Léonard59 a écrit :
Disons que ce qui change peut-être le plus, c'est l'interprétation des résultats de fouille. Jusqu'à une certaines période, on voyait cela comme un arbre, avec un seul ancêtre commun, "le chaînon manquant" qui donnait naissance à des descendants un peu différents et qui finissaient par devenir une autre espèce. Actuellement, on présente plus cela comme une espèce de buisson où les diverses branches se croisent, s’emmêlent, divergent, se retrouvent, reconvergent, ... Il devient donc plus compliqué de s'y retrouver.
Il y a bien un moment où il y a un ancêtre commun à partir duquel ont divergé d'un côté les différentes variantes d'hominidés et de l'autre les différentes espèces de primates, l'hominidé se différenciant des primates par sa position verticale constante (ce qui, je crois, change le centre de gravité et, par ricochet, l'organisation cérébrale) qui résulte davantage d'une adaptation à son environnement que d'une lubie soudaine ("tiens, et si j'essayais de marcher sur mes deux pattes arrière pour voir ?"). Ensuite, effectivement, c'est un buissonnement d'espèces d'hominidés qui rayonnent sur une grande partie de l'Afrique jusqu'à aboutir au genre
Homo, sans doute en Afrique du Sud avec le gisement de Rising Star. Et à partir de là, nouveau buisson d'espèces d'hommes, cette fois, qui, comme vous le dites, n'ont cessé de se croiser et de se recroiser pendant des centaines de milliers d'années avant de migrer à travers le monde. On parle aussi de populations numériquement plutôt faibles, ce qui explique que les chercheurs aient parfois peine à distinguer une espèce d'une autre.
Léonard59 a écrit :
Le sapiens qui sort d'Afrique serait le fruit de 4 ou 5 pré-sapiens localisés à divers endroits de l'Afrique et qui auraient évolué plus ou moins séparément, mais, avec peut-être toujours quelques contacts plus ou moins marginaux entre les diverses populations. Ce sapiens va s'hybrider avec des néandertaliens, des denivosiens, et peut-être des descendants d'autres groupes asiatiques. Comme je l'ai écrit plus haut, me semble-t-il, la meilleure définition de l'homme moderne serait qu'il s'agit d'un métis fils de métis. La conséquence serait qu'on pourrait jeter aux oubliettes de l'histoire toute idée d'une éventuelle "pureté" de la race originelle
A ceci près que le Sapiens qui sort d'Afrique ne devait pas être génétiquement très éloigné de ses prédécesseurs néandertaliens, denisoviens, etc. pour pouvoir s'hybrider. Et qu'il avait déjà évolué sur ce plan-là lorsqu'il débarque en Europe de l'Ouest il y a 40 000 ans puisque l'hybridation avec Neandertal (qui a sans doute évolué lui aussi de son côté) n'était alors plus possible.
Quant à la pureté de la race originelle... j'ai peine à concevoir que des gens dotés de cette merveilleuse ingénierie qu'on appelle un cerveau puissent encore avoir des certitudes aussi loufoques.
Ce qui est assez curieux, au fond, c'est que toutes les espèces, à l'exception de la nôtre, aient fini par s'éteindre (même si nous avons en Europe quelques gènes de Neandertal et que les Asiatiques en ont quelques uns de Denisova), ce qui ne se produit guère dans le règne animal.