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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 27 Mars 2021 5:50 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Rebecca West a écrit :
.

L'emploi du mot "orgueil" -pour ce qui me concerne- fait la différence. Avait-on l'image d'un Henri III gonflé d'orgueil ?

*


Lisez mieux : l'orgueil en question n'est pas celui du roi. C'est celui que les Français sont en droit d'éprouver par le fait - exemple unique dans l'histoire - que cette dynastie de quarante-trois rois n'a compté qu'un seul tyran.


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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 28 Mars 2021 0:11 
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Jean Froissart
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Lampsaque a écrit :
... l'orgueil en question n'est pas celui du roi. C'est celui que les Français sont en droit d'éprouver par le fait - exemple unique dans l'histoire - que cette dynastie de quarante-trois rois n'a compté qu'un seul tyran.

Vous avez raison pour la lecture.
1- Je n'avais pas songé à Philippe IV.
2- Voici -dans le livre cité par vous- la définition d'un "tyran" selon les critères de Chateaubriand (là, il faut y voir Bonaparte)
[Si le tyran s’est promené au milieu du peuple muet, il s’est avancé, dit-on au milieu des acclamations de la foule. Le but unique, c’est le prince : la morale consiste à se dévouer à ses caprices, le devoir à le louer. Il faut surtout se récrier d’admiration lorsqu’il a fait une faute ou commis un crime. Les gens de lettres sont forcés par des menaces à célébrer le despote (1) […] De là cet endurcissement de l’âme, cet oubli de tous les sentiments naturels, qui mènent à l’égoïsme, à l’insouciance du bien et du mal, à l’indifférence pour la patrie, qui éteignent la conscience et le remords, qui vouent un peuple à la servitude, en lui ôtant l’horreur du vice et l’admiration pour la vertu. (2)]

Cette définition correspond assez à Louis XIV. Je vous accorde qu'elle est plus que subjective et s'inscrit dans des ambitions frustrées de l'écrivain ; la définition est biaisée (on le voit à la facilité).
(1) reprise du sonnet de du Belley "Les vieux singes de Cour" en oubliant les deux tercets.
(2) reprise d'un sermon de Bossuet, très prisé par Chateaubriand.
On peut y ajouter cette opposition en miroir vice/vertu etc. que l'on retrouve comme un leitmotiv chez l'écrivain surnommé "L'ambitieux des antichambres".
Ajoutez à ceci que se faire le porte-parole de la France est différent que se faire le porte-parole des Français et qu'au moment de l'écriture de ce livre, Chateaubriand n'avait pas atteint sa "maturité" littéraire, celle que l'on trouve dans les "Mémoires".
Nous sommes dans sa période de prédilection : le XVIIe. Il y a du Saint-Simon dans la description. Sachant ceci, c'est aussi la raison pour laquelle j'avance Louis XIV avec la même certitude que l'auteur cité à savoir, celle du moment.
Ce qui ne l'empêchera pas d'écrire tout de même : "Retomber de Bonaparte et de l'Empire à ce qui les a suivis, c'est tomber de la réalité dans le néant, du sommet d'une montagne dans un gouffre... "

Tout en étant consciente que la définition de "tyran" était orientée, je reste étonnée du choix de Philippe IV. Il est très peu évoqué par les écrivains se piquant d'histoire au XIXe. Le seul épisode optimisé fut, je crois, celui de la Tour de Nesle.

*-*

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 28 Mars 2021 13:32 
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Grégoire de Tours
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Comme je l’ai écrit plus haut, je ne vois pas comment le tyran évoqué pourrait être Louis XIV, car il est dit à la page suivante que « nous devons à Louis XIV la majeure partie de notre gloire ».

Les Considérations sur la Révolution française, de madame de Staël commencent par un survol de l’histoire du pouvoir royal du point de vue de sa limitation (souhaitée par elle). Philippe le Bel n’est pas mentionné. Les trois grandes étapes de la dégradation despotique : Louis XI, Richelieu, Louis XIV.
Cela dit, Chateaubriand et madame de Staël n’étaient pas vraiment de même tendance idéologique (en particulier, elle était philo-protestante), si bien qu’on ne voit pas pourquoi ils auraient été d’accord sur l’identité du seul roi qui fut un tyran.
Ce qui m’étonne le plus, avec Chateaubriand, c’est qu’il n’a pas besoin de nommer ce roi, comme si son identité était évidente pour les lecteurs.

Dans le doute, je reste sur Philippe le Bel, essentiellement pour le procès du Temple.


