Pierma a écrit :
Je me demande tout de même si l'hypothèse que j'ai levée, celle de la vaporisation explosive de l'eau situés dans les sous-sols, sous la dalle (l'explosion d'une cocotte minute, en quelque sorte) et qui aurait pu éventrer tout ce qui restait de construction au dessus - rendant impossible le confinement de la radioactivité et la construction d'un sarcophage - est une hypothèse fausse ou un risque réel ? Narduccio ?
Là, il ne faut pas un ingénieur atomiste, mais un thermicien.
En fait, tout dépend de comment le corium arrive au contact de la masse d'eau. Soit par percolation, soit par affaissement de la dalle.
Lorsque le corium arrive au contact de la dalle, celle-ci se retrouve exposée à une température supérieure au point de fusion du béton et des barres d'acier qui servent d'armature. Là, les spécialistes étaient divisés. Pour certains, le corium allait faire fondre la dalle et tomber d'un coup, lors de l'affaissement de celle-ci dans la masse d'eau qui n'aurait pas eu le temps de se vaporiser. Là, on pourrait même se trouver dans un cas pire que la vaporisation explosive de l'eau, car on pourrait avoir une thermolyse : une séparation des molécules d'eau en hydrogène et oxygène. Donc, un très gros dégagement d'énergie avec la création de particules fines de corium qui auraient été entrainées à haute altitude. D'autres avaient peur de la vaporisation explosive, le cœur se serait effectivement retrouvé à nu et il aurait été impossible de s'en approcher à cause de la radioactivité ambiante. Donc, plus de moyens de lutte. Ou plutôt, les premiers moyens de lutte auraient été de monter des murs de protection à distance raisonnable...
D'autres experts militaient pour le phénomène de percolation. Pour eux, les parties les plus chaudes du corium allaient percer des espèces de tubules dans la dalle et faire tomber de petites quantités de corium dans une grande capacité d'eau. Ces parcelles de corium auraient vaporisé de petites quantités d'eau, mais, elles auraient été elles-mêmes refroidies suffisamment pendant un certain temps.
En fait, on voit que la question est celle de la concentration de la matière nucléaire au sein du corium. Si elle est concentrée, la source de chaleur est concentrée, et la dalle est vite percée par un seul gros trous qui entraine la chute de tout le corium. Si elle est diffuse, la surface attaquée est plus grande, mais aussi plus hétérogène et l'on va avoir des phénomènes de percolation avant que la dalle ne finisse pas céder.
Du retour d'expérience, le corium tend a se diluer au fur et à mesure de sa progression. La stratégie actuelle contre un corium est double. D'un coté on cherche à le refroidir en l'arrosant en permanence pour limiter sa progression. De l'autre, on cherche à lui donner de la matière "à manger" pour augmenter son taux de dilution. En le "bombardant" de sacs de sables, de bore et de plomb, les soviétiques ont dilué le corium de Tchernobyl. Et cela semble avoir été une stratégie efficace. Que serait-il arrivé s'ils ne l'avaient pas fait ? Seule les simulations peuvent nous le dire. Mais, on a des indications avec le retour d'expérience. On prévoir, préventivement, des stratégies qui sont très proche de celles des soviétiques. Tout en prenant toutes les précautions possibles pour que l'accident n'arrive jamais.