Jerôme a écrit :
Quant aux jeunes bourgeois ils préféraient les surprises parties aux soirées militantes contre la guerre du viet nam ! c'est bien décrit dans les "gendarmes de Saint Tropez".
Lire ceci me laisse encore sur le c... !
Ce brassage de grand flou.... "jeunes bourgeois" : c'est à dire ?
Depuis quand "Le gendarme de St...." est une analyse sociologique du moment qui vaille caution ?
Il existe aussi des jeunes dont les parents sont de sensibilité de droite à être contre la guerre du Vietnam et il existe aussi chez ces parents "vieux bourge" -j'imagine- certains à trouver que le conflit cité demande réflexion.
On peut avoir une sensibilité de "gauche" ou de "droite" et aimer réfléchir.
Citer :
Si je prends l'exemple de ma propre famille, nettement à droite et intellectuelle, il était clair que la musique populaire était tenue pour éminemment respectable...
Si j'analyse comme vous, le "nettement à droite" me fait un peu peur quant à "intellectuelle", ceci n'engage à rien de l'écrire. C'est un peu comme si j'avançais comme argument : "Chez moi, la sensibilité était au centre mais intellectuellement, on atomisait tous les plafonds !"...
Ce n'était pas la génération des parents qui achetait les 45 T. Ceci commençait déjà à l'âge de l'argent de poche "suffisant" donc la 4ème/3ème. A cet âge, il y avait un choix complété d'ailleurs par un choix de vêtements :
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Les mouvements de mode expliqués aux parents -
H. Olbak/A. Soral/A. Pasche - Laffont - 1984
Pour "intellectuel de gauche" correspond un dessin (j'y reviendrai) et un petit résumé.
[Révolutionnaire marxiste (tendance althussérienne) ; fils de bonne famille (protestante ; universitaire de haut niveau (recherche en sociologie) ; père dans les affaires ("vieux c. réac.") ; peu porté sur les arts (c'est bourgeois) ; l'intellectuel de gauche déteste le rock. S'il lui arrive parfois d'écouter du middle jazz, de relire André Breton ou de boire un peu d'alcool, il ne se drogue jamais, fréquente peu les femmes et dispose de peu d'amis hormis ses interlocuteurs ou ses compagnons de combat.]
Détail de l'image :
[1) mèche rebelle sur le front. Au-dessus des contingences : ne se coiffe jamais. 2) Lunettes fines à l'ancienne, cerclées acier ou or, de forme ovale (l'intellectuel de gauche gai préfère les rondes). La forme rectangulaire apportera un petit "plus" de sérieux. 3) Visage tendu et lèvres minces. 4) - le "V" pacifique, geste préliminaire à toute communication oratoire. 5) Longue écharpe en coton blanc. Sert de refuge les jours de "flip" et de réchauffe les jours de froid. 6) Veste de charbonnier en coton noir très épais ou veste d'architecte en velours aux fines côtes. 7) Vieille chemise de cadre supérieur en coton élimé (provenance paternelle), portée sans cravate. 8) Sac artisanal français (Rouergue) contenant : l'indispensable cahier de brouillon Gibert, Le Monde, 1/2 douzaine de pétitions à faire signer, un vieux Nicos Poulantzas des éditions Maspero. 9) Pantalon de costume dépareillé de flanelle grise (provenance paternelle). 10) Ourlet défait. Au-dessus des contingences : ne coud jamais. 11) Vieux souliers anglais datant de l'entrée à la rue d'Ulm (cadeau paternel). Au-dessus des contingences : ne cire jamais. 12) Au-dessus des contingences : ne lace jamais.]
J'ai donc souvenir que la "société" se divisait en deux loin des contingences politiques : les minet(tes), leur look, leur choix musicaux et les "babas" idem, cependant pour être "baba" il fallait des parents à l'aise (la soie indienne, l'encens, la pâte d'ambre et autres produits odoriférants : c'était pas donné ! Pas plus que le Lewis 501, la "gratte", les inégalables sandales de capucins, la "clope" -tabac blond, roulé- et tout le toutim).
Il y avait aussi une notion d'âge : on était minet au collège (col pelle à tarte, jean extra moulé etc.). Après venait le lycée et là, on "pensait" et la langue la plus employée pour chanter était l'anglais avec retour aux sources (Simon & Garfunkel, Joan Baez etc.).
Cloclo faisait partie des chanteurs "à minettes". Comme beaucoup d'autres... Pas Delpech. Et Maxou (Le forestier) des chanteurs pour filles "babas". Il passait pour un chanteur "de gauche" : ce que nous retenions était le pékin avec sa gratte susurrant que "ce soir à la lune, nous irons ma Brune cueillir etc." ; il y avait aussi "Parachutiste" : c'était le top de la rébellion. Ceci était pour les ados de 75.
Les Berger, Goldman et autres Cabrel sont arrivés après 1981. Avant JJG avait tant bien que mal essayé de pointer : rien !
Pierma a écrit :
Mais il faut se souvenir du battage médiatique de l'époque, des "tops 50" radio et des émissions télévisées qui ne mettaient en avant que la variété "pure et dure", si j'ose dire. Dans ce contexte les véritables artistes (C'est le cas de Françoise Hardy) avaient le plus grand mal à se faire entendre.