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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 28 Mars 2021 17:14 
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J'ai été surpris une fois d'entendre une vieille fille catholique évoquer "la trahison" d'Henri III. (J'étais bien loin d'imaginer que cette opinion pouvait persister de nos jours...)

Si vous dites que Chateaubriand n'était pas "philo-protestant" je persiste à penser qu'à son époque on pouvait encore tenir Henri III comme un parfait tyran entouré de spadassins.

Une anecdote me conforte dans cette idée : à Saint-Cyr, ou à l'école de guerre, j'ai oublié, un débat s'ouvre soudain entre élèves sur "quel était notre plus grand roi" et le groupe a la surprise d'entendre nommer Henri III. De Gaulle, qui faisait partie du groupe commente froidement :"Laissez, laissez ! Notre ami considère qu'il y a de la grandeur à régner par la dague et le poison !" (Oui, Barbetorte, c'est rapporté par Lacouture... :mrgreen: )

Et donc je me dis que si cette idée pouvait encore être prégnante chez De Gaulle, si familier de notre histoire, je n'ose imaginer ce qu'on en pensait plus d'un siècle auparavant...

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 28 Mars 2021 20:07 
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Jean Froissart
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Lampsaque a écrit :
Comme je l’ai écrit plus haut, je ne vois pas comment le tyran évoqué pourrait être Louis XIV, car il est dit à la page suivante que « nous devons à Louis XIV la majeure partie de notre gloire ».

Je vais cesser de vous titiller avec le grand Louis, ;) loué autant que faire se peut.
Je l'ai cité afin de montrer combien la plume d'un grand écrivain peut s'égarer lorsqu'elle est mue par une volontaire cécité.
Il apparait évidemment -c'était le but- que les Bourbons n'ont nul tyran dans leur Maison profondément étayée par la vertu issue de la religion, le bien-être des sujets, le bon choix des conflits etc. :P

Alors Philippe IV ? Pourquoi pas ? Je songe à la gifle qui précipita le décès du pape Boniface mais une chose me gêne :
[Combien nos pères différoient de nous de sentimens et de maximes ! A la mort de Philippe-le-Bel ils adjugèrent la couronne à Philippe de Valois au préjudice d'Edouard III, roi d'Angleterre ; ils aimèrent mieux se condamner à deux siècles de guerre , que de se laisser gouverner par un étranger.]
Philippe IV est évoqué, il suffisait d'un qualificatif, une parenthèse afin de donner un signe et Chateaubriand -pourtant friand d'étaler les gourmandises de chacun- se tait.
Il se tait tout autant concernant les souverains durant les guerres de religion (Henri II, François II, Charles IX, Henri III), les exonérant en animant le contexte.
Lors de son long paragraphe concernant "Les Alliés", il trouve à Jean II "le Bon" un sens de la chevalerie inégalé -j'imagine du même pour François Ier qui n'apparait pas dans la galerie des nommés-.

J'ai tout comme vous songé à Louis XI. Ce monarque ne s'est pas embarrassé de conseillers à particule, ce qui -pour un Chateaubriand- est dans le désordre des choses-.
A noter que Clovis qui se voit étrillé au début, trouve -vers la fin- un accessit et l'évocation de la Reine Louise de Prusse, évocation qui est restée très présente en l'état outre-Rhin pendant le XIXe, surtout chez le cadet de la reine.

Je souhaite délier Madame de Staël du sujet. Son cheminement et celui de Chateaubriand n'ont rien de commun dans la forme, le fond, le choix des sujets et la finalité des écrits.

A chacun de choisir "le tyran" sachant qu'il ne peut être Bourbon, ne semble pas Valois (ni Angoulême ni Orléans)...
;)

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 29 Mars 2021 1:40 
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Jean Froissart
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.
Bon.
Le texte est un pamphlet. J'ai décortiqué les parties, sous-parties, orientations, balancement etc.
Avant d'arriver à Bonaparte, Ch. commence par évoquer la RF ensuite ceci va crescendo (le Directoire).
Il montre combien ces moments furent sanglants mais trouve toujours un balancement. La RF est sanglante mais... c'est une révolution, un moment de chaos.
Le Directoire est ceci ou cela mais...
Et puis arrive Bonaparte qui prend le tout sur lui et au lieu d'en exploiter le meilleur se montre non seulement malhonnête mais criminel. Le but est de ne pouvoir qu'abonder dans ce sens.

