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Message Publié : 11 Avr 2022 10:51 
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Chers abonnés,
Les administrateurs de Passion-Histoire vous proposent, une fois par semaine, de revenir sur un événement historique d'ampleur nationale ou internationale. L'idée est, autour de cet événement, que chacun puisse partager ses connaissances, ses interrogations, ses réflexions et ainsi faire vivre le débat sur notre forum. Pour ce premier essai, nous vous proposons un voyage au XIXème siècle, sous l'ère napoléonienne... entre Paris et la Louisiane.
A vos plumes !


11 avril 1803, le marquis François Barbé-Marbois, ministre du Trésor de l'empereur Napoléon Bonaparte proposait aux Etats-Unis d'Amérique la vente de la Louisiane française, du Golfe du Mexique jusqu'à la terre de Rupert, en passant par le Mississippi et les Rocheuses.

Instituée en 1682 lors de l'expédition française de Cavelier de la Salle, la Louisiane a connu une histoire riche depuis le XVIIème siècle, marquée par les conquêtes et les rivalités (notamment avec les Espagnols). Les traités de Fontainebleau en 1762 et de Paris en 1763 avaient réduit son emprise territoriale au profit des Anglais et des Espagnols, mais le traité franco-espagnol de San Ildefonso de 1800 permet aux Français de reprendre pied en Amérique.

Alors pourquoi vendre le joyau américain en 1803 ? Quelles intentions de l'empereur Napoléon ? Quelle conséquence locale de cette cession ? Nous vous laissons en débattre !

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Message Publié : 11 Avr 2022 14:38 
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Salluste
Salluste

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Une première explication serait que la Louisiane était indéfendable en temps de guerre avec l'Angleterre et créait des tensions à plus ou moins long termes avec les Etats Unis, voire même entre les deux pays. Jefferson le disait: la France de retour sur le continent américain: les USA sont liés au RU et à la Royal Navy.
Une deuxième explication serait que le 1° Consul ne voyait pas l'intérêt économique d'une telle colonie, supposée moins rentable que les Antilles.


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Message Publié : 11 Avr 2022 15:14 
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Inscription : 04 Déc 2011 22:26
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Localisation : Paris
A priori, les premières négociations seraient liées à un envoi de troupes françaises à La Nouvelle Orléans en 1801... qui auraient inquiété les autorités américaines ! S'agirait-il des préparatifs de l'expédition de Saint-Domingue de février 1802 ?

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Message Publié : 11 Avr 2022 15:28 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 16 Déc 2006 15:45
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Et en pratique, quelle part du territoire était effectivement contrôlé par la France? J'ai souvenir que de nombreuses localités sont passées directement d'un contrôle espagnole à un contrôle américain


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Message Publié : 11 Avr 2022 18:51 
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Inscription : 20 Juin 2003 22:56
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Localisation : Provinces illyriennes
Une volonté de Bonaparte d'avoir auprès de Washington un crédit important - sans forcément aller jusqu'à l'alliance - dans l'optique d'un conflit forcément long avec l'Angleterre ?

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Message Publié : 11 Avr 2022 22:40 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Petite chronologie :

