ezio-auditore a écrit :
Bonjour,
J'ai toujours du mal à comprendre cette notion.
C'est un peu la source du pouvoir (Paris) contre la province qui me vient à l'esprit.
Pourriez-vous me donner un exemple de "guerre civile" en France ou la capitale serait absente ?
Si c'est impossible, pourquoi ?
Auriez-vous un exemple dans un autre pays ?
Une "Révolution" n'est-elle pas toujours une "guerre civile" ?
Peut-on classer la "Commune" comme un moment de "guerre civile" ?
Merci à vous.
D'abord, il faudrait définir ce qu'est une révolution et ce qu'est une guerre civile. Prenons les définitions de wikipedia qui permettent de définir un cadre.
Révolution :
Citer :
Une révolution est un renversement brusque d’un régime politique par la force. Elle est aussi définie par le Larousse comme un « changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d'un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place, prend le pouvoir et réussit à le garder »
...
La difficulté à définir le terme vient d'un usage répandu qui tend à le confondre avec celui de « révolte », lequel désigne la contestation par des groupes sociaux de mesures prises par les autorités en place, sans que cette contestation s'accompagne nécessairement d'une volonté de prendre le pouvoir et de se substituer à ces autorités. On parle donc habituellement de révolution a posteriori, une fois que le soulèvement a débouché sur une prise de pouvoir, laquelle s'exprime ensuite par d'importants changements institutionnels. À la différence de la révolte, qui est un mouvement de rébellion spontané se manifestant très tôt dans l'histoire (ex. la révolte de Spartacus), la révolution est généralement considérée comme un phénomène moderne et, sinon prémédité, du moins précédé de signes annonciateurs. Le mot désigne alors une succession d'événements résultant d'un programme (ou projet), voire d'une idéologie. Ce qui distingue donc la révolution de la simple révolte, c'est qu'il est possible de la théoriser.
Pour prendre un exemple contemporain, le mouvement récent dit des bonnets rouges en Bretagne est une révolte, à aucun moment, il n'y a eu de volonté de renverser le régime politique ou d'un instituer un autre. Mai 68, est un mouvement de révolte, mais qui portait en lui des germes de refonte de la société et une volonté de changer certains point dans le fonctionnement du régime. Il y a donc chez certains participants de Mai 68, une volonté révolutionnaire.
Guerre civile :
Citer :
Une guerre civile est la situation qui existe lorsqu'au sein d'un État, une lutte armée oppose les forces armées d'un État à des groupes armés identifiables, ou des groupes armés entre eux, dans des combats dont l'importance et l'extension dépasse la simple révolte ou l'insurrection1.
Du point de vue du droit de la guerre, on utilise l'expression « conflit armé non international », le mot « guerre » étant réservé au conflit armé international.
Pour être considérées comme « guerre », les hostilités doivent atteindre un certain degré d’intensité et se prolonger un certain temps. Ces deux critères permettent de distinguer la guerre civile des « troubles intérieurs » qui peuvent se caractériser par des actes de violence similaires mais qui ne présentent pas les particularités d’un conflit armé (émeute, insurrection, répressions, luttes de factions entre elles ou contre le pouvoir en place, par exemple).
La localisation du conflit au sein d'un État distingue la guerre civile du conflit armé international, qui oppose les forces armées d’au moins deux États.
Le caractère non-international est relatif. Il est courant que les groupes armés soient soutenus, plus ou moins ouvertement, par d'autres États. Cette assistance est souvent logistique, mais peut aller jusqu'à l'envoi de troupes (la guerre d'Espagne est un exemple célèbre). Malgré l'intervention militaire au Mali de la France, le conflit reste non international, puisqu'il n'oppose pas des armées nationales mais des rebelles contre le gouvernement malien et le corps expéditionnaire français.
L'origine d'une guerre civile peut être de toute nature : ethnique, religieuse, communautaire, sociale, économique, une autre guerre, politique, idéologique ou encore territoriale. Particulièrement dans ce dernier cas, une guerre civile pourra être considérée comme une guerre d'indépendance si elle a pour objectif la lutte contre une domination coloniale ou une occupation étrangère.
Les guerres de religions en France sont un exemple de guerre civile. Les groupes armés sont identifiables. Les combats et les confrontation entre les divers groupes donnent lieux à de vrais batailles. La Fronde est une guerre civile. De même que les guerres de Vendée qui ont lieu de l'an I à l'an IV, donc de 1793 à 1796. C'est le dernier exemple de guerre civile sur le territoire métropolitain.
Lors de la Révolution Française il y a très peu d'exemples de situations où des groupes armés se soient opposés sur le territoire national. Il y a la Vendée, dont on a déjà évoqué la particularité, il y a des mouvements en Lozère et dans le Rhône. Il y a des insurrections à Lyon, Avignon, Nîmes et Marseille.. Il y a aussi le siège de Toulon, où la faction royaliste appelle les anglais à l'aide. Lyon et Toulon ont fait l'objet de véritables sièges. Mais, on les qualifie rarement d'actes de guerres civiles. Pourtant, ils correspondent à la définition.
Pour le reste, la Révolution est bien le siège de tensions entre diverses factions de français. Il y a des royalistes, il y a des fédéralistes et des personnes qui sont pour un renforcement du pouvoir central. Il y a des gens qui sont pour une monarchie constitutionnelle et d'autres qui désirent une quasi-soviétisation avec une gouvernance décentralisée à la main de comités des quartiers. Bref, on a parfois du mal à comprendre qui est pour quoi et pourquoi certains sont un jour proches du pouvoir et le lendemain doivent se cacher ou sont exécutés. Mais, on est pas dans une lutte armée entre milices des divers mouvements, comme cela pouvait être le cas au Liban, par exemple. Dans de nombreuses régions, même si on n'approuve pas toutes les décisions "parisiennes" on n'a jamais songé à se séparer de la Nation. Il y a parfois des troubles nés des levées en masses, des réquisitions, de la question religieuse, de l’exécution du roi, mais, ils restent d'ampleur limitée.
En fait, la réorganisation de la France est assez bien accueillie presque partout. La fin des frontières intérieure était une demande assez forte des cahiers de doléance des États-Généraux. De même que l'instauration d'un système juridique commun à tout le pays. L’opposition Paris-Province est somme toute assez limitée et il y avait des jacobins dans la plupart des villes, comme il y avait des fédéralistes et des monarchistes constitutionnalistes. Lors de l'épisode de la Terreur, on verra dans de nombreux départements se mettre en place des Tribunaux révolutionnaires constitués de jacobins locaux.