Vous voyez ceci maintenant mais à l'époque ce n'était pas analysé ainsi. Ecouter le Top faisait que vous étiez "intéressé" par la musique et c'était déjà bien. Les émissions TV : nada ! Classe le lendemain. Hardy "véritable artiste", même elle se marrerait de le lire. Faut pas pousser tout de même : un tabac chez une "vieille" Mireille et puis .... Les meilleurs chansons sont des reprises de Gainsbourg (j'ai le double CD) ou une ou deux de Berger, susurrées.
Pas grand chose de "français" à se mettre sous la dent. Les meilleurs paroliers sont chantés par Dutronc ou Clerc, parfois on remontait à Moustaki et sa "liberté"... mais dans l'ensemble...
Je songe à la chanson de C. François : "comme d'habitude" qui je crois avait cette particularité de ne pas "rimer". OK, d'accord. Maintenant en reprenant les paroles de Paul Anka, ceci avait tout de même une autre dimension idem pour "Les moulins de mon coeur" de Legrand, chanté en anglais, c'était autre chose... Je pense que nous étions fatigués du français projeté dans certaines chansons, sans les classer en "pop ulaires" ou non. Tout semblait ringard et même Ferré dans ses délires à la mort de sa guenon.
Citer :
Au passage, la disparition presque intégrale de cette génération a coïncidé avec celle de leurs faire-valoir télévisés (les Carpentier, Guy Lux...) au profit par exemple de Michel Drucker, plus ouvert aux nouveaux talents.
Je ne vais pas me montrer aussi "réac.". Les Carpentier avaient du bon et ils ont ouvert justement la voie à Drucker. Demandez de nos jours à un jeune ce que Drucker veut dire... C'est d'ailleurs le premier à avoir son verbe "druckériser" et ce n'est pas un compliment. Quant à Bedos comme caution, il y aurait beaucoup à dire sur la fin de parcours...
De nos jours, une nouvelle génération reprend les "tubes" de JJG ou autres : est-ce là encore une caution ? Ou plutôt une facilité pour des jeunes sortis d'émissions, classés N°1 mais sans répertoire et manifestement pas d'anciens à vouloir les abonder en chansons. Ils sont donc dans l'impasse et on reprend les mêmes tubes et ceci fonctionne, sur quel style d'auditeurs ? Il faut du facile, pas trop de vocabulaire (en ceci les comptines de Grégoire sont "in") parce-qu'il faut s'adapter au nombre moyen de mots compris. C'est dire !
Je lisais, il y a peu que la chanson de JJG "né en 17 à Leidenstadt" était une chanson contre le nazisme : celui qui l'a écoutée a dû rater un épisode...
Que cherche-t-on dans une chanson ? Il faut croire qu'au-delà du politique -dans lequel le chanteur faisant ce sujet ne s'inscrivait pas- il a réussi à plaire, aussi bien à gauche qu'à droite. Je ne parle pas des microcosmes.
J'évoque les gens simples (ce n'est pas péjoratif) qui voulaient de la musique "gaie" après le boulot et c'était tout. Et des gens ainsi, il y en avait... beaucoup.
Etaient-ils idiots ? Alors il faut croire qu'il existait beaucoup d'idiots dans toutes les tranches vu le nombre d'albums vendus. Ces "idiots" se trouvant autant à gauche qu'à droite.
En poussant plus loin, on pourrait dire que la pauvreté d'un texte n'est l'apanage d'aucune sensibilité politique. Cependant il semble que l'on savait faire une différence : avec CF c'était un tout, il y avait une sorte de show, si l'on voulait du "lourd" c'était en général à écouter seul.
Citer :
Quand elle a rencontré Michel Berger, France Gall envisageait sérieusement de quitter la chanson tant elle ne trouvait aucun créateur et en avait marre de la variétoche ringardoche...
Pour avoir eu les oreilles rincées lors de son retour, il semble que là n'ait pas été la raison de son éloignement. Personne ne voulait écrire pour elle. Elle ne correspondant plus à ce que l'on attendait d'une chanteuse. Tiens, elle aussi a eu sa période "très cloclo" comme quoi... De cloclo à Berger...
Cette propension très "gauche/prolo" consistant à finir les mots en "oche" ou en "oc" : plastoc etc. là encore, qu'y voir ?
La "droite" a toujours été considérée comme "ringarde" dans ses valeurs, la "gauche" n'est jamais "ringarde" mais parfois "vulgaire" et c'est dommage car la généralisation ou l'amalgame est vite fait : gauche = pauvre = pauvre en vocabulaire = pauvre en culture = vulgarité pour noyer le poisson etc.
On croyait avoir fait le tour avec cloclo, avoir sans doute atteint le fond : il semble que non et qu'indirectement il ait fait des adeptes, dans un autre style... La "gauche" ni rouge (ceci n'a plus lieu d'être) ni rose (idem) la gauche "minium" : ceci cache la rouille, mais bon il ne faut pas trop gratter et pour l'avenir ne pas s'attendre à ce que ce soit repeint : pas les moyens...
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