22 juillet 1800 : Bonaparte écrit à Talleyrand afin de donner à l’ambassadeur de France à Madrid les pouvoirs pour conclure un traité où la Louisiane serait cédée par l’Espagne.
1er octobre 1800 : traité de San Ildefonso, l’Espagne s’engage à rétrocéder la Louisiane à la France, six mois après avoir procurer un agrandissement de territoire à l’infant duc de Parme.
9 février 1801 : traité de Lunéville. Le grand-duché de Toscane est donné à l’infant duc de Parme.
21 mars 1801 : traité d’Aranjuez. La France obtient le duché de Parme et le grand-duché de Toscane est donné au prince de Parme, appelé à devenir roi.
29 mars 1801 : l’ambassadeur américain à Londres transmet à Washington une copie du traité secret de San Ildefonso.
1er juillet 1801 : le roi et la reine d’Etrurie quittent Paris pour prendre possession de leurs états.
27 juillet 1801 : Bonaparte écrit à Talleyrand de demander l’autorisation à la cour d’Espagne d’entrer en possession de la Louisiane (sous prétexte que le roi d’Etrurie n’est pas encore reconnu par toutes les puissances et que la France exerce encore un contrôle sur ce territoire, le roi d’Espagne ajournera sa décision jusqu’en octobre 1802).
12 août 1801 : le roi et la reine d’Etrurie font leur entrée à Florence.
15 octobre 1801 : Bonaparte renouvelle ses demandes à Talleyrand, exigeant que l’Espagne respecte ses engagements.
1er décembre 1801 : Bonaparte renouvelle auprès de Talleyrand ses demandes des 27 juillet et 15 octobre précédents.
3 décembre 1801 : le chancelier d’état aux affaires étrangères, Livingston, débarqué à Lorient le 12 novembre précédent, arrive à Paris afin d’obtenir de plus amples informations sur la question de la cession.
5 décembre 1801 : Talleyrand rencontre Livingston et nie les stipulations supposées du traité de San Ildefonso.
25 mars 1802 : traité de paix d’Amiens.
21 avril 1802 : Bonaparte renouvelle auprès de Talleyrand ses demandes vis-à-vis de la cession de la Louisiane.
4 juin 1802 : Bonaparte fait savoir à Decrès qu’une expédition dont le but est la prise de possession de la Louisiane (« dans le plus court délai ») se fasse dans « le plus grand secret » à partir d’Anvers ou de Flessingue.
25 juillet 1802 : Bonaparte, l’expédition devant partir à la fin de la saison, écrit à d’Hauterive (remplaçant Talleyrand souffrant) afin d’obtenir le plus tôt possible les lettres pour entrer en possession de la Louisiane.
20 août 1802 : Laussat est nommé préfet colonial de la Louisiane.
24 août 1802 : Bonaparte fait savoir à Decrès qu’il désire que l’expédition parte fin septembre.
29 août 1802 : Bonaparte évoque dans une lettre au roi d’Etrurie la possibilité d’augmenter son royaume des duchés de Parme, Plaisance et Guastalla en échange de la réunion de la Floride à la Louisiane.
11 septembre 1802 : Victor est nommé commandant de l’expédition.
15 octobre 1802 : le roi d’Espagne autorise le marquis de Sommoreolos, capitaine général de Cuba, à mettre Victor en possession de la Louisiane.
30 novembre 1802 : Laussat reçoit l’ordre de rejoindre le corps expéditionnaire de Victor.
7 décembre 1802 : Decrès écrit au marquis de Sommoreolos pour l’avertir des nominations de Victor et de Laussat, et du départ prochain de ce dernier.
Hiver 1802-1803 : les glaces bloquent les navires de l’expédition.
10 janvier 1803 : Laussat, ayant finalement reçu l’ordre de filer directement vers la Louisiane, quitte Rochefort. Jefferson annonce à Monroë qu’il est nommé pour négocier en France la cession de la Nouvelle-Orléans.
18 février 1803 : entretien orageux entre Bonaparte et l’ambassadeur anglais Withworth sur la non-évacuation de Malte.
8 mars 1803 : départ de Monroë. L’Angleterre, avançant des mesures de précautions face à la France, vote des crédits à l’armée.
13 mars : violente scène aux Tuileries entre Bonaparte et Withworth.
10 avril 1803 : Bonaparte confie à Barbé-Marbois son souhait de céder la Louisiane aux Etats-Unis.
11 avril 1803 : Bonaparte donne l’ordre à Barbé-Marbois d’entrer en négociation avec Livingston.
12 avril 1803 : arrivée de Monroë à Paris.
23 avril 1803 : projet de convention relative à la cession de la Louisiane aux Etats-Unis.
26 avril 1803 : Withworth présente l’exigence de l’Angleterre de garder Malte pour dix ans et que la France évacue la Hollande et la Suisse.
30 avril 1803 : Traité de cession de la Louisiane.
2 mai 1803 : Talleyrand fait savoir à Withworth que la note du 26 avril n’est pas acceptable.
3 mai 1803 : Decrès écrit à Victor pour lui annoncer l’annulation de l’expédition.
8 mai 1803 : signature du traité du 30 avril.
10 mai 1803 : Withworth remet d’ultimes propositions dans la même veine que celles du 26 avril.
12 mai 1803 : Withworth obtient ses passeports et quitte Paris.
16 mai 1803 : embargo anglais sur les navires français et hollandais.
17 mai 1803 : Withworth débarque en Angleterre.
18 mai 1803 : l’ambassadeur français à Londres quitte l’Angleterre.
22 mai 1803 : ratification du traité du 30 avril. Arrêté ordonnant de courir sus à tout bâtiment anglais et de faire prisonnier tous les Anglais enrôlés dans la milice, actuellement en France.
5 juin 1803 : Decrès écrit à Laussat pour lui signifier qu’il est chargé de prendre possession de la Louisiane en vertu du traité de San Ildefonso.
6 Juin 1803 : Decrès transmet le traité du 30 avril à Laussat et lui annonce qu’il est chargé de remettre la Louisiane aux autorités américaines.
5 juillet 1803 : l’envoyé de Livingston, Jay, débarque aux Etats-Unis avec le traité de Paris.
14 juillet 1803 : arrivée du traité à Washington.
6 août 1803 : Laussat reçoit par voie de presse la nouvelle (à laquelle il ne croit pas) de la cession de la Lousiane.
19 août 1803 : Laussat est averti officiellement de la cession par le consul américain à la Nouvelle-Orléans.
Début septembre 1803 : l’ambassadeur Espagnol aux Etats-Unis dénonce le traité du 30 avril.
7 octobre 1803 : Laussat reçoit les lettres de Decrès des 5 et 6 juin.
20 octobre 1803 : le Sénat américain approuve le traité du 30 avril.
21 octobre 1803 : Jefferson ratifie le traité. L’ambassadeur français Pichon et Madison échangent les ratifications.
29 octobre 1803 : la Chambre des Représentants approuve le traité du 30 avril.
24 novembre 1803 : Laussat est averti de la ratification américaine.
30 novembre 1803 : la Louisiane est rétrocédée à la France.
18 décembre 1803 : le commissaire américain Claiborne, arrivé la veille, s’entretient avec Laussat pour s’accorder sur les modalités de la cession.
20 décembre 1803 : Claiborne prend possession de la Louisiane.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 11 Avr 2022 23:01 
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Localisation : Provinces illyriennes
Petite carte de la Louisiane entre 1760 et 1803 :
Image

