Même si les historiens adorent fabriquer des périodes, je ne suis pas sûr de la notion de "nouvelle guerre de cent ans". Y a-t-il une volonté exprimée ou des oppositions géopolitiques sur des théâtres d'opération qui ont pu sembler non reliés entre eux ?
Du côté de l'Angleterre, on peut noter une compréhension assez précoce de son intérêt : empêcher l'émergence d'un pouvoir fort en Europe. Du côté français, c'est plus flou et ça ne peut que l'être : la mer et l'empire coloniale ne sont que des sources de revenus incertaines, tandis que les dangers viennent de la terre et des Habsbourgs.
On notera que le pauvre Louis XV, dont on dit pis que pendre, a oeuvré dans la suite Louis XIV qui avait éliminé la menace des Habsbourgs d'Espagne, et éliminé celle des Habsbourgs d'Autriche, d'abord en soutenant la Prusse, puis après les avoir affaibli, en se réconciliant avec eux par un mariage dynastique.
Les notions d'hégémonie mondiale, d'imposer sa culture et sa langue dans tous les pays, sont loin. Les Britanniques acquièrent surtout une capacité de projection de force et de contrôle du commerce grâce à leur flotte. Elle bénéficiera de l'affaiblissement de l'Espagne à qui elle infligera une guerre de course continuelle, et de son alliance avec le Portugal qui lui ouvre les comptoirs de son empire trop étendu en échange de la protection.
FabiusPictor a écrit :
L’émigration des Anglais en Amérique du Nord est aussi un des points clé, les treize colonies comptaient plus d’un million et demi d’habitants au moment de la guerre de 7 ans contre quelques dizaines de milliers pour les colonies françaises. Il me semble que la population française augmente pas mal au cours de ce siècle, pourquoi l’émigration coloniale est si faible alors que les campagnes devaient être plus ou moins surpeuplées et que l’agriculture y était moins productive que sa très commerciale rivale britannique après les « enclosures » ? (Je suis moins sûr de ces deux derniers points donc si vous connaissez le sujet n’hésitez pas à me corriger.)
C'est une différence fondamentale dans la démographie des deux pays : la France est jusqu'au XVIIIe siècle un monstre démographique qui a peu d'émigration car elle nourrit son peuple. Au XIXe siècle, elle va entamer sa transition démographique la première, et donc se faire rattraper par les autres pays.
La Grande Bretagne a non seulement une population en hausse, mais également colonise ses voisins proches : l'Irlande et l'Ecosse, en rôdant des techniques d'exploitation et de contrôles des populations qui seront ensuite appliquées lors de la colonisation. Les Irlandais et Ecossais émigrent en masse, ce qui fournit à la colonisation britannique les effectifs qui feront défaut à la France.