Pédro a écrit :
Commode-le-clément a écrit :
Oui elle résume en effet ma passion pour la vérité : à une époque, on a menti aux lecteurs et aux chercheurs honnêtes, pour des raisons idéologiques, heureusement aujourd'hui ce n'est plus le cas, on est plus mesuré, heureusement.
Peter Brown et d'autres étaient donc des menteurs, merci pour votre brillante analyse.
Allez j'en termine là, place à Verdun.
Peter Brown était justement critiqué à l'époque pour ne pas être dans le même relativisme que certains de ses contemporains, mais continuez avec vos brillantes analyses qui ne sont que de l'extrapolation et de la provocation d'enfants.
Au vu de ce débat, je pense que c'est vous qui êtes tout à fait dans une vision de l'histoire partisane, voulez prendre les sources et travaux qui vous arrange, Ward Perkins est méchant puisqu'il nuance (lui et d'autres comme Barbero par exemple).
Ceci étant posé,je retourne au sujet qui m'intéressait au départ : Pierma, si j'avais relevé il y a quelques jours, l'importance de pouvoir relever le déclin de quelque chose ou de quelqu'un, c'était justement parce qu'un autre forumeur l'avait relevé aussi, et qu'étant un jeune diplômé, j'ai eu des professeurs (de gauche pourtant c'est amusant ça non) qui nous ont bien signalé que c'était un problème qui a eu longtemps cours, qui était qu'il y avait un relativisme ambiant consistant à écarter toute notion de déclin, mais qu'aujourd'hui on en revient.
Attention, il ne s'agit pas non plus de faire l'erreur inverse, de parler de déclin car on se sent dans une époque déclinante aujourd'hui (là aussi je suis moi-même très critique : il y a des choses qui vont mal comme à chaque époque, mais je pense qu'on est l'une des époques où l'on a aussi le plus de raisons d'être heureux).
Et le sujet est beaucoup plus proche de Pétain que ce vous croyez, j'aurai dût l'exprimer avant, mais ayant beaucoup de boulots, je n'ai pas encore eu l'occasion de m'exprimer là-dessus et le lien que je voulais faire. Mais de la même façon où vous voyez les provocations que cela à causer de la part de Pedro, parce que j'ai abordé la fin de l'Empire Romain, avec un oeil beaucoup plus critique, sachez qu'avec Pétain il en est bien de même. L'histoire devient un terrain idéologique, et les historiens voulant apporter de la nuance sur le personnage de Pétain (c'est arrivé à l'un de mes professeurs... lui aussi de gauche tient, il militait même au PCF à une époque), se ramassent des critiques au vitriole.
C'est pourtant important pour tout historien de savoir être au maximum objectif, ne pas être partisan idéologiquement. Pétain est un sujet d'histoire comme un autre. Il est mort il y a environ 60 ans, la guerre s'est finie il y a plus de 70 ans. Les historiens doivent prendre de la hauteur car le temps est déjà passé, mais beaucoup ont encore difficile à le faire aujourd'hui, ça reste un sujet très tendu en France.
Pétain un imposteur ? Difficile à dire, qu'est-ce qu'on entend par là ? Vous savez, j'ai eu l'occasion de lire des lettres de soldats, et voici une qui a retenue mon attention "Pétain est comme les autres officiers, peut-être, mais lui fait semblant de s'intéresser à nous". Je trouve ça très intéressant, car l'on se rend compte que les soldats eux-mêmes ne sont pas dupe. Pétain a été un héros créé de toute pièce, peut-être, mais sa popularité n'était pas factice, et le personnage était très intelligent dans sa manière de concevoir la guerre, en ce sens qu'il avait compris qu'il ne fallait pas mépriser le simple soldat. Il avait aussi conscience qu'on les envoyait souvent inutilement à la boucherie assurée (ce qui ne l'a pas empêché de le faire aussi par moment).
Je dirais aussi qu'il n'était pas dépourvu de sens stratégique voir politique sur le long terme, car il fait partie des généraux qui comprennent qu'il aurait fallu envahir l'Allemagne pour être vu comme un vrai vainqueur (j'ai vu le sujet abordé sur un autre topic). Marc Ferro dans sa biographie sur le maréchal Pétain note même qu'il avait compris que c'est parce que les Alliés n'avaient pas mis un pied en Allemagne pendant la Guerre, que ceux-ci vont avoir la volonté de se venger un jour.
Pétain est en revanche un personnage, un symbole avant tout. Si on chipote, tout héros est un peu un imposteur, dès lors que ses faits sont grandis plus qu'ils ne devraient l'être en général (je pense que c'est Todorov qui avait aussi relevé cela).
Encore une fois, pour recentrer encore plus le débat, à quel niveau est-il un imposteur ?