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Message Publié : 12 Avr 2022 8:49 
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En fait, la question des frontières de la Louisiane "française" a été l'objet d'un long différend entre les Etats-Unis et l'Espagne. A l'ouest, la frontière n'est pas claire parce que les territoires sont inconnus donc le président Jefferson lance plusieurs missions : la mission Lewis et Clark en 1804, qui remonte le Mississippi, la mission Red River en 1806, dans la région éponyme, et la mission Pike en 1806, qui suit la rivière Arkansas.

En 1819, le traité Adams-Onis définit la nouvelle frontière (en rouge sur cette carte) :

Image

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Message Publié : 12 Avr 2022 14:33 
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Localisation : Paris
Ce qui est assez étonnant dans la chronologie (merci encore à Cyril Drouet), c'est de voir que Napoléon a réclamé avec insistance cette cession de la Louisiane en 1800-1801... avant de l'abandonner en 1803.

Comment comprendre ce changement de pied ? Au regard de l'évolution des guerres en Europe continentale ?

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Message Publié : 12 Avr 2022 15:15 
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Peut être a t'il compris que ce territoire était indéfendable.

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Message Publié : 12 Avr 2022 22:13 
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Localisation : Provinces illyriennes
Effectivement et il pouvait ainsi tenter de se rapprocher des E.-U. (après un conflit naval larvé), tout en obtenant une somme d'argent conséquente qui lui permettait de financer la guerre qui venait de reprendre contre l'Angleterre.

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Message Publié : 13 Avr 2022 9:12 
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On se fait un Kickstarter et on la rachète ?


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Message Publié : 13 Avr 2022 13:46 
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Fustel de Coulanges
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Un témoignage intéressant sur la prise de décision de céder la Louisiane, celui de Barbé-Marbois (Histoire de la Louisiane et de la cession de cette colonie par la France aux États-Unis de l'Amérique septentrionale) :

