Geopolis a écrit :
C'était un socialisme de façade, pour complaire à l'URSS sur laquelle ces régimes s'alignaient. C'était surtout des mouvements nationalistes, dans la lignée des émancipations nationales européennes des XVIIe-XXIe (disons, des Pays-Bas protestants à l'Ukraine). À la rigueur, un Nasser et les despotes tunisiens étaient de véritables laïcs antireligieux.
Les combats antireligieux syriens ou irakiens visaient surtout les religions de la majorité musulmane ennemie, les sunnites adossés aux Frères musulmans en Syrie et les chiites en Irak. Ils servent donc un projet antilibéral et impérial d'une minorité tribale sur d'autres tribus, y compris démographiquement majoritaires.
En Libye, Khadafi s'appuie sur l'islam comme marqueur "national" (il y a au moins deux ou trois nations à maintenir unifiées dans cet État rassemblé par la colonisation italienne).
En Algérie, les tyrans du FLN "arabisent" et "islamisent" l’État pour marquer l'emprise des soi-disant Arabes-de-pères-en-fils algérois sur le reste du pays (élites non algéroises et l'ensemble des soi-disant lignages patrilinéaires non-arabes, c'est-à-dire berbères). Dans ce pays, l'indépendance tend à instaurer une restauration de l'emprise des lignages arabes inféodés à la suzeraineté ottomane, elle est plus réactionnaire que libérale et ne semble libérale, en fait, qu'en ce qu'elle chasse la suzeraineté française, mais en faveur pour la précédente.
En Algérie, Boumedienne est le chef d'état-major de l'ALN, l'armée de Libération, dont quelques rares combattants survivent dans le bled (après le ratissage monstre du plan Challe) tandis que le gros des forces vit paisiblement en Tunisie et au Maroc, prenant des forces pour occuper paisiblement l'Algérie lorsque les Français auront tombé la barrière électrifiée et minée à la frontière, que l'ALN n'essaie plus de passer depuis des lustres.
Pour lui, qui tient le bras armé du FLN, la posture socialiste permet de dénoncer la direction du FLN, trop coulante avec les Français, et qui souhaite que les techniciens français restent et participent à la modernisation du pays. Lorsque Krim Belkacem, un kabyle, part négocier les accords d'Evian, il est sans illusions : il va ramener l'indépendance, mais sur le reste Boumedienne l'accusera d'avoir trop lâché aux Français.
Ce sera donc le socialisme (dont on sait qu'il fait des miracles économiques et de la luge sans neige) et la guerre civile. (Krim Belkacem mourra assassiné en exil par les nouveaux maîtres de l'Algérie, lui qui avait pris le maquis en premier, et s'était battu comme un lion.)