Ensuite les Bourbons. On commence mollo tout de même et on annonce que durant X siècles, il faut bien trouver un "tyran".
Je pense que Chateaubriand joue la carte de l'innocent ou celle d'un certain humour. Qui donc était le "tyran" dans ces temps ?
Qui donc la France dynamisée par des hommes sans foi ni loi a vu dans une figure soudain transformée un "tyran" ?
C'est Louis XVI.
Voici le tyran que les Français -sous emprise- s'étaient trouvé.

Ensuite, après l'analyse à gros traits de Bonaparte, même un Louis XVI "tyran", l'association semble ridicule et pourtant elle fut faite... par un peuple en perte de repères et Chateaubriand d'énoncer de nouveau les vrais repères avec en miroir les errances d'un temps ou la timbale fut décrochée par un vrai "tyran" et là, il explicite à tous niveaux.
C'est pour ceci qu'il ne prend pas la peine de développer le "tyran bourbon" et il ne faut pas le chercher en amont, ce fut un peuple déboussolé, oubliant toute mesure (vous déclinez) qui a suivi une bande de fripons dénonçant un "tyran", là où lui voit un martyr.
*-*

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 29 Mars 2021 5:16 
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Il faudrait relire le texte pour voir si l'hypothèse d'une désignation ironique de Louis XVI (ironique envers la Révolution) comme tyran "désigné d'office" tient la route.

Ce n'est pas l'impression que j'avais eu, mais je trouve l'idée intéressante.

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 29 Mars 2021 9:32 
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Philippe de Commines
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Lampsaque a écrit :
De Buonaparte et des Bourbons.

"[La maison de Bourbon] ...une race qui, commençant par un roi brave et prudent, et finissant par un martyr, a compté dans l'espace de neuf siècles quarante-trois monarques parmi lesquels on ne compte qu'un seul tyran : exemple unique dans l'histoire du monde et éternel sujet d'orgueil pour notre patrie."

Le roi brave et prudent qui commence la race est, je pense, Hugues Capet, le martyr qui la finit est Louis XVI.
Mais le tyran ?

Hypothèse ici https://books.openedition.org/pur/40014?lang=fr note 45 : "Sans doute cet unique tyran est-il Louis XI, que la littérature monarchomaque a pris l’habitude de loger à l’enseigne de la tyrannie."

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 29 Mars 2021 9:37 
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Philippe de Commines
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Liber censualis a écrit :
Lampsaque a écrit :
De Buonaparte et des Bourbons.

"[La maison de Bourbon] ...une race qui, commençant par un roi brave et prudent, et finissant par un martyr, a compté dans l'espace de neuf siècles quarante-trois monarques parmi lesquels on ne compte qu'un seul tyran : exemple unique dans l'histoire du monde et éternel sujet d'orgueil pour notre patrie."


De Hugues Capet à Louis XVI ça fait 33 rois. Chateaubriand a corrigé dans la seconde édition.

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 29 Mars 2021 10:03 
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Liber censualis a écrit :
Hypothèse ici https://books.openedition.org/pur/40014?lang=fr note 45 : "Sans doute cet unique tyran est-il Louis XI, que la littérature monarchomaque a pris l’habitude de loger à l’enseigne de la tyrannie."

Hé bien je crois qu'on a cette fois la bonne réponse, sous la plume d'un spécialiste de la pensée de Chateaubriand et de l'époque.

Cette vision noire de Louis XI a depuis été quelque peu revue par les historiens. Il est significatif que la réponse ne nous ait pas parue évidente.

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 29 Mars 2021 12:59 
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Jean Froissart
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Liber censualis a écrit :
Hypothèse ici https://books.openedition.org/pur/40014?lang=fr note 45 : "Sans doute cet unique tyran est-il Louis XI, ... "

Il n'y a rien d'affirmatif et je retiens le " … sans doute..." qui pourtant fait déjà un rallié. ;)
Retour à l'écrivain :
[ ...Le sang noble et doux des Capet ne se reposoit de produire des héros que pour faire des rois honnêtes hommes. … Les uns furent appelés sages, bons, justes, bien aimés ; les autres surnommés grands, augustes, pères des lettres et de la patrie. Quelques-uns eurent des passions qu'ils expièrent par des malheurs … Les Bourbons , dernière branche de cet arbre sacré...]
Après s'être donné tant de mal à nous démontrer une royauté plus blanche que blanche, il entacherait la branche d'un tel arbre ? j'hésite un peu à franchir le pas.
Le moindre écart royal -non payé content- risquait d'interpeller le lecteur et de se dire : "Et bien, même chez ces rois, il en fut un... Alors la France pouvait se permettre un tyran et quel tyran ! On aura au moins eu la grandeur...". Chateaubriand lui-même en conviendra plus tardivement.