« Le 10 avril 1803, dimanche de Pâques, après avoir donné son temps à la solennité du jour et aux exigences du cérémonial, il appela [Barbé-Marbois et Decrès], et leur parlant avec cette véhémence et cette passion qu'il portait surtout dans les affaires politiques.
« Je connais tout le prix de la Louisiane, dit-il, et j'ai voulu réparer la faute du négociateur français qui l'abandonna en 1763. Quelques lignes d'un traité me l'ont rendue, et à peine je l'ai recouvrée que je dois m'attendre à la perdre. Mais si elle m'échappe, elle coûtera plus cher un jour à ceux qui me forcent à m'en dépouiller qu'à ceux à qui je veux la remettre. Les Anglais ont successivement enlevé à la France, le Canada, l’Ile-Royale, Terre-Neuve, l'Acadie, les plus riches parties de l'Asie. Ils travaillent et agitent St.-Domingue. Ils n'auront pas le Mississipi qu'ils convoitent. La Louisiane n'est rien en comparaison de leurs agrandissements partout le globe, et cependant la jalousie que leur cause le retour de cette colonie sous la domination française, m'annonce qu'ils veulent s'en emparer, et c'est ainsi qu'ils commenceront la guerre. Ils ont vingt vaisseaux dans le golfe du Mexique, ils parcourent ces mers en souverains; tandis que nos affaires à St-Domingue empirent chaque jour depuis la mort de Leclerc. La conquête de la Louisiane serait facile s'ils prenaient seulement la peine d'y descendre. Je n'ai pas un moment à perdre pour la mettre hors de leur atteinte. Je ne sais s'ils n'y sont pas déjà. C'est leur usage; et pour moi, si j'étais à leur place, je n'aurais pas attendu. Je veux, s'il en est encore temps, leur ôter jusqu'à la pensée de posséder jamais cette colonie. Je songe à la céder aux États-Unis. A peine même pourrai-je dire que je la leur cède, car elle n'est point encore en notre possession. Pour peu que je laisse de temps à nos ennemis, je ne transmettrai qu'un vain titre à ces républicains dont je recherche l'amitié. Ils ne me demandent qu'une ville de la Louisiane; mais je considère déjà la colonie comme perdue tout entière, et il me semble que dans les mains de cette puissance naissante elle sera plus utile à la politique, et même au commerce de la France, que si je tentais de la garder. Dites-m'en l'un et l'autre votre pensée ?»

L'un de ces deux ministres avait servi dans l'armée auxiliaire envoyée par la France aux États-Unis pendant leur révolution. L'autre avait, pendant dix ans, rempli des fonctions publiques, soit comme secrétaire de la légation française, prés du congrès, soit comme administrateur de Saint-Domingue.
« Il ne faut pas hésiter, dit ce dernier, à faire le sacrifice de ce qui va nous échapper. La guerre contre l'Angleterre est inévitable; pourrons-nous défendre la Louisiane contre cette puissance avec des forces navales très inférieures ? Les États-Unis, justement mécontents de nos procédés, ne nous offrent pas un seul havre, pas un asile en cas de revers. Ils viennent, il est vrai, de se réconcilier avec nous, mais ils sont en querelle avec le Gouvernement espagnol, et ils menacent la Nouvelle-Orléans dont nous n'aurons qu'un moment la possession. Au temps de la découverte de la Louisiane, elle n'eut que des voisins aussi faibles qu'elle: aujourd'hui ils sont puissants et elle est encore dans l'enfance. Le pays est à peine habité, vous n'y avez pas cinquante soldats. Où sont vos moyens d'y envoyer des garnisons ? Pourrons-nous relever les fortifications ruinées, construire une longue chaîne de forts sur une frontière de 400 lieues ? Si l'Angleterre vous laisse entreprendre ces choses, c'est parce qu'elles tariront vos ressources, et elle vous verra avec une joie secrète vous épuiser par des efforts qui ne profiteront qu'à elle. Vous enverrez une escadre; mais, pendant qu'elle traversera les mers, la colonie aura succombé et l'escadre à son tour sera en péril. La Louisiane est ouverte aux Anglais, du côté du nord, par les grands lacs; et si, au midi, ils se montrent aux embouchures du fleuve, la Nouvelle-Orléans tombera aussitôt en leur pouvoir. Qu'importe aux habitants à qui ils resteront soumis si leur pays ne doit pas cesser d'être une colonie ? Cette conquête serait encore plus facile aux Américains ils arrivent au Mississipi par plusieurs rivières navigables, et pour être maîtres du pays, il leur suffira d'y entrer. L'un de ces deux voisins croît chaque jour en industrie et en population, et l'autre a des moyens maritimes suffisants pour s'emparer de tout ce qui peut agrandir son commerce. La colonie existe depuis plus d'un siècle, et malgré des efforts et des sacrifices de tout genre, les derniers recensements attestent sa faiblesse.
Si devenue une colonie française, elle prend des accroissements et de l'importance, il y aura dans sa prospérité même un germe d'indépendance qui ne tardera pas à se développer. Plus elle fleurira, moins nous aurons de chances de la conserver. Rien n'est plus incertain que le sort à venir des colonies des Européens en Amérique. Le droit exclusif que les métropoles exerçaient sur ces établissements éloignés est de jour en jour plus précaire. Les peuples sont comme humiliés d'être dans la dépendance d'un petit pays d'Europe et s'en affranchissent aussitôt qu'ils ont le sentiment de leur force.
Les Français ont tenté d'établir des colonies dans diverses parties du continent de l'Amérique. Partout leurs essais ont avorté. Les Anglais sont patients, laborieux; ils ne redoutent point la solitude et le silence des pays nouvellement défrichés. Le Français, spirituel, actif, veut de la société il aime à s'entretenir avec des voisins. Il se livre volontiers à des essais; mais, au premier contre-temps, il quitte la bêche ou la hache pour devenir chasseur. »

