Squalll a écrit :
Bonjour à tous
J'ai longtemps vu Napoléon III comme ayant été contraint de déclarer la guerre du fait d'une campagne belliciste dans la presse, de manifestations populaires en faveur du conflit et d'une opposition parlementaire.
Cet article rappelle qu'il y a deux historiographies sur le sujet, une "bonapartiste" qui rejette la faute de la déclaration sur le peuple et une "républicaine" qui blâme les élites.
https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-081 ... _82_1_4834L'article est un peu vieux donc les questions ont peut être été amenées à évoluer. Pensez-vous qu'on peut légitimement dire qu'il y avait une pression populaire appelant à la guerre ?
L'article évoque en fait le "ressenti" des ambassadeurs étrangers qui considèrent que "l'opinion", réduite à quelques cercles parisiens, veut la guerre, est surexcitée, enfiévrée etc..."Certains, à l'époque, ont été à ce point impressionnés par ces voix qui criaient à la guerre qu'ils ont pu croire qu'il s'agissait de la voix du pays.(...)Napoléon III se laisse aller à cette grossière erreur d'interprétation. L'Empereur a manifestement cru, en 1870, que la France, que «le pays» voulait la guerre."
Il n'est question que de sources diplomatiques ou des mémoires des politiques. Pas des analyses de l'état de l'opinion par les préfets, évoquée chez Audoin-Rouzeau, 1870, la France dans la guerre, Armand Colin, 1989, et qui fait plutôt état d'une réelle indifférence du pays envers cette crise diplomatique.
Et s'agissant de la déclaration de guerre, l'article indique bien que "quand on connaît les fantasmes que l'Empereur se faisait au sujet du «pays», on incline à penser que Napoléon III et son ministre se sont effectivement imaginé qu'ils devaient agir comme ils le faisaient pour satisfaire aux exigences de l'opinion." Bref l'enflammement belliciste de l'opinion a été sinon inventé afin de justifier la volonté d'entrer en guerre de Gramont et de l'Impératrice, au moins fantasmé par cette coterie.
Et même la publication de la dépêche d'Ems (le fameux chiffon rouge de Bismarck), " n'a pas eu, dans l'opinion française,
un effet immédiat, ni même un effet rapide, car la nouvelle a été noyée dans un flot d'informations diverses et contradictoires, où le public avait du mal à se retrouver."
L'auteur de l'article corrobore l'idée selon laquelle le gouvernement impérial s'est enferré seul dans ce conflit, sans aucune pression de l'opinion publique, pas même parisienne.