A 25 a écrit :
Aujourd'hui Belfort est absurdement rattaché à la région Bourgogne Franche-Comté...
L’absurdité n’est pas évidente. Belfort n’ayant pas été cédé à l’Allemagne en 1871, il est devenu
Arrondissement subsistant du Haut-Rhin puis
Territoire de Belfort en 1922 alors qu’il aurait pu tout aussi bien être fondu dans le département de la Haute-Saône. Puisqu’il n’en a pas été ainsi, mieux valait maintenir ce découpage territorial en 1919. Il aurait été très compliqué de supprimer ce tout petit département pour l’inclure à nouveau dans le département du Haut-Rhin en 1919 ce qui, pour le coup, aurait été véritablement absurde. Ensuite on peut discuter de l’actuelle appartenance à la région Bourgogne-Franche-Comté. D’un point de vue juridique, en raison du maintien d’un droit local en Alsace-Moselle c’est plus cohérent mais d’autres points de vue, notamment économiques, ce ne l’est peut-être pas.
JARDIN DAVID a écrit :
Il me semble que toutes les sources montrent clairement que l'université de Strasbourg repliée (et les administrations départementales) sont des actes d'autorité du régime de Vichy qui vont à l'encontre des directives allemandes. On peut trouver cela modeste, insuffisant, mais cela reste avéré. Ce qui me semble intéressant, c'est de tenter de comprendre pourquoi l'occupant, en position de force, a laissé perdurer cette situation [Administration départementale et université de Strasbourg installée à Clermont-Ferrand].
Il ne s’agit de rien d’autre que du maintien d’une fiction.
De la part de l’Allemagne, on peut donner deux explications. La première est l’intérêt objectif à obtenir la bonne grâce des autorités de Vichy, de la police et des administrations françaises. La seconde est le besoin ressenti à suivre des procédures et à donner des justifications pseudo-juridiques. Sur ce dernier point, on peut relever l’obstination à maintenir une commission d’armistice qui a fonctionné jusqu’en août 1944 ce qui n’avait plus aucun sens.
De la part des autorités de Vichy. On s’est plu à entretenir des illusions. Vichy a ainsi maintenu des préfets qui n’administraient plus rien comme le Saint-Siège continue à nommer des évêques in partibus.
Narduccio a écrit :
Pas mal d'universitaires pensent que celui qui a réalisé l'Alsace "politique" unifié, c'est Vauban.
On peut en effet dater du traité de Westphalie une première entreprise de constitution d’une unité politique de l’Alsace. La tâche a été achevée sous le régime de la République française une et indivisible.
Narduccio a écrit :
Le Reichsland était théoriquement la propriété commune de tous les États allemands et certains souverains ne manquent pas de faire remarquer au gouverneur de l'Alsace-Lorraine qu'ils le considèrent comme leur représentant à eux aussi ; dans les faits, l'influence des princes est nulle, et seule la volonté de l'Empereur compte. Intégré au sein de l'Empire allemand dans un ensemble pangermanique, le Reichsland Elsaß-Lothringen bénéficie d'un statut particulier : il est régi d'abord « directement » par l'Empereur, puis par les organes de l'Empire. Les lois qui concernent cette nouvelle province doivent être votées par le Conseil fédéral. Le land dépendait directement de l’empereur, représenté par un Statthalter (gouverneur).
Cet extrait de l’encyclopédie wikipedia est assez approximatif et ne précise pas quelles sources attestent que certains souverains auraient adressé des doléances au Stathalter. Le Reichsland d’Alsace-Moselle n’appartenait pas véritablement à une entité politique quelconque, ce n’était pas une colonie. C’était un Etat de l’empire dont l’autonomie était réduite du fait que le pouvoir exécutif était exercé par l’empereur en tant que président de la fédération. Dès 1974 il envoyait des députés au Reichstag et la loi constitutionnelle du 31 mai 1911 satisfaisait partiellement aux revendications des autonomistes en disposant notamment formellement que l’Alsace-Lorraine comptait comme Etat confédéré.
Certains souverains de la confédération pouvaient déplorer une tutelle prussienne sur l’Alsace-Lorrane mais cela résultait de la constitution de l’empire qui était antérieure à l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Les Etats confédérés y avaient perdu leur souveraineté. En fait, ils étaient passés eux-mêmes sous la tutelle de la Prusse du fait, entre autres, du pouvoir reçu sans contrepartie par le roi de Prusse de déclarer la guerre. Le royaume de Bavière pouvait ainsi se trouver engagé dans une guerre par la seule volonté du roi de Prusse.
La revendication principale des Alsaciens-Lorrains qui n’a pas été satisfaite était un pouvoir exécutif propre. Les socio-démocrates avaient exprimé le souhait que l’Alsace-Lorraine devînt une république à l’instar des trois villes hanséatiques. Les revendications autonomistes ont continué à être exprimées au Reichstag pendant la guerre. Un député du centre, Erzberger, proposa de faire de l’Alsace-Lorraine un duché ayant un membre de la maison Wittelsbach pour souverain. Aucune suite ne fut donnée à ces propositions. En Prusse, l’idée qui prédominait, chez Hindenburg notamment, était au contraire de mettre fin à l’autonomie de l’Alsace-Lorraine pour en faire une province du royaume de Prusse : l’autonomie ne pouvait que faciliter l’indépendance de l’Alsace-Lorraine ou son retour à la France ce qu’il fallait bien sûr empêcher.