Le pamphlet est destiné -non pas aux philosophes donnant dans le comparatif- et pas même à ausculter les états d'âme des penseurs de tous genres et étages mais à rassembler sous une même bannière : la royauté et son représentant :
[Les fonctions attachées à ce titre sont si connues des Français , qu'ils n'ont pas besoin de se le faire expliquer ; le Roi leur représente aussitôt l'idée de l'autorité légitime, de l'ordre , de la paix, de la liberté légale et monarchique. Les souvenirs de la vieille France , la religion , les antiques usages, les moeurs de la famille, les habitudes de notre enfance , le berceau , le tombeau , tout se rattache à ce mot sacré de roi : il n'effraie personne; au contraire , il rassure. … Le roi, le magistrat, le père ; un Français confond ces idées. Il ne sait ce que c'est qu'un empereur; il ne connoît pas la nature , la forme , la limite du pouvoir attaché à ce titre étranger.
Mais il sait ce que c'est qu'un monarque descendant de saint Louis et de Henri IV : c'est un chef dont la puissance paternelle est réglée par des institutions, tempérée parles moeurs, adoucie et rendue excellente par le temps … Le sang noble et doux des Capet ne se reposoit de produire des héros que pour faire des rois honnêtes hommes.
].

Se donner tant de mal pour risquer de voir l'étayage s'effondrer à cause d'une exception. D'après Chateaubriand, les rois qui se sont -en chemin- un peu égaré, la nature ou le trépas sont venus y remédier.

Le texte présenté par vous a des analyses étranges :
« ... Soit une « parole-acte », qui rendait Chateaubriand « indispensable aux Bourbons », comme l’écrit M. Fumaroli ».

En rien Ch. Fut indispensable aux Bourbons sinon pour ce travail. Preuve, ils s'en séparèrent. Chateaubriand n'était indispensable qu'à lui-même. Son cursus le fera éternel opposant au point de na pas hésiter à mettre bas un ministre et risquer de rompre le bel équilibre tant souhaité par lui.
J'aime cette phrase très pensée : " … Notre questionnement s’inscrit bien dans l’opposition entre les deux « B », qui est au cœur du propos de Chateaubriand. Celui-ci le décline en deux temps, plaçant l’un essentiellement du côté de Bonaparte, l’autre du côté des Bourbons.".
Nul besoin d'aller très loin en lecture, le titre du pamphlet suffit.
Puis la définition de l'emploi du "Nous". Je trouve que l'auteur se tort un peu l'esprit en oubliant les facilités qu'offre la rhétorique. Ce "nous" fait passer le lecteur en acteur d'une pensée, d'un choix. Le lecteur se range d'autorité au même niveau que l'auteur sans avoir à travailler bien fort ou bien profondément sa pensée. Là est le but de Chateaubriand : qu'importe la qualité, il faut le nombre.
Autre analyse percutante :
"Mais Chateaubriand ne refuse pas d’instruire le dossier. Et, comme on s’y attend, il le fait plutôt à charge qu’à décharge."
J'arrête ici car l'auteur, aux jeux des "Métamorphoses", est loin d'égaler Ovide. ;)
Je reste sur le "… sans doute..." un peu vite oublié.

Alors Louis XI, pourquoi pas ? Après tout, il faisait partie des éventualités pour ceux qui se sont donné la peine de lire l'entièreté du pamphlet.
;)

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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 29 Mars 2021 20:43 
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Grégoire de Tours
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Liber censualis a écrit :
Hypothèse ici https://books.openedition.org/pur/40014?lang=fr note 45 : "Sans doute cet unique tyran est-il Louis XI, que la littérature monarchomaque a pris l’habitude de loger à l’enseigne de la tyrannie."


Bravo pour avoir trouvé ce texte. L'auteur en est Yvon le Gall, professeur d'histoire du droit. Je suppose qu'il sait de quoi il parle.

