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Pierma a écrit :
Je ne sais pas s'il faut opposer ainsi "talent" et "circonstances". Hitler a eu le talent qu'il fallait pour exploiter des circonstances vraiment très favorables. ça vaut pour ses premiers pas maladroits (le verdict ridicule du Putsch de la Brasserie) puis pour sa prise du pouvoir comme pour ses succès politiques en Europe...
C'est, je pense, une des grilles parmi d'autres mais intéressante dans le cheminement du personnage et l'essai de compréhension/d'approche de celui-ci.
Le parallèle/l'emploi des mots "
situation pré-révolutionnaire" donne à réflexion car comment expliciter les débordements d'une époque que l'on pourrait alors qualifier selon les critères
ad hoc de "
révolutionnaire" ?
Comment comprendre des "écarts" lors de situation qui n'ont rien de "révolutionnaire" selon nos marqueurs sociétaux ?
Que signifie le "plus fort" et à quel "niveau" place-t-on cette force ? On peut voir deux pistes évidentes : l'idéologie et la force brutale à savoir l'élimination. Lorsque l'une s'appuie sur l'autre via la propagande, il est certain que celui qui joue de ces deux pôles remporte la mise et ce, depuis la nuit des temps.
Ceci donne tout de même à réfléchir de notre incapacité à nous gérer "rationnellement", avec "méthode", lorsque le "viscéral" l'emporte et comme le "viscéral" est bien souvent -via la masse/le nombre- ce qui l'emporte et bien nous arrivons à des situations qui dépassent tout entendement mais qui se renouvellent.
L'excuse : ceci dépasse "tout entendement". Il faudrait donc définir à quel moment -quitte à introduire des notions larges- une société dérive-t-elle vers l'incapacité de gestion des membres :
1) qui la forment
2) qui en tirent profit
3) être décomplexé des cadavres que chacun/tous possédons dans les armoires de ce qui fait notre/nos histoire pour avancer
Citer :
là son talent est d'avoir su peser les hommes politiques alliés à leur juste poids, qui n'était pas bien lourd. En fait son premier véritable opposant est Churchill !
C'est très vrai. L'homme est un intuitif (on peut le noter à l'aide de ses pathologies : c'est une personne par exemple qui somatise etc.). Le problème est qu'il va être dépassé par la facilité avec laquelle toute ce qui tiendrait d'une barrière rationnelle, tombe devant lui.
A un point tel que lui même tombe dans le panneau commun à ces personnages : il va finir par se croire invincible, une invincibilité due à son "intelligence", comme beaucoup de "grands" avant lui et c'est là la première erreur.
Cependant autour, on acte des résultats et cette intuition personne ne peut y mettre le mot. Il faut donc voir en cet homme quelque chose d'extra-humain. C'est un peu le "Raspoutine" du pauvre...
Tant qu'il va exploiter ce qu'il connait le mieux (laisser aller son intuition) ceci "va le faire" ; à partir du moment où il va vouloir taper un peu plus haut en collant sa grille de compréhension, la réussite sera au rendez-vous car on vit encore un brin dans les nuages des réussites précédentes et l'impact de ceci est fort pour le commun.
Maintenant lorsqu'arriveront les premiers revers, l'homme comme son entourage seront démunis.
Là, la force brutale se déchaînera plus encore, pour pallier une intuition qui ne "fonctionne" plus.
Je pense qu'Hitler a senti deux forces qui, comme lui avaient quelque chose d'irrationnel. Il a composé avec les deux : Mussolini et Staline. Ces deux là entraient dans sa grille de compréhension à savoir : tu restes neutre et je te donne ceci.
Il a vite pu assimiler que Mussolini était déjà quelque part en perte de vitesse maintenant ce qui se passait à l'est (il ne sera pas le premier) le dépassait un peu car à l'intuition il aurait fallu une approche que l'on ne trouve qu'à travers la réflexion, la connaissance, ne pas se contenter de topos, ne pas s'arrêter aux idées reçues etc.
Ce fut sa seconde erreur.
La 3ème fut de penser qu'à l'ouest, l'Angleterre pouvait "bouffer de ce pain là" : tous les indicateurs jusque là l'orientaient vers cette conclusion et là, il a voulu faire une équation primaire :
tous les indicateurs montrent que... donc je peux...
C'était faire fi de plusieurs paramètres (d'autres aussi s'y sont bien trompés...) :
1) les hommes sont uniques et uniques comme irationnelles parfois sont leurs prises de position
2) non, certains pour X raisons -pas toujours très reluisantes par exemple un tremplin pour un retour politique, garder une position au top de l'état- ne "bouffent" pas de ce pain là (au bout d'un certain moment....)
3) la "topographie" : l'insularité pour l'un, l'immensité et la réserve d'hommes pour l'autre.
Pour les 2, la preuve avait été faite un siècle avant. Statistiquement, il était donc impossible de ceci se reproduise mais c'était sans compter avec la psychologie, cette part humaine qui nous échappe chez l'autre.
L'insularité donne un sentiment d'invincibilité : on le voit tout au long de l'histoire de l'Angleterre ; on peut le noter avec l'Espagne et son attachement partiel (la "péninsule" ibérique).
L'immensité russe, quelque part, fait de ses habitants des insulaires. Il y a tant à "couvrir" d'un point à un autre que ce sont autant de poches. Un seul ciment les fédère : l'attachement à la notion de patrie. Ceux qui ne sont pas trop "fédérés" ne sont plus ou comprennent très vite le choix : se battre et risquer de mourir, mourir.
Se battre et risquer de mourir présente un avantage : on reste présent dans les mémoires, dans la mémoire "collective", les nôtres seront reconnus, on ne disparait pas "pour rien".
L'autre choix n'apporte rien qui puisse aider à franchir le pas.
Je n'ai pas lu cette ouvrage mais je ne pense pas qu'il puisse être fait démonstration qu'il n'y avait nul pilote dans l'avion. Tout au plus que le pilote ne savait pas, passé un certain cap, utiliser de manière optimale les indications qui lui étaient fournies par des appareils sophistiqués qu'il ne comprenait pas.
Lorsque tous les indicateurs furent négatifs, entre les courtisans, ceux qui avaient peur, ceux qui voulaient croquer d'un peu de pouvoir, ceux qui était déjà trop mouillés, la base qui avait suivi : personne n'a pu ni véritablement souhaiter dire "STOP".
Il était trop tard et chacun a commencé à anticiper le crash à sa manière.
Je vois que mon message va croiser celui de Nico, désolée donc pour d'éventuelles redites.
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