Le premier consul, interrompant ce discours, demanda comment il se faisait que les Français, incapables de réussir dans une colonie continentale, eussent toujours fait des progrès dans les Antilles.
« C'est, lui dit le ministre, parce que les esclaves font tout le travail. Les blancs, que le climat et la chaleur épuiseraient bientôt, ont toujours la vigueur de tête et de corps nécessaire pour diriger. »
-Je suis de nouveau, dit le consul, irrésolu touchant le maintien ou l'abolition de l'esclavage. Par qui la terre est-elle cultivée à la Louisiane ?
-L'esclavage, dit le ministre, a peuplé la Louisiane de la moitié de ses habitants. On a commis une imprudence inexcusable en donnant soudainement aux esclaves de St.-Domingue une liberté à laquelle ils n'avaient pas été préparés. Les blancs et les noirs ont été victimes de cette grande faute. Mais, sans examiner aujourd'hui comment il conviendra de la réparer, reconnaissons que les colonies où l'esclavage est conservé sont plutôt à charge qu'utiles à la France. En même temps, néanmoins, gardons-nous de les abandonner elles n'ont pas les moyens de se gouverner elles-mêmes. Les créoles sont Français, ils ont été encouragés à ces cultures, à ce régime qui fait aujourd'hui leur malheur. Préservons-les de nouvelles calamités. C'est à nous à pourvoir à leur défense, à l'administration de la justice et aux soins du gouvernement. Mais à quoi bon vous jeter dans des embarras encore plus grands à la Louisiane. Vous y mettriez les lois coloniales incessamment aux prises avec celles de la métropole. De tous les fléaux qui ont affligé l'espèce humaine, l'esclavage est le plus détestable mais l'humanité même exige de grandes précautions dans l'application du remède, et vous ne pourrez l'appliquer si la Louisiane redevient française. Les gouvernements résistent encore à demi à l'émancipation ils tolèrent en secret ce qu'ils condamnent ostensiblement, et ils sont eux-mêmes embarrassés de la fausse position dans laquelle ils se trouvent. La disposition générale des esprits est favorable à l'affranchissement c'est en vain que les colons et les planteurs veulent aller à l'encontre d'un mouvement que la raison publique approuve. L'occupation de la Louisiane, colonie à esclaves, nous causera plus de dépenses qu'elle ne nous donnera de profits.
Mais il est un autre genre de servitude dont cette colonie a perdu l'habitude, c'est celle du régime exclusif. Espérez-vous le rétablir dans un pays qui confine à celui où le commerce jouit de la plus grande liberté ? Le règne des lois prohibitives est fini quand une population nombreuse a résolu d'en secouer le joug. D'ailleurs les produits, si longtemps possédés exclusivement par quelques peuples commerçants, cessent d'être privilégiés. On cultive partout la canne à sucre et le caféier, et on les cultive à peu de frais. Chaque peuple entend récolter pour son propre compte toutes les denrées propres à son territoire et à son climat. Il y a sur le globe, entre les tropiques, des terres mille fois plus étendues que nos îles, et susceptibles des mêmes cultures. Le monopole est devenu impossible quand les produits sont aussi multipliés, et les Louisianais ne souffriront pas qu’il enchaîne leur commerce. Voudrez-vous, à main armée, dompter les résistances ? Les mécontents trouveront de l’appui dans le voisinage, et vous rendrez ennemis de la France les Etats-Unis, avec lesquels des intérêts réciproques doivent nous lier pour des siècles. N'espérez aucun attachement des Louisianais pour votre personne. Ils rendent hommage à votre renommée, à vos exploits; mais l'amour des peuples n'est que pour les princes qu'ils regardent comme les auteurs de leur félicité, et quelle que soit votre sollicitude à cet égard, elle sera longtemps et peut-être à jamais stérile. Ces colons ont perdu le souvenir de la France; ils sont de trois ou quatre nations différentes, et à peine regardent-ils la Louisiane comme une patrie. Des lois qui varient sans cesse; des chefs qui ne peuvent connaître ceux qu'ils vont gouverner et qui n'en sont pas connus; des changements opérés au gré des intérêts mobiles de la métropole ou de l'inexpérience des ministres; le danger continuel de devenir parties belligérantes dans des querelles qui leur sont réellement étrangères, telles sont les causes qui, depuis cent ans, ont éteint dans les cœurs tout sentiment d'affection envers des maîtres éloignés de deux mille lieues, qui les échangeaient ou se les transmettaient comme un effet de commerce. Pour qu'il existe une patrie et des citoyens, il faut qu'au sentiment du bien-être se joigne la certitude de sa stabilité. Les Louisianais, en apprenant qu'ils redevenaient Français, se sont dit : Ce changement n’aura pas plus de durée que les autres. Citoyen Consul, vous qui, par un des premiers actes de votre gouvernement, avez assez fait voir l’intention de donner ce pays à la France, si vous renoncez à le garder, il n’y a personne qui ne convienne que vous ne faites que céder à la nécessité, et bientôt nos commerçants eux-mêmes reconnaîtront que la Louisiane libre leur offre plus de chances de profit que la Louisiane soumise au monopole. Des comptoirs sont aujourd'hui préférables à des colonies, et même, à défaut de comptoirs, laissez faire le commerce. »

