b sonneck a écrit :
De mémoire, le décret Crémieux attribuait non pas la nationalité (ils l'avaient déjà), mais la citoyenneté française aux juifs d'Algérie.
Les indigènes musulmans avaient, quant à eux et selon le décret, la possibilité de l'obtenir, sur demande. Mais ils devaient dans ce cas passer sous le régime du code civil, qui interdisait, entre autres, la polygamie. La citoyenneté française n'était pas compatible avec le droit coutumier qui régissait la société civile indigène, dont la justice civile était rendue par des cadis.
Ce n'est pas dit dans le décret, mais une autre considération a probablement joué en faveur du maintien du statut personnel des indigènes : en faire des citoyens leur conférerait automatiquement et intégralement les mêmes droits que le reste de la population, avec accès aux mêmes services publics : état civil, justice, instruction, etc. Bref, tout une administration à développer. J'imagine qu'on a dû reculer devant l'ampleur de la tâche. A une époque où on ne savait pas encore bien ce qu'il convenait de faire de cette colonie ; on sortait d'un Second Empire qui avait oscillé entre deux directions divergentes : assimilation vs association avec des royaumes locaux.
Les juifs concernés par le décret Crémieux n'étaient pas de nationalité française mais étaient régis par le statut de l'indigénat, comme les musulmans.