Almayrac a écrit :
Laurent Frédéric a écrit :
Au passage, cela signifie que la situation sécuritaire en Bretagne insulaire est suffisamment sure pour laisser partir des troupes sur le continent, de façon temporaire ou définitive.
La situation sécuritaire devait être sure ??? Abandon de l'ecriture, des villes retour au paganisme c'est Dumezil qui le dit.
Ça ressemble plutot à un sauve qui peut general.
Mon intervention concernait la fin des années 460, avec bien avant la bataille du Mont Badon, un recul des menaces, tant depuis la mer du Nord que la frontière nord.
La position de Dumézil est ici excessive, comme assez souvent. L'abandon de l'écriture, voila un argumentum a silentio, certes on doit moins écrire qu'aux époques antérieures, mais qui écrivait dans la Bretagne des premiers siècles de l'ère chrétienne, les soldats, l'administration impériale, les voyageurs, les pèlerins (on a beaucoup d'
ex voto, notamment à Bath), les membres des élites romanisées, comme partout ailleurs. Par ailleurs, on écrit et on lit encore beaucoup au VIe siècle. Prenez les épitaphes du Sud-ouest de l'île, celle de Penmachno, autour de 600, le dédicant, cousin du défunt, porte le titre de
magister et le défunt est qualifié de
venedotis cives, citoyen du Gwynedd. Au exemple, le sermon de Gildas nommé
De excidio Britanniae, rédigé autour de 540/550 sans doute dans l'île même, les emprunts aux auteurs antiques abondent : Virgile, Lucain, Rufin-Eusèbe, Orose, Sulpice Sévère, etc... Preuve qu'il existait encore des bibliothèques (sans doute monastiques) plus d'un siècle après le départ de l'administration romaine.
Le sauve qui peut général concerne étrangement les habitants des rives de la mer d'Irlande, aucun hagiographe breton ne donne une origine orientale à un saint. Il doit exister qu'une seule exception. Curieux paradoxe. Donc, soit les saints fuient la piraterie irlandaise ; soit les auteurs de ces textes ont une connaissance partielle de la géographie bretonne et évoquent uniquement les contrées qui leur est familière aux IXe-XIe siècles, période de mise par écrit des textes qui nous sont parvenus. Ce qui parait peut probable dans la mesure où les élites bretonnes tant laïques que religieuses ont massivement émigrées en Angleterre au Xe siècle, fuyant les Scandinaves.
Concernant le retour au paganisme, il faut constater que la Christianisation est encore certainement très superficielle, notamment dans les campagnes, comme en Gaule. La
Vie de Samson https://www.persee.fr/doc/sohim_0398-3811_1997_edc_28_1, évoque des courses équestres à proximité d'un sanctuaire païen, manifestement fermé en application de la législation de Théodose.
s'agissant de l'effondrement de la vie et de la culture urbaine, ce phénomène est également attesté en Gaule à la différence que les cités gauloises ne se livrent pas à des guerres entre elles, comme l'atteste le
Y Gododdin.
Mais nous éloignons du sujet initial.