Narduccio a écrit :
Nico69 a écrit :
J'ai très, très, TRES longtemps voté à gauche, voire à l'extrême gauche (jusqu'en 2013).
Je me souviens de mon rejet épidermique de la presse et des idées de droite. Moi et tous mes amis voyons le Figaro et Cie comme des reliquats d'une France moisie, et je dirais même : des abberations.
Pour nous la droite, au fond, c'était le camp du pognon, ou des gens limités intellectuellement, des exterminateurs en puissance (Vichy, les heures les plus sombres blablabla).
Comment peut-on être vraiment de droite ?!?!?
Je pronais l'ouverture d'esprit alors que j'étais surtout sectaire, comme tous mes anciens amis de gauche (que je ne vois plus depuis l'histoire du "mariage pour tous").
Ce qui excite la plupart de gens qui se sentent de gauche aujourd'hui c'est je crois le sentiment que le monde, et notamment le monde des idées n'est plus normal à leurs yeux.
Les opinions qu'ils pensaient être devenues des vérités installées partout (et notamment chez les journalistes, dans le monde enseignant, le syndicalisme, les grands partis politiques, le monde des Arts, le show buisness, les publicitaires, bref : chez tous ceux qui ont la parole) ne doivent pas être questionnées. La pensée de Foucault et Bourdieu par exemple est devenue la norme, du spot TV au Monde Diplomatique. Ces opinions sont vues comme des acquis du combat des idées. Que ces pseudos vérités soient remise en cause, que le monde des idées ne soit plus le monopole de la pensée dite progressiste leur apparait insupportable.
Un Jean-Claude Michéa les embarasse au plus haut point par exemple. Ou encore les positions d'un José Bové sur la Gestation pour Autrui, inadmissibles pour le Camp du Bien.
Vous pouvez retourner ce discours envers toutes les chapelles que l'on connait. On a toujours l'impression que nous détenons la vérité et que les autres ne veulent pas l'entendre...
Oui, globalement vous avez raison.
Mais il se trouve qu'aujourd'hui, parlons de ce qui est, c'est la grande chapelle
dite progressiste (je ne parle plus de l'Université strictement, mais du champ des idées, de la vie politique) qui défend les positions TRES largement dominantes (dominantes en temps de parole, je pense notamment à ces curés modernes ratés que sont devenus lesd, journalistes, qui occuppent et distribuent la parole, de plus en plus moralisante, de moins en moins factuelle). Positions ultra dominantes mais de moins en moins
opérantes.
Cette grande chapelle
dite progressiste, en butte avec un présent de plus en plus mouvant, violent et tragique, est traversée de débats de plus en plus forts, sur des sujets aussi divers et importants que la manipulation et la marchandisation du vivant, la laïcité, le multi-culturalisme, l'Europe, la légitimité ou non d'avoir des frontières, de se défendre ou pas, de s'affirmer ou de s'effacer, elle a la tentation de se trouver une unité en censurant ce qui révèlerait ses divisions, ses fractures, ses doutes, ses petits intérêts aussi parfois, quitte à se chercher des boucs-émissaires.
Certains médias utilisent aussi un magistère professionnel de plus en plus usurpé pour faire des exemples. Régis Debray s'est fait pilonner en 1999 par la Pravda toute puissante de l'époque, le journal Le Monde, que je lisais encore régulièrement alors. Plus récemment Onfray et Finkielkraut ont été ciblés. Les Badinter par contre la cible était un peu trop grosse. Le système médiatique n'a pas osé les aligner pour leurs propos sur le chantage à la pseudo islamophobie (Elisabeth Badinter sur France Inter, qui choqua alors la petite Léa Salamé), ou encore au sujet des "migrants" (Robert Badinter sur France Inter). Je me demande parfois le sort qui serait réservé à Jacques Ellul par cette police de la pensée.
Voilà, je vais m'arrêter là-dessus parce que j'ai déjà un peu trop dévié du sujet et puis je n'ai pas grand chose à ajouter.