L'autre ministre fut d'un avis entièrement opposé.
« Nous sommes encore en paix avec l'Angleterre, dit-il, la colonie vient de nous être cédée, il dépend du premier consul de la conserver. Il ne serait pas de sa sagesse d'abandonner, dans la crainte d'un danger douteux, le plus important établissement que nous puissions former hors de France, et de nous en dépouiller sans autre cause que la possibilité d'une guerre : autant et mieux vaudrait qu'elle nous fût enlevée par les armes. Si la paix est maintenue, la cession ne pourra être justifiée, et cet acte prématuré d'une inquiétude mal fondée, sera le sujet des plus vifs regrets. La conservation sera au contraire pour le commerce et la navigation une ressource d'un prix inestimable, et dans nos provinces maritimes le sujet d'une joie universelle. Les avantages que nous avons retirés des colonies sont encore présents à tous les esprits. Dix villes florissantes ont été créées par ce commerce; et cette navigation, cette opulence, ce luxe qui embellissent Paris, sont les effets de l'industrie coloniale. Point de marine sans colonies; point de colonies sans une marine puissante. Le système politique de l'Europe ne se conserve que par une résistance habilement combinée de plusieurs contre un seul. Elle est nécessaire à la mer comme à la terre, si on ne veut subir la tyrannie d'une domination universelle du commerce et la perte des avantages immenses d'une navigation libre. Vous ne la subirez point, vous ne reconnaîtrez point par votre résignation que l'Angleterre est maîtresse souveraine des mers, qu'elle y est invulnérable et qu'on ne peut posséder des colonies que sous son bon plaisir. Ce n'est pas à vous qu'il convient de redouter les rois d'Angleterre. S'ils s'emparaient de la Louisiane, comme on voudrait vous le faire craindre, le Hanovre serait aussitôt dans vos mains un gage certain de restitution. La France privée de sa marine et de ses colonies, est dépouillée de la moitié de sa splendeur et d'une grande partie de sa force. La Louisiane peut nous dédommager de toutes nos pertes. Il n'existe pas sur le globe un seul port, une seule ville susceptible de devenir aussi importants que la Nouvelle-Orléans; et déjà le voisinage des États de l'Amérique en fait une des plus commerçantes du monde. Le Mississipi n'y arrive qu'après avoir reçu vingt autres rivières, dont plusieurs surpassent en grandeur les plus beaux fleuves de l'Europe. Le pays est enfin connu, les principales découvertes sont faites, les dépenses n'ont pas été épargnées, l'Espagne surtout en a fait de grandes. Des forts existent, des terres fertiles et propres aux plus riches cultures sont déjà en plein rapport; d'autres n'attendent que des bras, et cette colonie ouverte à l'activité des Français les dédommagera bientôt de la perte de l'Inde.
Le climat est le même que celui de l’Indostan, et il n'y a que le quart du chemin. La navigation aux Indes, en doublant le Cap de Bonne-Espérance, a changé la marche du commerce de l'Europe et ruiné Venise et Gênes. Que sera-ce si l'isthme de Panama, si un simple canal s'ouvre un jour pour passer d'un océan dans l'autre ? Alors la révolution qu'éprouvera la navigation sera encore plus grande et le tour du monde deviendra plus facile que les grands voyages d'aller et de retour qu'on fait aujourd'hui. La Louisiane sera sur cette route nouvelle et on reconnaîtra que cette possession est d'un prix inestimable.
Un pays sans limites est à nous, et les sauvages n'y ont qu'un droit imaginaire. Ils parcourent de vastes déserts, l'arc en main, à la poursuite des bêtes fauves. Mais l'état social veut qu'on possède, et ces chasseurs errants ne sont point des propriétaires. Le sauvage n'a droit qu'à sa subsistance et nous y pourvoirons à peu de frais.
Toutes les productions des Antilles conviennent à la Louisiane. Cette variété de produits a déjà introduit de grands capitaux dans ces contrées si longtemps désolées et désertes. S'il faut renoncer à Saint-Domingue, elle nous en tiendra lieu. Considérez aussi les maux qu'elle peut nous faire si elle devient notre rivale pour les cultures, dont nous avons depuis si longtemps le privilège. On a tenté d'y introduire la vigne, l'olivier, le mûrier, et ces essais, que l'Espagne n'a pu empêcher, n'ont que trop bien réussi. Si la colonie devient libre, il faut que la Provence, que nos riches vignobles se préparent à la concurrence redoutable d'un pays neuf et sans limites. Si, au contraire, elle est soumise à nos lois, toute culture nuisible aux nôtres sera prohibée.
Il faut, pour l'avantage de l'Europe même, que la France soit riche. Aussi longtemps qu'elle a partagé avec l'Angleterre le commerce de l'Amérique et de l'Asie, les princes, les cabinets qui consentaient à être soudoyés, profitaient de l'enchère que l'une mettait sur l'autre. Quelle différence pour tous, s'il n'y avait plus de concurrence et si l'Angleterre réglait seule ce tarif de l'amitié entre les princes ! Seule riche elle ferait seule la loi.
Enfin, la France, après ses longues agitations a besoin d'une telle colonie pour sa pacification intérieure, elle sera pour notre pays ce que furent pour l'Angleterre, il y a un siècle, les plantations que les émigrés des trois royaumes ont élevées à un si haut degré prospérité; elle sera l'asile de nos dissidents politiques et religieux; elle guérira une partie des maux que la révolution a faits, et conciliateur suprême de tous les partis qui nous divisent, vous y trouverez ces remèdes que vous cherchez avec tant de sollicitude. »