Wikipedia
Monarchomaque : « Les monarchomaques étaient des libellistes qui s'élevaient contre l'absolutisme royal qui s'établit à la fin du XVIe siècle, en Europe occidentale. Ils furent actifs au cours de la deuxième moitié du XVIe siècle. »
« Henri III fit assassiner Henri et Louis de Guise, chefs politiques et religieux Ligue. Dès lors, le 7 janvier 1589, la faculté de théologie de Paris délia les sujets du roi de leur serment de fidélité, ce qui permit à de nombreux catholiques d'assimiler le roi Henri III à un tyran »
Ce qui permet de comprendre Pierma ayant entendu « une vieille fille catholique évoquer "la trahison" d'Henri III. »

Louis XI : « l'évêque de Lisieux Thomas Basin développe la légende noire posthume du roi (tyran laid, fourbe et cruel, enfermant ses ennemis dans des cages en fer, les « fillettes »), le décrivant dans son Histoire de Louis XI comme un « fourbe insigne connu d'ici jusqu'aux enfers, abominable tyran d'un peuple admirable ».»


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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 31 Mars 2021 14:54 
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On peut remonter à Jean Petit avec sa justification du meurtre de Louis d'Orléans, justifié par le fait que le prince était un tyran. Gerson en fit une réfutation, mais l'idée était lancée.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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 Sujet du message : Re: Le style de Chateaubriand
Message Publié : 07 Juin 2021 10:24 
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Polybe
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Rebecca West a écrit :
Alors Louis XI, pourquoi pas ? Après tout, il faisait partie des éventualités pour ceux qui se sont donné la peine de lire l'entièreté du pamphlet.;)

Puisque la réponse ne se trouve pas dans le pamphlet de façon manifeste, ni même dans cette note de bas de page où elle n'est que suggérée, ne vaut-il pas mieux pour répondre à cette question sans l’ombre d’un doute, tout simplement relire Chateaubriand lui-même qui est assez prolixe et d’un jugement constant sur Louis XI dans nombre de ses écrits, et en particulier dans le chapitre « Louis XI » de son Analyse raisonnée de l’Histoire de France  (1826) ? Ce texte n’est qu’un long procès en tyrannie dont il serait fastidieux de donner toutes les citations, mais je retiens celle-ci , qui fait clairement écho à celle qui a été cité ici, parce qu’elle le distingue de la même façon des rois qui l’ont précédé et suivi:  
Ce personnage, unique dans nos annales, ne semble point appartenir à la série des rois français : tyran justicier aux mœurs basses, chéri et méprisé de la populace
.
On retrouve aussi cette accusation dans le chapitre « Philippe IV » du même ouvrage :
Louis XI donna en 1467 un édit pour la perpétuité des offices de judicature ; à la vérité il ne tint compte de son édit, parce qu'il n'était fidèle qu'à son despotisme de bas aloi.

Encore en 1826 dans le chapitre "Sur l'Histoire des Ducs de Bourgogne de M. de Barante" des Mélanges littéraires :
Et tout à coup cette terrible histoire de quelques cadets de la Maison de France vient expirer aux pieds de ce personnage unique dans nos annales, de ce Louis XI qui faisait décapiter le connétable et empoisonner les pies et les geais instruits à dire, par les bourgeois de Paris : Larron, va dehors ; va, Pérette, tyran justicier, méprisé et aimé du peuple pour ses mœurs basses et sa haine des nobles .
Plus loin :
Après le règne de Charles VI et de Charles VII, M. de Barante nous présentera le tableau de la tyrannie de Louis XI.

Ou encore dans les Études ou discours historiques sur la chute de l'Empire romain, la naissance et les progrès du christianisme et l'invasion des barbares (1831)
Louis XI vint faire l'essai de la monarchie absolue sur le cadavre palpitant de la féodalité. Ce personnage placé sur les confins du moyen âge et des temps modernes, né à une époque sociale où rien n'était achevé et où tout était commencé, eut une forme monstrueuse, indéterminée, particulière à lui, et qui tenait des deux tyrannies entre lesquelles il se montrait.

Jugement déjà exprimé dans un peu antérieur : De la Vendée en 1819 :
L'ancienne constitution de la France fut attaquée par la tyrannie de Louis XI, affaiblie par le goût des arts et les moeurs voluptueuses des Valois, détériorée sous les premiers Bourbons par la réforme religieuse et les guerres civiles, terrassée par le génie de Richelieu, enchaînée par la grandeur de Louis XIV, détruite enfin par la corruption de la régence et de la philosophie du XVIIIe siècle.

Et plus tard dans Les Quatre Stuarts  (1828)
Cromwell eut quelque chose de Hildebrand, de Louis XI et de Bonaparte ; il eut du prêtre, du tyran et du grand homme.


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