Atlante a écrit :
C'est aussi à la même époque que se généralisent la traque des hérétiques et les procès de sorcelleries (paroxysme : XVe - XVIe en France). Il faut bien des coupables aux "malheurs du temps" et comme l'Eglise a martelé dans le crâne des gens que les catastrophes en tout genre étaient la réponse divine aux péchés des hommes... on s'acharne à punir les pécheurs. En fait, c'est tout un contexte, qui commence vers la fin du règne de Philippe le Bel avec le début du changement climatique, les successions d'années "pourries", les famines dramatiques, l'instabilité politique, la guerre... la peste est la cerise sur ce mauvais gâteau, une sorte de facteur déclencheur. Les bas-reliefs, les statuaires, les fresques changent brutalement d'atmosphère, et ce changement traduit assez bien l'état d'esprit plus ou moins général. Les flagellants, les transis, les danses macabres, les sculptures, pendant deux siècles, vont dominer l'art religieux (et sans doute pas que religieux).
La traque des hérétiques s’est généralisée lorsque les hérésies en cause ont été perçues comme des menaces contre l’Église ou contre le pouvoir royal. C’était notamment le cas à l’égard des Cathares ou des Fraticelles ou, plus tard, des réformés. Les mouvements millénaristes qui naissent à l’occasion de catastrophes comme les épidémies ou les famines, font l’objet de répressions qui peuvent tourner à une traque aux hérétiques.
Les chasses aux sorcières sont un phénomène différent. Elles ne se sont généralisées que plus d’un siècle après la grande peste.
Narduccio a écrit :
Pour la Peste noire, on a souvent crû que les campagnes représentaient un meilleur abri que les centres urbains. Certains, sur ce fil s'en sont fait l'écho. Or, la découverte d'un charnier en Angleterre remet en cause cette idée : Archéologie : nouveaux indices sur la peste noire
Cet article ne traite pas de la morbidité des campagnes comparée à celle des villes. Il rend simplement compte de la découverte d’une fosse commune en dehors d’un espace urbain. C’est le premier de ce type dont on ait connaissance. Cela remet en question la thèse jusqu’à présent admise selon laquelle les zones rurales peu peuplées disposant d'une abondance de terres, leurs habitants avaient pu enterrer leurs morts comme à leur habitude dans des tombes individuelles à la différences des citadins qui enfouissaient les cadavres dans des fosses communes. On ne peut déduire de cette découverte que la maladie frappait autant dans les villes que dans les compagnes. Il est vraisemblable qu’à une densité de population moindre ait correspondu un effet un peu moindre de l’épidémie : moins de contact avec des personnes infectées, moins de propagation d’agents infectieux, moins de malades.
Citer :
Les femmes fuyaient l'étreinte de leur mari, les pères celle de leurs fils et les enfants celle de leurs frères et sœurs, » peut-on lire dans un témoignage italien de l'époque.
C’est ce que rapporte Boccace dans l’introduction du
Decameron. Pour fuir la ville dont les habitants frappés par la peste tombent comme des mouches, un groupe de jeunes gens part se réfugier dans une maison à la campagne. Ils y restent dix jours sans contact avec l’extérieur et passent le temps en se racontant des histoires. C’est vraisemblable sauf que, dix jours, c’est un peu court pour laisser passer l’infection.