Le premier consul mit fin à la conférence sans faire connaître ses intentions. La délibération s'était prolongée jusque dans la nuit. Les ministres la passèrent à Saint-Cloud, et le lendemain, dès la pointe du jour, il appela celui qui avait conseillé de céder la Louisiane et lui fit lire des dépêches arrivées de Londres. Son ambassadeur l'informait qu'il y avait des préparatifs et une activité extraordinaires pour tout ce qui se rapportait à la guerre, soit de terre, soit de mer.
« Les Anglais, dit Napoléon, me demandent Lampédouse qui ne m'appartient pas, et en même temps ils veulent garder Malte pendant dix ans. Cette île où le génie militaire a épuisé toutes les ressources de la défense des places dans une perfection qu'on ne peut concevoir si on ne l'a vue, serait pour eux un autre Gibraltar. La leur laisser, serait leur livrer le commerce du Levant, et en dépouiller mes provinces méridionales. Ils veulent garder cette possession et que j'évacue immédiatement la Hollande.
Les incertitudes et la délibération ne sont plus de saison. Je renonce à la Louisiane. Ce n'est point seulement la Nouvelle-Orléans que je veux céder, c'est toute la colonie sans en rien réserver. Je connais le prix de ce que j'abandonne, et j'ai assez prouvé le cas que je fais de cette province, puisque mon premier acte diplomatique avec l'Espagne a eu pour objet de la recouvrer. J'y renonce donc avec un vif déplaisir. Nous obstiner à sa conservation serait folie. Je vous charge de négocier cette affaire avec les envoyés du congrès. N'attendez pas même l'arrivée de M. Monroe. Abouchez vous dès aujourd'hui avec M. Livingston; mais j'ai besoin de beaucoup d'argent pour cette guerre, et je ne voudrais pas la commencer par de nouvelles contributions. Il y a cent ans que la France et l'Espagne font à la Louisiane des dépenses d'amélioration dont le commerce ne les a jamais indemnisées. Des sommes ont été prêtées aux Compagnies, aux agriculteurs, et elles ne rentreront jamais au trésor. Le prix de toutes ces choses nous est bien dû. Si je réglais mes conditions sur ce que ces vastes territoires vaudront aux États-Unis, les indemnités n'auraient point de bornes. Je serai modéré en raison même de l'obligation où je suis de vendre. Mais retenez bien ceci Je veux cinquante millions, et à moins de cette somme, je ne traiterai pas; je ferais plutôt quelque tentative désespérée pour garder ces belles contrées. Vous aurez demain vos pleins pouvoirs. »

