faiblesses, à ne pas larmoyer ni s'apitoyer sur eux mêmes , à faire bon visage et à sauver la face en toutes circonstances: un dominant, un chef militaire en particulier, doit rester droit dans ses bottes , impassible, inébranlable dans les situations les plus critiques, et c'est encore vrai de nos jours.
Ces nobles réputés courageux sur l'échafaud se tenaient bien droits, marchaient d'un pas ferme, cachaient leur peur animale sous un visage impassible.
Et même, et cela va plus loin, soi-disant, ils plaisantaient entre eux dans la charrette qui les emmenait, certains plaisantaient même avec le bourreau: cette (apparente) insouciance héroique n'était-elle pas une réaffirmation de la sociabilité propre à la noblesse (et à la haute bourgeoisie) de l'époque, de la légèreté, de la frivolité et du goût de l'esprit qui avaient cours dans les salons?
Et donc pour ces condamnés à mort, il s'agissait de ne rien changer aux façons de leur classe, de faire devant la mort comme si de rien n'était, de mourir galamment, avec panache comme étaient censés le faire des aristocrates: mourir comme on a vécu, donc rester des nobles jusque dans la mort.
Ca pouvait être une façon de narguer les révolutionnaires égalitaires qui avaient décrété que les nobles seraient désormais des ci-devant ordinaires: une dernière réaffirmation insolente de la supériorité native qu'ils s'attribuaient.
Cette tradition de la mort avec panache, qui est plus que simplement mourir avec courage, est aussi une image d'Epinal de la tradition militaire française et avec l'entrée de non nobles dans l'armée, elle a concerné aussi bien des roturiers que des officiers nobles.