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... Cela non plus n'est pas un simple constat. Il faut le qualifier. Les Musulmans sunnites d'Alger diffèrent des Chiites irakiens dans leurs concepts, et il n'est pas incongru de dire qu'ils partagent aussi (davantage?) leur mode de vie et leur univers mental avec l'Europe méditerranéenne.
Et sur ce point, j'en appelle à mon autre réserve sur l'approche de base : si l'on abordait chaque segment du mode de vie et de l'identité comme une unité indépandante, on pourrait trouver des points de croisement entre n'imorte quel groupe humain sur terre avec n'importe quel autre et, à l'inverse, on pourrait lister toute une série de différences entre les populations de deux arrondissements de Paris. Pour l'exemple, autant dans mon mode de vie que dans le dialecte (arabe je prėcise) pratiquée localement, l'algérois que je suis se trouve être plus proche (et de très loin !) d'un marocain de Casablanca que d'un algérien habitant un douar situé à moins de 40 km d'Alger. Est-ce pour autant que l'algérianité de l'un ou de l'autre serait à "relativiser" ?
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L'arabisation a été une politique développée en Algérie au sortir de la colonisation, après la guerre d'indépendance. Avant, la langue arabe n'était pas enseignée dans les écoles primaires. Il le fut par volonté politique. Il ne devint langue officielle qu'en 1963, et ce fut une volonté politique de le généraliser, au détriment des langues berbères et du français. Pourtant, ni les unes ni l'autre ne se sont éteintes. L'Algérie a fini par reconnaîre le berbère comme langue officielle, qui est davantage parlé que l'Arabe Standard moderne, qui lui reste une langue littéraire, différente de l'arabe parlé. Le français est également parlé couramment, mais n'est pas une langue officielle. Le Maroc a suivi le même chemin.
Bon, j'ėstime que cette partie va nous ėloigner un peu trop du sujet de base, mais je me dois de formuler certaines prėcisions, å savoir :
1. Avant l'indépendance, l'arabe n'était effectivement pas enseigné dans les ėcoles primaires ... françaises. Prėcisons ici que ce fut ausdi par une volonté politique puisque, avant l'invasion du pays et son annexion par la France, l'enseignement existant (aussi rudimentaire qu'il pouvait être) se faisait exclusivement en arabe depuis plus d'un millėnaire. L'arabe est officiellement dėclaré "langue étrangère" en Algérie dans les annėes 1890, mais il ne cessa jamais d'être enseigné dans les ėcoles traditionelles puis, à compter des années 30 et 40, dans tout un rėseau d'ėcoles issues du mouvement associatif "indigène". La volonté politique issue de l'indėpandance ne fut que la consėcration formelle d'un état de fait préexistant et, politiquement parlant, l'abrogation d'une volonté précédente.
2. Affirmer que le "berbère est d'avantage parlé que l'arabe standard" induirait l'idėe qu'il existe une langue berbère unique pratiquée par tous les Berbérophones. Il n'en est rien et le niveau d'intercomprėhension entre divers parlers berbères et même très infėrieur à celui existant entre divers dialectes arabes modernes. Du coup, ce que vous appelez "Berbère" est le fruit d'un éffort de standardisation et de normalisation purement académique, ce qui donne l'équivalent de ce que vous appelez "arabe standard", à la différence que l'un est une reconstitution/crėation et l'autre une conservation/tradition.