Le nouveau plénipotentiaire fit en ce moment quelques observations générales sur la cession des droits de souveraineté et sur l'abandon de ce que les Allemands appellent les ames, comme si elles pouvaient être l'objet d'un contrat de vente ou d'échange. Il eut pour réponse
« Voilà bien dans toute sa perfection l'idéologie du droit de la nature et des gens. Mais il me faut de l'argent pour faire la guerre à la nation qui en a le plus. envoyez votre doctrine à Londres; je suis sûr qu'elle y sera le sujet d'une grande admiration, et cependant on n'y regarde pas de fort près quand il s'agit de s’emparer des plus belles contrées de l’Asie.
Peut-être aussi m'objectera-t-on que les Américains pourront être trouvés trop puissants pour l'Europe dans deux ou trois siècles mais ma prévoyance n'embrasse pas ces craintes éloignées. D'ailleurs on peut s'attendre pour l'avenir à des rivalités dans le sein de l'Union. Les confédérations qu'on appelle perpétuelles ne durent qu'autant qu'un des contractants ne trouve pas son compte à les rompre, et c'est aux dangers présents auxquels nous expose la puissance colossale de l'Angleterre, que je veux porter remède. »

Le négociateur désigné ne répliqua point. Le premier consul continua ainsi « M. Monroe est sur le point d'arriver. Ce ministre partant pour aller à deux mille lieues de ses commettants, le président a dû, après avoir défini l'objet de sa mission, lui donner des instructions secrètes plus étendues que l'autorisation ostensible du congrès pour les paiements à stipuler. Ni ce ministre, ni son collègue ne s'attendent à une résolution qui surpasse infiniment ce qu'ils vont nous demander. Commencez sans détour par leur en faire l'ouverture. Vous m'informerez jour par jour, heure par heure des progrès que vous ferez. Le cabinet de Londres est instruit des résolutions prises à Washington, mais il ne peut se douter de celle que je prends.
Observez te plus grand secret, et recommandez-le aux ministres américains, ils n'y ont pas moins d'intérêt que nous. Vous correspondrez avec M. de Talleyrand, qui seul connaît mes intentions. Si je l'en croyais, la France bornerait son ambition à la rive gauche du Rhin et ne ferait la guerre que pour protéger les faibles et pour n'être jamais démembrée. Mais il reconnaît aussi que la cession de la Louisiane n'est pas un démembrement de la France. Tenez-le informé des progrès de cette affaire. »

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 13 Avr 2022 16:23 
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Inscription : 20 Juin 2003 22:56
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Localisation : Provinces illyriennes
Merci Cyril pour ces éléments. Visiblement, ne pas pouvoir défendre cette colonie contre les Anglais et l'argent qu'elle pourrait apporter à la France sont les arguments qui semblent l'avoir emporté, à la grande surprise (hostilité) de ces diplomates.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 13 Avr 2022 18:43 
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Inscription : 10 Fév 2009 0:12
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Je suis frappé par le fait que le premier à parler (le texte est ambigu sur "qui parle en premier") évoque notre faiblesse navale, parmi les raisons qui en rendent la conservation impossible. Deux ans avant Trafalgar !

Et cette évidence, si même on veut négliger les Anglais : "Les Américains n'auraient qu'à y entrer." De fait l'expansion des USA vers l'ouest nous semble aujourd'hui naturelle.

Le second n'évoque que des raisons à long terme pour la conserver, en partant de l'hypothèse qu'il n'y aura pas de guerre avant longtemps. Et parmi ces raisons, la Nouvelle-Orléans destinée à devenir "une des plus grandes villes du monde", ce que la suite - malgré l'ouverture de Panama - n'a pas confirmé. Mais les produits agricoles - surtout exotiques - sont les seuls considérés dans ce raisonnement. La révolution industrielle allait en décider autrement.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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