Narduccio a écrit :
Car le vrai problème n'est pas la réaction de Macron, mais bien la question qu'on lui pose...
Il est toujours intéressant d'avoir d'autres avis/lecture.
J'ai visionné l'échange en entier, trouvable sur YouTube.
C'est vrai, Macron est "piégé" car il me semble que toutes les questions ramènent à un seul sujet : la présence actuelle et antérieure de la France (à la fin d'ailleurs, j'ai souvenir que Macron fait le point à ce sujet).
L'étudiante ne demande pas une "solution" à un vague problème d'électricité, elle soulève le problème de ce qui a/aurait été acquis "il fut un temps" et de ce qui est "dû" aujourd'hui.
Comme la question est étrangement posée, Macron a le choix de plusieurs réponses et il évoque le vague problème des difficultés d'abonder en électricité (l'arbre qui cache la forêt car la question posée comme elle le fut le permet).
Cependant, à la fin (je crois, je n'ai pas revisionné), un peu encombré par les questions pointant toutes vers la période coloniale, Macron explicite sa position.
Je comprends ainsi cet échange. Ensuite le président fait le choix de questions "au hasard" et là, plof ! Pas de chance car il est évident qu'un vieux contentieux existe car les questions prises "au hasard" tournent encore autour de la période coloniale.
Deux options : faire ce que fait le Président et dire qu'il faut "aller de l'avant" ; opter pour ce qui est le créneau du moment des personnes présentes (je ne suis pas dans le jugement) c'est à dire expliciter difficilement que l'on ne peut avancer si le deuil d'une période "difficile" (à chacun de trouver son adjectif) n'a pas été fait.
Reprise de Macron : il ne peut pas endosser le passé ni faire un deuil qui appartient à d'autres. C'est là où je pense encore et toujours que le "timing" n'est pas le même pour tous, où l'on s'aperçoit qu'il n'est pas si facile de faire un deuil.
Songeons à l'Alsace-Lorraine. La France n'a manifestement pas fait son deuil ou celui-ci était tellement difficile qu'il a fallu une "boucherie" pour renvoyer la "patate chaude" en face. En face, ce fut du même. Alors bien sûr on ne peut empêcher les récupérations politiques et autres.
Au départ, il y a pourtant bel et bien "souffrance".
Maintenant, les questions n'autorisent nullement cette familiarité condescendante (pour ne pas dire plus) d'un homme devant un autre homme au statut équivalent (j'évoque le statut seulement) et qui casse d'emblée tout respect dû à la "représentation" (discutable ou pas) de l'autorité de cet homme.
Ce n'est plus même une familiarité doublée d'un manque évident de ce que nous nommons "éducation" mais l'image encore réactivée du "colon" qui moque un choix (démocratique ou pas, ceci ne regarde pas la France) d'un homme à une haute position qui en fait l'égal de Macron.
Que ce président eut songé à rappeler que la France a un peu de mal à juguler sa croissance et à résorber sa dette intérieure, je vous laisse imaginer...
Mais là, c'était tellement plus facile : le représentant de la France était un peu "en terrain conquis". Et là, son discours le mettant hors temps (antérieur) ne fait que réactiver maladroitement cette époque révolue (enfin qui devait être révolue).
Les ricanements et le comportement (grimaces, sourires etc.) lors des questions, la volonté d'obtenir le silence avec de grands gestes (lorsque l'on est chez "l'autre"), bref faire la "police" n'est tout simplement pas adaptée.
La condescendance lorsque la personne explique -au début- le déroulé (on se donne tout de même la peine de parler en français...) est inacceptable.
J'ai été aussi interpelée que vous dans cette sorte de position de "colonisés" mais n'est-ce pas le fruit d'un discours qui a formaté des esprits à savoir : "certes nous avons fait ceci et cela, c'était moche... mais nous avons apporté etc.". On renvoie donc l'occidental à sa caricature : il sait apporter ? Et bien qu'il apporte ! Ceci est le fruit -je pense- du côté "paternaliste" de tout colonisateur : le colonisé a été battu parfois tué, a dû accepter ce plus apporté par une autre civilisation et bien que l'on continue d'apporter "gratuitement". N'était-ce pas le but premier ?
Il faut hélas (
) accepter d'être pris nous mêmes à nos propres pièges. On peut être heureux au moins d'une chose : ces personnes ont bien lu et démonté les véritables enjeux. Grâce à nos leçons, je l'ignore mais nous pouvons nous réjouir d'avoir été déjoués : c'est déjà le début d'un possible humour.
*-*