Comment résister au plaisir d'évoquer, à ce propos, le cas assez pittoresque de ce chef de bataillon, né en 1777 et décédé en 1843, qui avait fait toutes les campagnes de 1792 à Waterloo. Célibataire, il avait légué à l'hospice Saint-Julien, de Laval, les 9 métairies (valeur totale estimée à l'époque à 525.000 francs) dont il s'était rendu acquéreur dans son pays, en Mayenne. Pour que son souvenir ne se perde pas, il prit deux dispositions.
1- En stipulant dans son testament : «
Je demande à être enterré à l’angle sud et occidental donnant sur la route stratégique de Cossé et sur un chemin communal du champ du Grand Mottais, dépendant de la métairie de Pouesse en la commune de Quelaines, à quatre ou cinq mètres des haies. Je destine six mille francs pour y élever un monument ou tombeau, qui sera entretenu aux frais de l’hospice Saint-Julien de la ville de Laval ».
Le monument est toujours visible, à environ 800 après la sortie du bourg de Quelaines (oùil était né), sur la route de Cossé-le-Vivien. la légende veut qu'il ait été enterré avec son cheval et son chien, mais ce n'est que la légende.
Pièce jointe :
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2. En faisant graver, sur l'une des faces du monument : "
L’hospice Saint-Julien de la ville de Laval, possesseur des biens fonds du donateur enterré en ce lieu sur sa demande, est chargé d’entretenir ce monument funéraire ".
On n'est jamais si bien servi que par soi même !...
En bisbille forte avec le curé de Cossé-le-Vivien, commune voisine où il avait été conseiller municipal, il expliquait dans son testament que : : «
Je n’ai rien donné à l’hospice de Cossé-le-Vivien, par opposition aux prêtres qui tendent au pouvoir par toutes leurs actions… En repoussant l’autorité des prêtres, j’ai légué la plus grande partie de ma fortune à l’hospice Saint-Julien de la ville de Laval, dont les administrateurs, choisis parmi les citoyens, ne se laissent sûrement dominer par aucune classe d’hommes ».
De même, en procès avec un aristocrate local, il avait la rancune tenace et stipula également que : «
mon intention bien formelle en testant est que dans aucun cas ni pour aucun motif, même avec autorisation, il soit aliéné ou échangé à quelque époque que ce soit, aucun bien ni parcelle des biens que je viens de léguer ; et si les administrateurs de l’hospice Saint-Julien de la ville de Laval oubliaient jamais cette disposition, le présent testament deviendrait nul pour ce qui le concerne et profiterait, à quelque époque que ce soit, pour tout le bien fond, à l’hospice civil de Craon. J’ai voulu aussi que la belle et bonne métairie de Teillay, qui touche le château de ce nom, tombé en ruine, ne soit échangée contre d’autres biens avec l’homme à particule auquel elle n’a jamais appartenu ».
L'hôpital de Laval, successeur de l'hospice Saint-Julien, est encore, de nos jours, bénéficiaire du legs et a dû faire procéder, il y a plusieurs années, à la rénovation du monument funéraire.