Oui. Il ne faut pas classer dans la même catégorie les moteurs de fusée et les moteurs à base de produits pétroliers plus ou moins raffinés où le combustible doit se mélanger à l'air.
1. Les V1 et V2 sont des fusées. Il n'y a pas d'entrée d'air. A partir des V1, on a pu extrapoler le principe aux avions-fusées. Ces avions-fusées ont connu leur heure de gloire dans les années 40 et 50, non en combat mais en expérimental pour les records d'altitude et de vitesse. C'est grâce aux avions-fusées que l'on a passé le mur du son en premier (1947, Chuck Yeager). Le principe de ces avions pilotés non-autonomes est qu'ils étaient attachés sous le ventre d'un gros bombardier. Le bombardier décolle, le pilote de l'avion-fusée descend dans sa machine, et l'avion-fusée est largué comme une bombe. Il tombe alors et le pilote opère la mise à feu de la fusée, qui commence à propulser l'avion immédiatement à puissance maximale
Deux mots sur la course au supersonique. L'aile delta n'est pas le facteur indispensable, mais plutôt le profil de l'avion. Les premiers avions supersoniques n'étaient pas des ailes delta, mais des fusées avec de petites ailes. Par contre, le
nez de l'avion doit être pointu à vitesse supersonique. A vitesse subsonique, le meilleur profil aérodynamique est arrondi (comme nos avions de ligne actuels).
Le Bell X-1, premier avion supersonique. Notez l'absence d'entrée d'air: c'est un avion-fusée. Notez le nez pointu.
Largage de l'avion-fusée Bell X-1
Les avions-fusée, donc, n'ont pas besoin d'entrée d'air. Ils brûlent leur combustible interne jusqu'à épuisement, puis planent sans combustible en fin de vol, et doivent redescendre, approcher le terrain et atterrir sans moteur. Ceci car il était difficile voire impossible à ces avions de ralentir et d'évoluer à des vitesses basses, une fois le combustible allumé. De plus, il y avait de trop gros risques liés à ce combustible explosif en cas de pépin à l'atterrissage. Le principe du planeur est resté le même jusqu'aux navettes spatiales contemporaines qui atterrissent en planant. (Le process est bien décrit dans le film "Space Cowboys" avec Clint Eastwood.)
A partir des années 50, les moteurs à réaction ont pris la place des avions-fusée dans la course à la vitesse, car ils permettent beaucoup plus de flexibilité des vitesses, un décollage autonome, etc. Le premier
jet supersonique (jet = avion à réaction) est le F-100 super sabre en 1953.
2. le moteur à réaction, donc, a besoin d'entrées d'air pour la turbine. On voit que le Messerschmitt 262 de la fin de la 2GM, un avion subsonique à réaction muni de deux réacteurs, avait un design déjà très moderne.
De même côté anglais, à la fin de la guerre, le Gloster 28:
Parmi les avions à réaction des années 50 on voit beaucoup d'avions dont le nez est "coupé" car c'est l'entrée d'air d'une turbine unique. Le pilote est de fait assis sur la turbine.
F-86 "Sabre" , typique de la guerre de Corée
Dassault Ouragan, France
Ce design a largement été remplacé depuis.